Le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, a reconnu que les plaintes des policiers étaient « fondées », à l’issue d’un rapport d’investigation présenté jeudi sur les services payés de la police et qui a concerné 166 structures sur une période de 14 mois (janvier 2016 à février 2017), a-t-on constaté.

« Nous pouvons dire maintenant qu’il y a des plaintes qui étaient fondées », a déclaré M .Compaoré qui pointe du doigt le décret portant fixation d’un montant de rétributions allouées aux prestations de services effectuées par les fonctionnaires de police au profit des particuliers.

« Tout cela est parti d’un texte de 1979 qui est aujourd’hui dépassé et qui a laissé des failles qui ont été retracées avec beaucoup de sincérité par les inspecteurs au niveau de l’inspection générale », a-t-il ajouté.

Selon le rapport, sur 408 institutions financières et hôtelières sécurisées par les différences services de police, 232 contrats sont formellement établis, 2 partiellement signés et 174 inexistants.

Pour ce qui est des sociétés minières, sur 14 contrats, selon le présentateur du rapport, Saidou Zetiyenga, 10 ont des contrats conformes et 4 sans contrats.

De l’enquête, il ressort que les recettes générées par l’ensemble des prestations rétribuées s’élèvent à 2 milliards 166 millions 877 541 FCFA.

Il précise également qu’avant la signature de ces contrats, certains responsables ont pu négocier un certain nombre d’avantages à titre personnel avec les bénéficiaires.

Le montant reparti entre le personnel et le fonctionnement fait 1 milliard 473 millions dont la part affectée au personnel s’élève à 1 milliard 100 millions 20 019 FCFA, soit 74% des recettes ; le reste, 373 millions 166 mille FCFA soit 25%, pour le fonctionnement, précise le rapport.

M. Zetiyenga a révélé que le commissariat de police de Ouagadougou envoie 5% des recettes à la Direction général de la police nationale qui était destinée à l’amicale club de la police nationale qui, aujourd’hui, n’existe plus pour « des œuvres sociales ».

Ce montant qui s’élève à plus 10 millions a été réparti entre le directeur général de la police et ses collaborateurs.

Pour M. Zetiyenga, il y a 131 millions qui ont été versés à 28 personnes dans les 14 mois dont le directeur général de la police qui a reçu plus de 22 millions, son adjoint 14 millions, le directeur de la Sécurité publique, 19 millions, le directeur des Unités d’intervention, 10 millions …

L’exposant a expliqué qu’à ce niveau, « ceux qui font les prestations sont issus du Groupement des compagnies républicaines de sécurité (GRCS). Un certain montant leur est envoyé, sur lequel il a été prélevé des sommes sous le vocable d’action psychologique pour désintéresser les 28 personnes qui ont été citées ».

Le ministre Compoaré a indiqué que des mesures sont déjà prises jusqu’à ce que le gouvernement opine sur un nouveau décret. Et une commission seraégalement mise en place pour capitaliser le travail des inspecteurs techniques.

Le secrétaire générale de l’Union police nationale (UNAPOL), Wakilou Senou, dit avoir un sentiment mitigé à l’issue de ces résultats car le rapport qui a été présenté aurait dû l’être depuis 2011 à cause de « l’injustice » dont leurs camarades radiés ont été victimes.

« Les personnes qui les ont été radiées en 2011 pour ces mêmes pratiques que le ministre de la Sécurité a reconnu ce soir, ces mêmes personnes, jusqu’en 2017, continuent d’exploiter les hommes », a regretté M. Senou.

Agence d’Information du Burkina