Le Directeur provincial de l’Environnement de la Kompienga, Bernard Bingo, a expliqué mercredi au Tribunal de grande instance de Fada N’Gourma, comment il a sauvé certains prévenus, soupçonnés d’avoir orchestré les incendies criminels de Nadiagou, de la vindicte populaire.

Au deuxième jour du procès des manifestants ayant mis à sac le campement du Buffle rouge et du poste forestier de Nadiagou, le dernier contingent de prévenus s’est présenté le mercredi 31 mai 2017 devant le TGI de Fada N’Gourma.

Les prévenus à la barre ont abondé dans le même sens que leurs codétenus qui, la veille, avaient nié les faits avant de les reconnaître.

Le Directeur provincial de l’Environnement de la Kompienga, Bernard Bingo, a souligné qu’il est personnellement intervenu pour sortir certains prévenus des griffes de la vindicte populaire.

« Ils sont là, ils peuvent témoigner. Les populations m’ont clairement dit, DP, laissez-nous les ‘’gerer’’. N’eut été mon intervention, certains seraient morts entre les mains de la population. Avant que vous ne soyez déférés, vous avez dit quoi ? DP, pardonnez-nous ! Mais, ce n’est pas après avoir brûlé qu’on demande pardon », se lâche Bernard Bingo, visiblement sur ses nerfs.

« Comment pouvez-vous identifier formellement ces derniers ? », a voulu savoir un juge. « C’est moi qui ai retiré le bidon d’essence et la machette qu’il portait par devers lui quand il voulait venir brûler la direction provinciale. C’est toi Ouango qui a payé le carburant pour qu’ils se promènent pour brûler. Nous sommes dans un petit coin, on se connait », renchérit M. Bingo.

De la déposition des témoins, il y a eu le gérant de l’hôtel du campement, Yandia Onadja, qui a confessé devant le tribunal que les manifestations n’ont rien épargné dans le campement, excepté la piscine.

« Les gendarmes nous ont alerté qu’ils (jeunes) viennent pour brûler le campement. Nous avons pris un véhicule pour fuir la brousse. A 5 heures du matin, je suis revenu pour trouver qu’ils avaient juste saccagé les cases à l’entrée du campement », poursuit le gérant.

Le chef de poste forestier de Nadiagou, Job Sankara, a relevé que c’est à 19 heures que lui et son équipe ont eu l’information que les frondeurs se mobilisaient pour venir brûler le campement.

« Entre temps, les gendarmes nous ont alertés qu’ils sont débordés et que la foule est armée de machettes, de haches et de bidon d’essence. C’est finalement vers 20 heures que la foule a fait sa descente sur le campement. Nous avons fait un repli de quelques kilomètres derrière le campement sur conseil des pandores », dit Job Sankara.

Avant de poursuivre à l’endroit des juges : « ils ont cassé, volé avant de brûler. 12 armes et une quantité importante de munitions sont portées disparues.

Pour sauver sa vie, l’agent a évacué les lieux avec seulement une Bereta et une Kalachnikov. Même au campement, ils sont partis avec des armes de grande portée », ajoute M. Sankara.

L’avocat de la partie civile, Alexandre Daboné, a souhaité que le tribunal entende d’autres témoins notamment, le chef et l’ancien maire de Pama qui ont joué un rôle important dans l’apaisement des manifestants. Le tribunal a émis aussi le souhait, nonobstant le rapport d’expertise, de se rendre sur les lieux pour mesurer l’ampleur des dégâts. Pour les besoins de la cause, le procès a été suspendu et reprendra le 12 juin 2017.

AIB