Comment peut-on réclamer une dépolitisation des OSC et permettre par derrière le mûr à votre famille politique, le MPP, de créer un département en charge des organisations de la société civile ?

Le vendredi 16 juin 2017, vous avez tenu un dialogue direct avec la composante de la société civile dénommée le Conseil national des organisations de la société civile. Ce dialogue s’est tenu dans le cadre de la deuxième édition des concertations entre le gouvernement et les organisations de la société civile. Dans la dynamique du débat, vous avez donné votre compréhension de la mission que devrait être celle des Organisations de la société civile (OSC) dans un Etat de droit. Tout en saluant le rôle historique joué par les OSC au Burkina Faso, vous avez tenu à faire cette clarification : « Le rôle des OSC, ce n’est pas de faire de la politique ou de créer la division au sein des populations. Je considère que les OSC sont une nécessité. Le gouvernement accepte les critiques. Il n’appartient pas aussi au pouvoir de manipuler les OSC ».
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Votre réponse telle qu’énoncée est limpide et ne peut souffrir d’une contestation particulière. Cependant, la réponse que vous avez donnée est en total déphasage avec deux faits majeurs qui mettent en cause la sincérité de votre compréhension de la mission des OSC. Ces deux faits nous donnent l’impression, nous pouvons bien nous tromper, que vous ne partagez pas totalement la maxime selon laquelle « charité bien ordonnée commence par soi-même ».
Excellence, du 10 au 12 mars 2017, s’est tenu le deuxième congrès ordinaire de votre famille politique, le MPP. A l’issue de ce congrès, il a été procédé au renouvellement du Bureau exécutif du parti qui compte désormais 78 membres. Au sein du nouveau Bureau exécutif, il a été crée les postes de secrétaire chargé des organisations de la société civile et de secrétaire adjoint chargé des organisations de la société civile occupés respectivement par les sieurs Abdoulaye Mossé et Jérôme Compaoré. Quel impair que cette réalité que nous constatons avec grand étonnement. C’est à tomber des nues. Comment peut-on réclamer une dépolitisation des OSC et permettre par derrière le mûr à votre famille politique, le MPP, de créer un département en charge des organisations de la société civile ? Cette attitude nous fait rappeler avec désolation cet adage qui dit : « fais ce que je dis mais ne fais pas ce que je fais ».
Excellence, le deuxième impair qui nous fait douter de la sincérité de votre affirmation sur la mission des OSC, est le rôle de premier plan que jouent certains de vos collaborateurs et des responsables de votre famille politique, le MPP, au sein des organisations de la société civile. Tenez-vous bien, le réseau Dignité, association de la société civile, récemment mis sur pied, compte parmi ses leaders un chargé de mission à la présidence du Faso, des conseillers municipaux MPP et des membres du Bureau politique national du MPP. Pour ne pas personnaliser le débat, nous préférons taire pour l’instant les identités de ces personnes. On ne peut donc pas vouloir d’une chose et son contraire. Comment pouvons-nous ne pas penser à une manipulation politique des OSC par le pouvoir avec un tel scénario ?
Excellence Monsieur le Président du Faso, il serait plus qu’opportun de mettre de l’ordre dans vos rangs afin de donner un signal fort de votre engagement pour une société civile non politisée. Sinon, au vu de ces deux impairs ci-dessus énumérés, nous sommes à même d’affirmer, comme l’homme de la rue, que votre engagement est « bon mais ce n’est pas arrivé ».

Ouagadougou, le 22 juin 2017

Pour l’ADP
Abraham BADOLO

Pour la CCP
Ousmane SO