La réquisition spéciale ayant autorisé l’armée burkinabè à réprimer l’insurrection populaire d’octobre 2014, ‘’n’a jamais été discutée en conseil des ministres’’ du 29 octobre, alors que l’ensemble du dernier gouvernement de Blaise Compaoré est poursuivi pour y avoir participé, a indiqué dimanche Léonce Koné, un des dirigeants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, ex parti au pouvoir).

‘’Les informations dont nous disposons, de source sérieuse, indiquent que ce dossier de la réquisition spéciale n’a jamais été discutée en conseil des ministres’’ du 29 octobre 2014, a déclaré le président de la commission Ad hoc du CDP, Léonce Koné, lors d’une conférence de presse dans ses locaux en rénovation, après avoir été saccagés lors de l’insurrection populaire.

Depuis fin avril, tous les membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré sont poursuivis devant la Haute cour de justice pour leur implication présumée dans la répression de l’insurrection populaire d’octobre 2014 pour avoir participé au Conseil extraordinaire des ministres du 29 octobre au cours duquel ils ont décidé de (faire appel à) l’armée pour réprimer les manifestants.

Selon M. Koné, ces poursuites se fondent ‘’non pas sur le fait qu’il y aurait des indices montrant que les ministres ont pris part de façon délibérée à l’organisation des violences, mais uniquement parce qu’ils auraient assisté à une réunion en conseil des ministres au cours de laquelle le gouvernement a adopté le principe de prendre une réquisition spéciale ordonnant à l’armée de participer au maintien de l’ordre, en faisant usage d’armes à feu, en cas de nécessité’’.

‘’Boucs émissaires’’

‘’A supposer même qu’il (le principe de prendre une réquisition spéciale) fut discuté (en conseil des ministres), ce fait ne peut en aucune manière être regardé comme une faute pénale’’, a estimé le président de la commission Ad hoc du CDP, dénonçant un ‘’dossier ou un procès politique’’

Selon lui, ‘’la réquisition qui a été signée par le Premier ministre (Luc Adolphe Tiao) dans les termes et les conditions prévus par la loi burkinabè correspond, ni plus ni moins, à l’exercice normal des responsabilités qui incombent à un chef de gouvernement lorsqu’il existe une situation qui laisse craindre de graves troubles à l’ordre public et à la sécurité des personnes et des biens’’.

‘’Nous comprenons parfaitement que dans leur soif de justice, nos compatriotes réclament que ces faits soient jugés et leurs auteurs punis, mais veut-on vraiment juger ces faits où cherche-t-on à désigner des ‘’boucs émissaires’’ à la vindicte populaire’’, s’est interrogé Léonce Koné.

‘’Si les membres du dernier gouvernement sont poursuivis en qualité de ‘’complices’’ des homicides et des blessures (…), alors où sont les auteurs principaux de ces infractions’’, a-t-il poursuivi, regrettant qu’’’aucune initiative sérieuse n’a été engagée pour retrouver ces auteurs.

En rappel, une trentaine de personnes ont perdu la vie et près de 600 autres blessées lors des journées insurrectionnelles d’octobre 2014 qui ont précipité le départ du président Blaise Compaoré, au bout de 27 ans de gestion.

Agence d’Information du Burkina