Le nom de Petit Docteur est sur toutes les lèvres ces derniers jours. Il lui est reproché d’avoir bousculé l’animateur de Radio Omega, Hamed Kossa, lui reprochant de ne pas jouer de musique burkinabè. Paradoxalement, le principal concerné n’a pas eu l’occasion de se prononcer sur la question. Kaceto.net a donc voulu avoir son point de vue dans l’interview ci-dessous. Petit docteur regrette ce qui est arrivé et estime que le Burkina Faso est un pays de solidarité et de pardon ; par conséquent, il espère ce pardon.

Kaceto.net : Quel était votre but en vous rendant à la Radio Omega ?
Petit docteur : Nous sommes allés pour remettre une lettre au Directeur de la radio Omega, parce que nous avons remarqué que deux animateurs de la radio, à savoir Sam’s K le Jah et Hamed Kossa, ne jouaient pas de musique burkinabè. Nous avons voulu donc attirer l’ attention du directeur à travers notre lettre.

Kaceto.net : sur quoi vous basez vous pour dire qu’ils ne jouent pas de la musique burkinabè ?
Petit docteur : Nous nous basons sur l’écoute. Hamed Kosa par exemple ; les quatre jours avant notre déplacement à la radio, il n’a joué aucune chanson burkinabè en dehors de deux artistes. Awa Mélone et Rovane. Il a joué les deux parce qu’elles ont payé pour une promotion. Donc on peut dire qu’il n’a joué aucun morceau burkinabè pendant quatre jours.

Kaceto.net : Mais est_ce que de façon générale la Radio Omega ne respecte pas le quota fixé de 40% de musique burkinabè ?
Petit docteur : C’est possible même que la radio Omega fasse 90%. C’est pour cela que nous n’accusons pas Radio Oméga. Notre lettre parle uniquement de deux animateurs qui ne jouent pas de musique burkinabè et nous demandons l’aide du Directeur.

Kaceto.net : Comment le directeur de Oméga a pris votre démarche ?

Petit docteur : Il l’a très bien prise . Nous avons été bien accueillis. A la porte on a contrôlé nos pièces d’identité et quand nous sommes rentrés, ils nous ont donné la place. Ils sont même venus ajouter des chaises parce qu’il y en avait pas assez. Les journalistes nous ont donné des journaux pour patienter jusqu’à ce que le directeur vienne nous voir. Il a demandé à ce qu’on lui envoie deux représentants et c’est ce que nous avons fait.

Mais pourquoi donc les choses ont dérapé avec l’animateur Hamed Kossa ?
Petit docteur : En fait nous ne sommes pas allés pour voir Hamed Kossa. Mais pendant qu’on patientait et que le directeur recevait nos représentants, Hamed Kossa est arrivé et il a continué au studio pour commencer son émission. C’est là que j’ai dit qu’il fallait qu’il vienne écouter parce que ça le concerne. Quand nous sommes rentrés au Studio, il nous a suivi mais arrivé dans le couloir il a voulu faire demi-tour et sous le coup de l’émotion, je l’ai un peu bousculé et je lui ai crié dessus.

Est ce que vous pensez que ce que vous avez fait est normal ?
Petit docteur : Ce n’est pas normal. Je ne devais pas agir comme cela et je le regrette vraiment. Nous n’étions pas venus pour ça. Si c’était à refaire nous allions faire les choses autrement.

Vous comprenez donc les sanctions sur la CORA/BF ?

Petit docteur : Nous avons demandé pardon. Je pense que le Burkina Faso est un pays de solidarité et de pardon. Les anciens comme Issouf Compaoré et Kisto Koimbré mais aussi Amety, meria, Baz Bill, Dez Altino et bien d’autres ont demandé pardon en notre nom. Moi même, j’ai demandé pardon au 20h de la RTB, à travers les réseaux sociaux. Sur place même à Omega nous avons demandé pardon après l’incident et c’était fini. Hamed Kossa nous a même raccompagné à la fin et a beaucoup plaisanté notamment avec Bam Rady et après notre départ, il n’a joué que de la musique burkinabè.

Kaceto.net : Vous ne comprenez donc pas les sanctions ?
J’assume, parce que j’ai déconné mais je pense que ma musique ne m’appartient plus ; dès que je la fait, elle appartient aux Burkinabè. Elle appartient à mes mélomanes. Décider de ne plus jouer notre musique, c’est sanctionner ces mélomanes, c’est sanctionner les Burkinabè.

Kaceto.net : si c’était terminé, alors pourquoi la polémique ?
La polémique n’est pas partie de radio Oméga. La polémique est partie des réseaux sociaux. C’est quand la vidéo a été publiée sur Facebook que la polémique a commencé. J’ai commis une faute et je regrette mais ce que je déplore le plus, c’est la désinformation. Je viens juste d’arriver d’une tournée de 05 jours dans 05 localités en province et ce que j’y ai entendu est grave. Certains disent que nous avons saccagé la radio, frappé l’animateur et forcer le directeur à nous voir. Tout cela est faux et c’est dommage que certaines personnes croient en ça.

Les sanctions viennent aussi de votre propre camp car nous avons appris que vous avec été suspendu de la CORA/BF. Qu’en pensez vous ?
Petit docteur : Comme je vous l’ai dit, je viens d’arriver de ma tournée et c’est là-bas que j’ai appris cette suspension. Je la comprends parce que j’ai déconné et cela fait partie du règlement de la CORA/BF. Vous savez, la CORA/BF est un regroupement de 29 associations culturelles et fait beaucoup pour la culture burkinabè. Ces actions doivent donc continuer.

De quelles actions parlez vous ?
Petit docteur : Il y’en a eu plusieurs. Par exemple, pour le concert des monstres sacrés du coupé décalé au Burkina, il n y avait pas d’artiste burkinabè sur les affiches mais nous nous sommes battus pour qu’il y en ait. Pas pour que ce soit Petit Docteur ou un artiste membre de la CORA/BF, mais juste un artiste burkinabè. C’était pareil pour le concert de Me Gims. Sur les affiches, il y avait des artistes béninois et autres mais pas burkinabè et nous avons aussi lutté et ça a changé. Nous avons aussi tenu un atelier avec le CSC pour demander que la musique burkinabè soit diffusée à 90% sur les radios et nous sommes pratiquement parvenus à un accord. Aujourd’hui tous les artistes profitent de notre lutte auprès du Bureau burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA) car les droits ont augmenté. La CORA/BF fait donc ce qu’elle peut pour la culture burkinabè.

Hermann Wendkouni Nazé
Kaceto.net