Nous abordons, en cette fin de semaine, une série de petites et modestes analyses que nous baptisons, nous même, la série des thèmes en « té ». Autres que celui de l’identité, nous pouvons déjà annoncer, sans exclusivité, ceux de l’égalité, de la féminité, de la parité dans la nation. Pour introduire la série, nous optons, ici, pour un regard de généraliste sur l’identité. Il nous semble en effet que tout doit commencer et s’achever par là. Ce tout, c’est la naissance, c’est la vie, c’est la mort, et c’est aussi la mémoire post mortem. Qu’est-ce que donc l’identité ? Qu’est-ce que l’identité de l’individu que chacun de nous constitue ?
Ce qui distingue une personne d’une autre, c’est son identité. C’est mon identité qui me particularise ; c’est elle qui fait que je ne suis, ni Paul, ni Pierre, ni Jésus, ni même ce Zassi Goro de l’antiquité, mais ce Zassi Goro bien précis, avec des cordonnées spatiotemporelles qui renvoient à un individu des temps contemporains. Même si tous les hommes portaient le même noms et prénom, par exemple Adam le terrestre, nous aurions encore chacun une identité. L’identité est donc quelque chose qui est, à la fois, simple et complexe.
L’identité est d’abord biologique. En effet, sous l’angle des vivants, les vivants non clonés, chaque individu est différent des autres. Malgré les ressemblances morphologiques souvent parfaites comme dans le cas des vrais jumeaux, chaque vivant, et en conséquence chaque humain, est quelque chose d’unique, qui n’est identique à rien d’autre dans tout l’univers. C’est cela le miracle de la vie ; elle est une, mais elle est aussi et surtout multiple. Derrière la généralité humaine par exemple, chacun de nous a sa forme, sa taille, sa corpulence, et surtout ses gènes qui font de lui une pièce sans équivalent parfait.
L’identité est ensuite sociale et juridique. En effet, du point de vue sociojuridique, chacun de nous a droit à un nom, si possible, à un ou à plusieurs prénoms, qui le distinguent de toute autre personne. Noms et prénoms mêmes ne suffisent pas pour identifier les humains. L’état civil fait alors recours à tout un ensemble de données qui permettent de dire, avec précision, qui est qui. Parmi ces données, on peut citer ici : les caractéristiques biophysiques ; la date et le lieu de naissance ; l’identité des parents ; la nationalité ; la profession ; la référence dans la profession, tel que le numéro matricule ; les empreintes digitales ; et, en recours ultime, les données génétiques. Il faut signifier, ici, que l’identité sociojuridique, est un droit absolu. Tout homme a le droit d’être distingué des autres dès sa naissance. Nul, vif ou mort, ne doit être perdu dans l’anonymat par la volonté de ses semblables ou jeté dans la fosse commune des gens inconnues de l’histoires, des existences sans traces infimes dans la vie de l’espèce humaines.
L’identité est enfin culturelle. Mon identité culturelle c’est ce que je suis devenu par le fait de l’éducation que j’ai reçue et des circonstances que j’ai vécues. Sous cet angle, chaque homme est une somme de savoirs, de savoir être et de savoir-faire, qui le distingue fondamentalement des autres. Chacun a ses valeurs, ses croyances religieuses et philosophiques, ses principes éthiques, son mode de vie, sa conception du Beau, du Bien, du Juste, du Vrai, sa façon de marcher, de manger, d’aimer etc. L’identité culturelle est le legs d’un patrimoine commun à un groupe d’hommes. Chaque individu l’assimile et la vit cependant à sa manière. C’est pour cela que les individus d’une même société, d’une même époque, ayant reçu la même éducation, n’ont pas d’emblée le même rapport au monde, malgré des traits communs indéniables. Chacun de nous est « un soi », une personne à part, un individu non assimilable aux autres, une identité inaliénable, en dépit de la volonté récurrente d’autrui de nous réduire à ce qu’il est.
Au bilan, nous retenons que la singularité de l’espèce humaine est ce souci d’identité. C’est lui qui nous amène à nous mirer, parce que nous voulons voir à quoi nous ressemblons. C’est lui qui couve les questions essentielles de la conscience humaine : Qui suis-je ? D’où est-ce que je viens ? De qui je viens ? C’est lui aussi qui nous amène à dire non, à refuser de suivre aveuglement la masse. C’est lui le garant de notre intégrité physique, morale, politique, idéologique, religieuse et juridique. C’est lui le moteur de notre liberté en ce moment. C’est lui le fondement des traces que nous pourrions laisser dans l’humaine civilisation pour les générations futures.

Zassi Goro ; Professeur de Lettres et de philosophie
Kaceto.net