Le procès intenté par 6 hauts magistrats contre le journaliste Lookman Sawadogo devrait connaître son épilogue aujourd’hui. Une décision très attendue et qui fera jurisprudence !

Les juges de la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouagadougou vont-ils suivre le procureur, lequel a requis le 27 juillet dernier 12 mois de prison avec surpris et une amande de 300 000 F CFA contre le journaliste Lookman Sawadogo, ou vont-ils purement et simplement le déclarer non coupable de diffamation et le relaxer ? C’est la question qui brûle les lèvres dans les rédactions et au sein des organisations de défense des droits de l’homme.
En rappel, Six (6) magistrats ont intenté un procès contre le directeur de publication du journal Le Soir, lui reprochant de les avoir diffamés. (http://kaceto.net/spip.php?article3065). Or, fort curieusement, c’est la procédure pénale et non la loi sur le délit de presse que ces professionnels du droit ont choisie pour demander réparation du tort qu’ils estiment avoir subi.
Pour justifier cette démarche pour le moins surprenante, leur avocat, Maître Hervé Kam considère que notre confrère a publié l’article querellé sur sa page Facebook et non sur un journal en ligne ; il ne s’est donc pas exprimé en journaliste mais en activiste sur le réseau social qui est tout sauf un média reconnu par la loi.
Reste que les faits révélés par Lookman Sawadogo sont avérés, en l’occurrence, une plainte déposée contre un des membres de la Commission d’enquête mise en place par le Conseil supérieur de la magistrature pour enquêter sur des cas de corruption de magistrats.
Le magistrat mis en cause n’est autre que Laurent Poda, procureur général et membre de la commission, contre lequel une plainte a bel et bien été déposée par un client pour service non rendu. Le rapport de la commission d’enquête remis début juillet a révélé des cas avérés de corruption de 37 magistrats, confirmant ce que notre confrère avait dénoncé quelques mois plus tôt.
La décision qui sera rendue dans cette affaire fera jurisprudence. Le fait de publier un article sur le réseau social Facebook disqualifie t-il un journaliste professionnel ? Va t-on pinailler sur la forme au détriment du fond, c’est à dire, la révélation d’un fait avéré de corruption impliquant un haut magistrat ? C’est tout l’enjeu de ce procès. Car, il ne faut pas se voiler la face ; les plaignants ne cherchent pas à réparer leur image qui aurait été ternie ; ce qu’ils veulent, c’est envoyer Lookman en prison et dissuader les journalistes de jeter un coup-d’œil sur les grenouillages et autres pratiques peu honorables qui ont cours dans les arrières-boutiques de la justice.

Kaceto.net