18 morts, plusieurs blessés et des rescapés transférés à la gendarmerie de Paspanga, des services d’urgence débordés à l’hôpital, voilà le triste bilan provisoire de l’attaque terroriste contre le restaurant turc Istanbul

"L’attaque a commencé à 21h7mn précisément ; je m’en souviens bien. J’étais assis avec des amis et on a pas eu le temps de passer notre commande quand on a entendu les coups de feu. C’était le sauve-qui-peut. Là, je m’en sors mais j’ai un ami dont je n’ai pas de nouvelles ; je suis inquiet. Moi-même, je suis frustré parce qu’on a récupéré nos téléphones et on n’arrive pas à communiquer avec nos familles pour les rassurer", témoignage d’un rescapé de l’attaque du restaurant Istanbul sur l’avenue Kwamé Nkrumah hier soir. "Il y avait la bousculade et certains ont été certainement piétinés à mort parce que le monde, y compris le personnel du restaurent, passait par cette porte dérobée. On est allé se réfugier à la base aérienne dans un premier temps et après, vers 3 heures, on nous a transférés à la gendarmerie. Parmi nous, il y a avait les policiers qui gardaient le restaurent ; un d’eux est blessé à la main", ajoute un autre, les yeux rougis et les traits bien tirés.
Hier soir, Ouagadougou a encore été la cible d’attaque terroriste sur la même avenue qu’en janvier 2016, sur un restaurent turc, situé à quelques 300 m du Capuccino. Selon des témoignages, deux individus, jeunes, sont arrivés sur une moto, en sont descendus et ont commencé à tirer sur les clients attablés avec des kalachnikovs. Alertée, les unités d’élite de l’armée, de le gendarmerie et de la police sont arrivées très rapidement sur les lieux. Les terroristes se retranchent à l’intérieur du bâtiment et continuent de tirer. L’assaut est lancé par les forces burkinabè, cette fois-ci sans soutien extérieur comme en janvier 2016 quant il a fallu attendre le renfort des troupes françaises venues du Mali.
Bilan vite établi par les services de sécurité : 17 morts, puis finalement 18 morts et de nombreux blessés pas encore comptabilisés. Trois gendarmes sont blessés dans l’assaut dont deux légers et un grave. Les deux terroristes sont abattus.
Les assaillants, tous deux noirs, n’ont lancé aucun cri avant d’ouvrir le feu. La police criminelle est sur les lieux pour identifier les corps et faire des prélèvements pour les tests ADN.
En revanche, contrairement aux premières informations qui avaient été publiées, y compris dans nos colonnes, il n’y a eu aucune attaque ni à l’hôtel Bravia situé côté Est de Kwamé Nkrumah, ni au restaurent "La Véranda" sur le même alignement que le café Istanbul.
Un confrère, proche du lieu de l’attaque a aussi passé une nuit cauchemardesque ; un de proches a reçu une balle perdue, mais sa vie n’est pas en danger.
Une cellule de crise est mise en place dans les locaux de la Fonction publique, sur la même avenue Kwamé Nkrumah.
L’hôpital national Yalgado est débordé et un appel est lancé aux infirmiers anesthésistes de rejoindre l’hôpital pour aider à la prise en charge des bléssés.

Dans un communiqué publié ce matin, le ministère de la Santé a annoncé la prise en charge gratuite des victimes de l’attentat d’hier 13 août. Une cellule de soutien médico-psychologique est mise en place au service de psychiatrie pour accompagner les victimes et les témoins.
Ce matin, les Ouagalais sont réveillés groggy, partagés entre la colère et la résignation. Alors que les commerces avaient recommencé à fonctionner normalement et que les Burkinabè fréquentaient à nouveau la célèbre avenue en plein centre-ville, cette nouvelle attaque risque d’être fatale à de nombreuses boutiques qui ne s’étaient pas encore totalement remises du traumatisme de janvier 2016.

J.V
Kaceto.net