Afin de les outiller dans le traitement de l’infirmation relative au projet autonomisation des femmes et dividende démographique(SWEED), les journalistes professionnels ont suivi une formation les 06,07 et 08 septembre dernier dans la cité de Sya.

SWEDD (Sahel Women Empowerment and Demographic Dividend), en français, "Autonomisation des femmes/filles et dividende démographique au Sahel", est un projet qui vise à améliorer les conditions des femmes et des filles dans les pays du sahel. C’est pour que les journalistes s’imprègnent du contenu de ce programme qu’un atelier a été organisé à leur intention les 06,07 et 08 septembre à Bobo-Dioulasso. Plusieurs thèmes ont été traités lors de cette formation, notamment la planification familiale, l’autonomisation de la jeune fille et de la femme, et le mariage précoces. Ce sont des formateurs, tous spécialisés dans leur domaine de compétence, qui ont animé cet atelier au profit des journalistes triés sur le volet.
Sur la planification familiale, premier thème traité, c’est Geogette Nikiéma, le point focal du sous projet « Ecole des maris et des futurs époux » dans le cadre du projet SWEDD, qui a été la principale oratrice. Selon elle, la planification familiale est définie de façon générale comme étant l’espacement des naissances. Pour le ministère de la Santé du Burkina Faso, c’est " l’ensemble des mesures techniques, psychologiques, éducatives qui permettent aux couples et aux individus d’atteindre certains buts en fonction de leurs possibilités et de leurs désirs : favoriser les naissances désirées ; espacer les naissances ; éviter les grossesses non désirées ; déterminer le nombre d’enfants qu’ils souhaitent pour constituer une famille". L’espacement des naissances est le fait d’espacer d’au moins deux ans, deux grossesses successives, ce qui permet d’après Georgette Nikiéma, à la mère de nourrir correctement son enfant au sein jusqu’à ce qu’il passe le cap du sevrage à l’âge de 2 ou 3 ans d’une part, et d’autre part, de retrouver sa propre force physique, mentale et émotionnelle après l’accouchement et avant la grossesse suivante. La planification permet également à la famille d’économiser sur les dépenses de santé et de renforcer les investissements pour un meilleur développement humain durable de la communauté. Pour cela, de nombreuses méthodes sont proposées pour espacer les naissances, ou du moins, ne pas tomber enceinte. Il s’agit de la pilule, le norplant, les injectables, les implants, le condom, la pilule du lendemain, etc.
Les formateurs n’ont pas manqué de mentionner des conséquences que peuvent avoir ces différentes méthodes contraceptives sur les femmes. Contrairement aux allégations selon lesquelles, certains moyens de prévention des grossesses provoqueraient la stérilité et le cancer, Estelle Zongo s’est voulu rassurante : « Ce sont juste des rumeurs sans fondement », dit-elle, reconnaissant toutefois que l’utilisation de ces contraceptions entraînent souvent des effets secondaires variant d’une personne à une autre : nausées, prises de poids, saignements, hypersensibilité des seins, arrêt des règles. Elle recommande aux femmes de prendre conseil auprès des agents de santé pour éviter de tels désagréments.
L’autre thème traité au cours de l’atelier porte sur l’autonomisation économique de la femme et de la jeune fille. Contrôleur d’éducation féminine, Nebié/Moyenga Rasmata, considère que "l’autonomisation économique de la femme ou de la fille consiste à lui donner les moyens nécessaires de participer pleinement au développement économique ». Au Burkina Faso, la contribution des femmes à l’économie aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain est reconnue à tous les niveaux.« Dans le secteur informel, elles occupent plus de 60% des activités de production dans les branches ci-après : l’agriculture, l’élevage, la sylviculture, le petit commerce, la transformation des produits agro-sylvo-pastoraux, etc.
Toutefois, elles rencontrent toujours des difficultés d’accès, d’utilisation, de contrôle des ressources et des bénéfices de leurs activités socio économiques comparativement aux hommes. Par ailleurs, elles sont faiblement représentées dans le secteur formel en raison d’un manque de capacités à gérer des structures formalisées.
Selon les données de 2015 du Centre de formalité des entreprises (CEFORE), sur
8 561 entreprises formelles enregistrées, les femmes en étaient propriétaires de seulement 1830, soit un taux de 21% !. Il est donc plus qu’urgent de promouvoir l’autonomisation de la jeune fille et de la femme pour le développement économique du Burkina faso.
Dernier thème au menu de cet atelier de trois jours, le mariage d’enfants ou mariage précoce. Selon Estelle Zongo, le mariage d’enfant se définit comme l’union légale, religieuse, coutumière ou toute situation de concubinage dans laquelle, l’une et/ou l’autre des deux personnes concernées est âgée de moins de dix-dix-huit (18) ans. Cette pratique n’est pas sans conséquence, à commencer par la pauvreté. Les Les filles qui se marient trop jeunes ne bénéficient pas d’opportunités éducatives et économiques qui les aideraient à sortir de la pauvreté. Le mariage précoce empêche les enfants d’âge scolaire de jouir de leur droit à l’éducation nécessaire à leur développement personnel. Il accentue les inégalités entre les hommes et les femmes, les victimes étant rarement en mesure d’exprimer leur volonté à leurs maris ou de négocier des rapports sexuels protégés et consensuels.
A la fin de la formation, la directrice de la santé de reproduction et de la famille espère que les journalistes maîtriseront mieux les problématiques liées à l’émancipation de la femme burkinabè et accompagneront efficacement le projet SWEED dans l’atteinte de son objectif premier, qui est d’amener la population du Burkina au changement de comportement.

Frédéric Thianhoun
Kaceto.net