Rétrogradé en deuxième division à la fin de la saison sportive 2016-2017, l’élite des clubs du Yatenga est en proie à une querelle de clocher entre le nouveau bureau mis en place le 9 septembre, et le maire de Ouahigouya qui conteste la légitimité des nouveaux dirigeants

Impossible d’éviter le sujet. Il est au centre des conversations dans les maquis et les cabarets de Ouahigouya, dans le Yatenga : le bras de fer engagé entre le maire Boureima Basile Ouédraogo et la nouvelle direction de l’Union sportive du Yatenga (USY) pour le contrôle du club de a province.
Née de la fusion en 1994 du Stade de Yatenga et de Yadega Sport, le club fait la fierté de la région puisqu’il fait partie de l’élite du football burkinabè.
Seulement voilà, depuis quelques semaines, le club est confronté à une crise dont il se serait passé à quelques semaines de l’ouverture de la saison 2017-2018. D’autant que cette année, il a terminé dernier du championnat national de première division, donc relégué en deuxième division et dont le coup d’envoi de la nouvelle saison 2017-2018 est prévu le 21 octobre prochain.
De quoi s’agit-il ? Suite aux mauvais résultats de cette année, le président du club, Abdoulaye dit Bernard, a rendu sa démission et avec lui, tous les membres du bureau. Selon les statuts de l’Union sportive du Yatenga, seuls les supporters ont la légitimité d’élire un nouveau bureau. Dans un communiqué rendu public début le 13 août, la ligue du Nord de football a lancé un appel à candidatures pour des élections prévues le 7 septembre, lesquelles seront finalement reportées au 9 septembre pour cause de décès du président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, un fils de la région.
Après concertations, la date de l’assemblée générale des supporters, réunis en en association est fixée dans la matinée du 9 septembre au stade municipal de Ouahigouya, avec un seul point à l’ordre du jour : l’élection du nouveau comité exécutif du club.
Au jour J, environ 170 personnes répondent présentes, tous décidées à être acteurs de l’évènement. Ici aussi comme ailleurs, le foot déchaine les passions. Un bureau de séance est mis en place, présidé par Abdoulaye Sawadogo dit Zamko. Avant de passer à l’élection proprement, ce dernier prend soins de lire le règlement et les statuts de l’USY fixant les conditions de l’élection.
« Qui est candidat au poste de président ? », demande ensuite le président de séance. Silence dans la salle. L’instant est solennel. On est curieux de connaitre les prétendants au poste. Une main se lève, celle de Boukary Barry, plus connu sous le sobriquet de Godré. On note son nom puis on attend. Il n’y en aura pas d’autres. Ce sera donc un seul candidat. Sans concurrent, il est élu par acclamation. L’Union sportive du Yatenga a un nouveau président.
A 52 ans, cet ancien joueur de football, est bien connu des amateurs du ballon rond dans la région et apprécié pour ses qualités humaines et professionnelles. « En matière de football, franchement, il s’y connait et est très compétent », confie un supporter qui a assisté à la l’élection. Il reçoit les félicitations de l’assemblée et de ses prédécesseurs.
L’assemblée élit ensuite les autres membres du bureau au nombre de 26. Tout se passe bien, dans le calme. Le nouveau président prend la parole, demande une minute de silence à la mémoire du président de l’assemblée nationale, Salifou Diallo, décédé le 19 août dernier. Il remercie les supporters qui lui ont fait confiance et s’engage avec son équipe à travailler de concert avec les supporters pour que le club retrouve très rapidement la première division. Aux environs de 10h30mn, l’affaire est bouclée et les participants repartent avec le sentiment du travail bien fait.
Mais l’histoire est trop belle pour être vraie. Sous les tropiques, quand une élection se déroule dans accroches, on se pince pour se convaincre qu’on ne rêve pas. Ici, en l’occurrence, la belle unanimité va vite voler en éclats.

Le maire de Ouahigouya, Boureima Basile Ouédraogo est entré dans la danse quelques jours après l’élection en faisant connaitre son opposition à la procédure ayant conduit à la mise en place du nouveau bureau. Dans un communiqué publié le 12 septembre, il a annulé carrément l’élection « pour non-respect des textes en la matière » et annoncé la mise en place d’un « comité de crise en attendant l’élection d’une nouvelle équipe dirigeante ». Joint au téléphone, le maire de la cité de Yadega confirme sur un ton agressif : « Des gens se sont réunis pour soit disant élire un nouveau bureau de l’USY sans que je ne sois au courant. Je suis le maire de Ouahigouya et toutes les activités qui se déroulent dans la ville sont sous ma responsabilité. J’ai bien annulé l’élection du 9 septembre et un comité de crise va être mis sur place ; tout est ouvert et tous ceux qui veulent y participer peuvent venir. Il n’y a pas de problème, parce que mon souci, c’est le développement du football à Ouahigouya ». Une « main tendue » qu’ignorent les partisans du nouveau bureau, sûrs d’avoir la légitimité et le droit avec eux, d’autant que la mairie de Ouahigouya n’est pas membre de l’association des supporters et ne lui ne verse pas de subvention.
A l’évidence, la crise risque d’être durable et préjudiciable à l’USY qui n’en pas besoin en ce moment. A moins que les personnes ressources de la localité et la Fédération burkinabè de foot s’impliquent très vite pour trouver une issue à cette affaire avant le début du championnat de deuxième division. Le temps presse.

J. Vokouma
Kaceto.net