Le sénateur George Weah, légende du football africain, et le vice-président Joseph Boakai s’affronteront au second tour de la présidentielle au Liberia en novembre, a annoncé dimanche la Commission électorale.

Ce second tour pour désigner le successeur d’Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue chef d’Etat en Afrique, aura des allures des revanche pour les deux hommes, qui figuraient déjà sur des "tickets" présidentiels rivaux aux précédentes élections, en 2005 et en 2011.

Malgré leurs différences, George Weah, 51 ans, et Joseph Boakai, 72 ans, ont en commun une origine modeste et le fait de ne pas appartenir à l’élite "américano-libérienne", issue d’esclaves affranchis qui a dominé la plus ancienne république d’Afrique depuis sa création, à l’exception de la présidence de Samuel Doe (1980-1990).

Bien que George Weah soit arrivé en tête, avec quelque 572.000 voix, soit 39% des suffrages, nettement devant Joseph Boakai, à 427.000, soit 29,1%, aucun candidat n’était en mesure d’obtenir la majorité absolue au premier tour, selon les résultats portant sur plus de 95% des bureaux de vote.

"Il n’y a plus de doute à présent" sur la nécessité d’un second tour, a déclaré le porte-parole de la Commission électorale nationale (NEC), Henry Flomo, lors de l’annonce de ces résultats partiels.

Quelque 1,55 million de suffrages ont déjà été dépouillés, pour un taux de participation moyen de 74,5%, a précisé le président de la NEC, Jerome Korkoya.

Les 18 autres candidats sont largement distancés.

L’avocat et vétéran de la politique Charles Brumskine arrive en troisième position, avec 9,8% des suffrages, devant Alexander Cummings, ancien dirigeant de Coca-Cola pour l’Afrique, à 7,1%, suivi par le sénateur Prince Johnson, chef de milice pendant la guerre civile (1989-2003, quelque 250.000 morts), à 7%.

Selon la Constitution, le second tour est organisé le deuxième mardi qui suit l’annonce du résultat final, soit le 7 novembre.

 Première place contre expérience -

Bien que le camp Weah ait espéré jusqu’au dernier moment une victoire dès le premier tour, le directeur de campagne de son parti le Congrès pour le changement démocratique (CDC), Wilson Tarpeh, s’est dit certain de l’emporter cette fois au second tour, contrairement à 2005 et 2011.

"Nous avons fait tout notre possible pour gagner au premier tour, mais c’est un processus démocratique, et ça ne s’est pas réalisé, bien que nous ayons plus de 100.000 voix d’avance. Mais je peux assurer que le CDC est prêt à ce second tour et confiant, sachant qu’il l’emportera", a-t-il déclaré à l’AFP.

Le président du Unity Party (UP, Parti de l’unité), la formation de M. Boakai et de Mme Sirleaf, Wilmot Paye, a de son côté minimisé l’importance de la première place de M. weah.

"Le second tour est une compétition complètement différente. Les 18 autres candidats n’en feront plus partie, donc ce sera aux électeurs de décider. La question n’est pas de savoir qui mène, mais qui va gagner", a-t-il dit à l’AFP.

Le vice-président "bénéficie d’une expérience sans comparaison avec celle des autres candidats. Il a une connaissance du pays, une intégrité que personne ne peut contester", a ajouté M. Pays, se disant certain de sa victoire.

La présidente sortante, prix Nobel de la paix 2011, qui ne pouvait plus se représenter après deux mandats, a estimé le jour du vote que le Liberia était "prêt pour la transition", la première d’un dirigeant élu à un autre dans ce pays "depuis trois générations".

Outre leur futur chef de l’Etat, les plus de deux millions d’électeurs de ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest ont voté pour renouveler les 73 sièges de la Chambre des représentants. Les législatives ne comportent qu’un seul tour, mais les résultats complets n’en étaient pas encore connus dimanche.

Pour redresser économiquement le pays, qui a stagné entre 2014 et 2016, affectée par l’épidémie d’Ebola et la chute des cours des matières premières, chacun des candidats a insisté sur une recette simple : le développement des routes pour M. Boakai, de l’éducation et de la formation professionnelle pour MM. Weah et Cummings

AFP