Ouverte le 18 novembre, la 4ème édition du Salon international du textile africain (SITA) a refermé ses portes le 25 novembre, lors de la nuit du coton, une soirée marquée par des défilés de mode de stylistes de renommée internationale et de jeunes stylistes retenus à l’issue d’un concours qui a rythmé toute la semaine

Samedi soir à l’hôtel Silmandé, chaque invité (e) a sorti sa tenue de prestige. Les femmes sont passées au salon, pour se faire encore plus belles, pendant que les hommes ont bien fait repasser les habits et cirer les chaussures. Une soirée de l’élégance et du raffinement vestimentaire.
Les hôtesses de la soirée, vêtues aux couleurs du SITA, effectuent les derniers ajustements dans la salle. On colle les étiquettes indiquant la place réservée aux personnalités invitées. Les journalistes, témoins de l’histoire immédiate, sont là, carnet de note, appareil photos et camera prêts en main. De l’autre côté, la salle attenante grouille de monde. C’est là que les stylistes, les mannequins, et les artistes musiciens ont élu domicile pour quelques heures.
Aux environs de 19 heures, les premiers invités commencent à arriver. Des ministres, des chefs de missions diplomatiques, des directeurs généraux, des personnalités du monde des affaires et du show-business, tous ont répondu, nombreux à l’invitation du Commissariat général du SITA pour clôturer en beauté, la semaine consacrée au textile africain. Le ministre d’Etat, ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, son collègue de l’Education nationale et de l’alphabétisation, Jean Martin Coulibaly, le député Charle Lonas, le directeur général de la SOFITEX, Wilfried Yaméogo, etc., sont là, tous habillés en Faso dan Fani.

Peu après 21 heures, on constate une agitation dans les couloirs de l’hôtel. Le Maitre de cérémonie (MC), Big Ben, annonce l’arrivée de l’épouse du chef de l’Etat, Sika Kaboré, la marraine de la soirée. Elle fait son entrée sous les flashs, accueillie par le commissaire général du SITA, le député Abdoulaye Mossé et la directrice, Antoinette Yaldia.
La cérémonie peut commencer. Les techniciens de la télévision nationale font les derniers réglages. Tout est prêt pour la retransmission en direction de l’évènement. Top, c’est parti pour deux heures d’une cérémonie haut en couleurs. Discours, remise de distinction, défilés de mode, prestations d’artistes musiciens, ont rythmé cette soirée.
Prenant la parole, la directrice du SITA, Antoinette Yaldia a salué la mobilisation enregistrée au cours de ce salon, « qui a tenu toutes ses promesses », les activités programmées ayant été toutes réalisées : l’exposition vente, même si elle n’a pas été à la hauteur des attentes de tous les exposants, les rencontres B2B au cours desquelles, des chefs d’entreprises, porteurs de projets et investisseurs, ont pu nouer des contacts, et les débats lors du Forum organisé sur le thème du SITA 2017, « port du textile africain en milieu scolaire », sans oublier les défilés de mode quotidiens qui ont permis à des jeunes stylistes de montrer leurs talents. « Tout au long de cette semaine, ces activités ont permis de rassembler en des moments divers, plus de 2000 visiteurs à qui nous témoignons notre gratitude », a déclaré la directrice.
Elle a insisté particulièrement sur les débats lors du Forum qui ont débouché sur une recommandation forte, en l’occurrence, l’institutionnalisation du port du textile africain en milieu scolaire. « Au regard des retombées socio-économiques et culturelles liées à la valorisation de notre textile, nous voudrions inviter les dirigeants africains à mettre en œuvre cette recommandation », a t-elle poursuivi, avant d’annoncer que le SITA s’engage à mener un « plaidoyer auprès des institutions africaines et des autorités burkinabè pour la mise en œuvre effective de cette recommandation »

Dans un contexte économique difficile, réussir l’organisation d’un évènement à la fois économique et culturel comme le SITA, sans le soutien financier de la puissance publique, était un réel défi qui a été relevé. Et la directrice n’a pas manqué de remercier les partenaires qui ont accompagné cette activité citoyenne, dont l’ambassade de Chine Taïwan et la SOFITEX. Pour le directeur général de la première société cotonnière au Burkina, Wilfried Yaméogo, il était du devoir de la SOFITEX d’accompagner l’initiative du SITA, lequel « s’affiche désormais comme un cadre fédérateur, à la dimension internationale qui permet de mettre en lien les divers acteurs évoluant dans le secteur textile, depuis l’ensemencement des graines de coton jusqu’à la transformation de la fibre en produits finis ».
La culture de l’or blanc fait vivre plus 4 millions de personnes dans notre pays et le défi pour les pays africains producteurs de coton demeure sa transformation. Le DG de la SOFITEX a rappelé que les pays membres de l’UEMOA en ont fait leur cheval de bataille, et se sont engagés à créer les conditions « afin que 25% du coton produit soit transformé localement ». A l’endroit des tisseuses, stylistes, modélistes et couturiers, partenaires dans le combat pour l’épanouissement des producteurs, il s’est voulu poétique : « Vous ne faites pas seulement rêver par vos créations. Vous combinez admirablement l’esthétique, le beau, l’utile, et quelque fois même, le superflu ». Confiant sur l’avenir de la filière, il a salué tous ceux qui, au quotidien, portent le Faso dan Fani, à commencer par le président du Faso, Roch March Christian Kaboré. De fait, la garde-robe de nombreux Burkinabè a été profondément transformée depuis la Transition qui ont fait du Faso dan Fani, un habillement tendance, une tenue à la mode, portée surtout lors des cérémonies officielles.

Une « victoire » posthume de Thomas Sankara qui avait tenté d’inculquer le patriotisme économique à ses concitoyens en leur imposer le port du Faso dan Fani. Sans succès. A l’évidence, le tissu issu du coton burkinabè d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui produit dans les années 80. Certes, la part du travail manuel demeure encore importante dans la fabrication des pagnes FDF, mais grâce aux outils semi-modernes acquis par nos tisserands et tisseuses, il est désormais possible de produire des tissus d’une largeur d’1,5 m, un progrès considérable qui allège la pénibilité du travail des tisseuses et des stylistes. « On n’a plus à coller des bandes de tissus pour obtenir un pagne, ce qui facilite la coupe quand on est stylistes », se réjouit un styliste qui a participé aux défilés de mode des jeunes stylistes.
La cérémonie de clôture a été l’occasion de saluer des personnalités nationales et africaines qui valorisent le tissu africain : l’animateur Salifou Sanfo, le patron de Horizon FM, Moustapha Labli Thiombiano, l’ancien président ghanéen John Dramani Mahama, le premier ministre Paul Kaba Thiéba, le ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation Jean Martin Coulibaly, les promoteurs des écoles Belemtissé, le complexe scolaire « Kouanda et les bravos du siècle », qui porte déjà le Faso dan Fani comme tenue scolaire, ont entre autres, été ainsi été distingués. Bien entendu le président du Faso Roch Kaboré a été également distingué et son attestation de reconnaissance a été remise à son épouse par le célèbre couturier ivoiro-burkinabè Pathé’O, arrivé la veille de Djaména pour « féliciter et encourager les promoteurs du SITA ».

Grand vainqueur du concours des jeunes stylistes, Ali Sawadogo « Sawali confection » a reçu un chèque d’encouragement d’un montant d’1,310 millions de F CFA. Une récompense bien méritée tant il a littéralement subjugué le public venu assister aux défilés tout au long de la semaine. Il enfin eu le privilège de défiler sur le même podium que Georges de Baziri, Bazem’s, le promoteur du cocodondat, les stylistes ivoiriens Michèle Yakice, Koro DK et Pathé’O, la franco-malgache Anna Soa.
Il est un peu plus de 23 heures quand les lampions la 4ème édition du SITA s’éteignent dans le calme et la bonne humeur, au grand soulagement du commissaire général, Abdoulaye Mossé. « Tout s’est bien passé et nous sommes très satisfaits de la manière dont la semaine s’est déroulée. Il n’y pas eu d’incidents, la police nationale a fait un travail formidable, l’exposition vente a eu lieu en dépit de certaines difficultés rencontrées, le Forum a dédouché sur des recommandations pertinentes, les rencontres B2B ont été un succès et, ce soir, ça été l’apothéose », a-t-il commenté.
Rendez-vous du 24 au 30 novembre 2018 pour la 5ème édition du SITA

Georges Diao
Kaceto.net