Rationaliser les prévisions de recrutement, un impératif de survie de la fonction publique burkinabè

Le ministère de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale organise les 04 et 05 décembre prochains à Ouagadougou, la conférence annuelle de gestion des ressources humaines (CGRH), session 2017, sous le thème « La rationalisation des recrutements dans la fonction publique d’Etat ». Au cours des deux jours de travaux, les membres de la CGRH mèneront la réflexion afin de proposer des outils et des mécanismes à même d’adapter à terme les recrutements aux besoins réels de l’administration. Toute chose qui devrait permettre, entre autres, l’adéquation des effectifs avec les postes de travail disponibles et celle des compétences avec ces postes, la maîtrise de la masse salariale et celle des effectifs à travers un recrutement objectif basé sur des outils de prévision, ainsi que l’enrayement de l’oisiveté des agents en surnombre dans les structures publiques.
Cadre de haut niveau d’évaluation des actions en matière de gestion des ressources humaines, cette conférence dont la cérémonie d’ouverture est placée sous le haut patronage du Premier ministre, Paul Kaba THIEBA, regroupe des membres issus des ministères en charge de la fonction publique et des finances et est co-présidée par les premiers responsables de ces départements ministériels.

Diminuer la part du budget alloué aux dépenses du personnel par la rationalisation des recrutements

L’idée de mener les réflexions sur la thématique de la rationalisation des recrutements est née du « boom démographique » enregistré dans la fonction publique burkinabé ces dernières années.
En effet, cette fonction publique, qui reste de très loin la principale pourvoyeuse d’emplois du pays, est passée d’un effectif de 94 671 agents en 2009, année d’institution de la conférence GRH, à 151 972 agents en 2016, rien que ceux relevant de la loi n°081-2015/CNT, soit un taux de croissance de l’ordre de 60,52 %. Et en prenant en compte tous les statuts autonomes confondus octroyés à partir de 2010, cet effectif s’élève à 173 017 agents, faisant passer le taux d’accroissement à 82,75%.
L’explosion des effectifs est due à une conjugaison de facteurs dont les plus significatifs sont l’absence d’outils pertinents de prévision des recrutements et la mauvaise gestion des mobilités, notamment les affectations.
En effet, le Burkina Faso a, depuis quelques années, franchi la ligne rouge en ce qui concerne la part du budget alloué aux dépenses du personnel sur le budget national. Cette part se situait à 51,6% en 2016, alors que la norme communautaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est de 35%. Et la situation pourrait empirer car la fronde sociale grandissante, avec son corollaire de revendications essentiellement à caractère pécuniaire, ne présage pas d’un avenir serein.
D’où l’opportunité des réflexions qui vont être menées lors de la présente conférence, rendez-vous devant permettre de faire des propositions fortes au Gouvernement en matière de recrutement, d’affectation, de tenue de poste, etc., afin de sonner le glas de la complaisance et de la navigation à vue en matière de gestion des ressources humaines, la seule ressource sure et pérenne dont dispose notre pays.
Du reste, il subsiste un motif d’optimisme. Le ministère en charge de la fonction publique a entamé l’élaboration de documents-guides devant servir de base à l’élaboration des outils de gestion rationnelle des ressources humaines. Reste à donc à capitaliser cette dynamique en vue de parvenir très rapidement à une utilisation optimale de ces outils, afin de rendre la fonction publique burkinabè résiliente. Et c’est, conscientes de cette donne, que les autorités burkinabè ont amorcé le tournant de la valorisation du capital humain à la fin de la décennie 90, à travers la Réforme globale de l’administration publique (RGAP). Ce tournant décisif a connu l’adoption d’un certain nombre de textes fondamentaux et la mise en place de plusieurs cadres de concertation, au nombre desquels, justement, la conférence annuelle de gestion des ressources humaines publiques (CGRH), instituée par décret n° 2009-587/PRES/MFPRE/MEF du 06 août 2009.
La conférence annuelle GRH, ses principales attributions
Depuis son institution en 2009 et ce jusqu’en 2015, 06 éditions de la conférence GRH ont été régulièrement organisées sans discontinuité, permettant d’aborder une panoplie de thèmes en rapport avec la gestion des ressources humaines publiques. Cependant, l’édition 2016 qui devait aborder la question de la rationalisation des prévisions de recrutement dans la fonction publique, n’a pas pu se tenir, pour des raisons essentiellement d’ordre calendaire. D’où la reconduction de sa thématique couplée à celle de 2017, consacrée aux outils de prévision des recrutements.
En rappel, la CGRH a entre autres pour attributions l’évaluation de la situation des emplois et des effectifs de l’Etat, l’examen du fonctionnement des organes consultatifs de la fonction publique, la définition des grandes orientations et des objectifs généraux de la gestion stratégique des ressources humaines, et l’approbation de la situation prévisionnelle des emplois et des effectifs des départements ministériels, des institutions et des établissements publics de l’Etat.
Elle veille également à une meilleure gouvernance administrative par la formalisation de stratégies de gestion des ressources humaines dans ces structures et recueille les bonnes pratiques de gestion des ressources humaines. La CGRH 2017 connaitra la participation effective des acteurs intervenant dans la gestion des ressources humaines, tant sur le volet administratif que financier. Des participants qui sont issus, aussi bien de l’administration centrale que déconcentrée.

Ministère de la Fonction publique, du travail
et de la sécurité sociale