La session extraordinaire du conseil municipal convoquée ce matin n’a pu se tenir. En cause, une fronde des 118 conseillers de l’opposition contre des points de l’ordre du jour a contraint le maire à la reporter

Ambiance très surchauffée ce matin lors de la session extraordinaire du conseil municipal convoquée par le maire de la commune de Ouagadougou, Armand Beouindé.
Equipés de sifflets qu’ils ont bruyamment actionnés, les conseillers de l’opposition l’ont contraint à la reporter demain matin, sans que l’on puisse dire que les esprits se seront apaisés. Ce qui s’est passé était prévisible. Trois des 13 points inscrits à l’ordre du jour sur lesquels les conseillers devaient plancher posaient déjà problème lors des discussions en commission de finances. Il s’agit de l’examen du projet de délibération portant révision des seuils d’approbation des résultats des travaux de la commission d’attribution des marchés publics (CAM), l’examen et l’adoption du projet de délibération portant révision des seuils d’autorisations de conclusion des marchés par la procédure d’entente directe, et enfin l’examen et l’adoption du projet de délibération portant définition des seuils de recours à la procédure d’appel d’offres restreint.
"En commission des finances en décembre dernier, nous avions combattu ces projets et avons demandé qu’ils soient retirés de l’ordre du jour, mais nous n’avons pas été écoutés", explique le président CDP de la commission finances de l’arrondissement 6 de Ouaga. Selon lui, le bureau du conseil municipal "veut repousser de 100 millions à 1 milliard le seuil d’approbation des marchés, octroyer des marchés de 500 millions par entente directe contre 50 avant, et le même montant pour les marchés par la procédure restreinte".

La même requête a été envoyée au maire ce matin par des conseillers CDP et UPC et "le maire a promis de nous donner la réponse dès l’ouverture de la session", explique un conseiller UPC. Auront-ils la réponse à leur requête demain, nouvelle date fixée par la majorité municipale pour la tenue de la session ? Rien n’est moins sûr. Car l’opposition, qui a organisé une "mutinerie civile" dans l’enceinte de la marie n’entend pas baisser les bras. Tout est allé vite ce matin. Dès que le maire et les membres du bureau sont arrivés, l’opposition municipale a ouvertement posé le problème des points querellés.
"On n’a même pas accepté qu’on fasse la liste de présence pour savoir si le quorum est atteint ou pas, car c’était un piège", raconte le même conseiller .
Comme pris de court, les membres du bureau du conseil municipal se sont retirés dans une salle pour se concerter. Quelques minutes après, ils reviennent et décident d’ouvrir la session. Nouvelles manifestations de protestation de l’opposition. Le bureau se retire à nouveau pour définir la conduite à tenir. De retour, le maire annonce le report de la session pour demain, compte tenu de l’ambiance pour le moins délétère.
La police qui a été déployée dans la cour de la mairie sera certainement renforcée demain matin. En plus des trois points de la discorde, certains conseillers contestent le volume de travail à liquider en une journée au lieu de deux jours. "Nous avons reçu des documents volumineux il y a deux jours ; comment pouvons-nous les lire attentivement et apporter des amendements pertinents", interroge, furieux, un conseiller UPC.
Après la mairie, l’opposition municipale s’est déportée au siège du chef de file de l’opposition où elle a été reçue par le président Zéphirin Diabré. "Nous nous sommes réunis ici pour analyser la situation et adopter la conduite, confie Constant Ouédraogo, conseiller CDP de l’arrondissement 9.

Kaceto.net