Plus de trois mois après le début de la crise qui frappe le secteur de l’éducation nationale, les négociations entre le gouvernement et les syndicats tardent à aboutir. Le spectre d’une année blanche commence à hanter les esprits

Les négociations entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation nationale coincent, et rien n’indique que les choses pourraient se décoincer dans les jours à venir. La semaine dernière, les déclarations des uns et des autres avaient laissé penser qu’un accord était sur le point d’être signé, au plus tard vendredi 19 janvier.
Sur les 23 points de la plateforme élaborée par la coordination nationale de l’éducation, les deux parties butaient sur quatre : les indemnités de logement, les indemnités spécifiques, le trousseau de rentrée et le statut de l’enseignant.
Le 16 janvier dernier, à la fin des négociations de la journée, un des délégués syndical, Wendyam Zongo, avait déclaré sur le perron de la primature, que « ce soir quand même, nous pouvons dire qu’il y a eu des avancées, des propositions nous ont été faites et nous avons sollicité à ce qu’on mette à notre disposition un document qui nous permette d’apprécier ces propositions et dans les jours à venir nous allons voir dans quelle mesure nous allons suspendre nos mots d’ordre de grève qui sont en cours ». Des propos très optimistes qui avaient mis du baume au cœur des parents d’élèves, angoissés à l’idée de devoir payer deux fois pour la même année. L’espoir que les déclarations du syndicaliste n’a donc été que de courte durée, car à la date d’aujourd’hui, il faut bien se rendre à l’évidence : rien, absolument rien ne permet d’espérer une sortie de crise avant fin janvier. Doucement, mais certainement, on s’approche dangereusement de la zone rouge où il serait techniquement impossible de sauver l’année scolaire. Il y a donc danger. L’heure est grave, comme dirait l’autre.
Aux dernières nouvelles, les négociations achopperaient désormais sur un seul point : le statut de l’enseignant. « Nous n’avons jamais demandé un statut autonome, mais un statut revalorisant de l’enseignant », avaient déclaré les syndicats lors d’une conférence de presse le 13 janvier. Calculette en main, le gouvernement n’y voit qu’un jeu de mots, un élément de langage qui aboutit au même résultat. On a donc le sentiment d’assister à deux monologues qui se développent parallèlement sans possibilité de se croiser.
L’Union nationale des associations des parents d’élèves du secondaire et du supérieur du Burkina (UNAPES-B), qui se démène pratiquement seule depuis le début de la crise pour rapprocher les deux parties, croit toujours que rien n’est encore perdu, que l’année peut encore être sauvée. Mais à l’étape actuelle de la crise, toutes les autorités morales et spirituelles doivent désormais se mobiliser pour faire pression sur les deux parties afin de conjurer le spectre d’une année blanche.

Joachim Vokouma
Kaceto.net