Un protocole d’accord est annoncé aujourd’hui entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation nationale, qui revendiquent depuis trois mois de meilleures conditions de travail pour eux et les élèves. Une nouvelle que l’opinion accueille avec prudence

Le gouvernement et les quinze syndicats réunis au sein de la Coordination nationale de l’éducation nationale (CNE) vont-ils enfin trouver un terrain d’entente et signer un protocole d’accord d’ici la fin de ce week-end ? On veut bien le croire. Hier, dans la soirée, à l’issue d’une rencontre élargie aux autorités religieuses, coutumières et à l’Union nationale des associations des parents d’élèves du secondaire et du supérieur (UNAPES-B) qui s’est tenue à la primature, le président de la faîtière des Associations de parents d’élèves (APE), Hector Ouédraogo, a annoncé qu’un accord était attendu aujourd’hui. Mais, les Burkinabè, devenus des "Saint- Thomas" attendent de voir. Instruits par le passé, ils ne veulent plus croire aux simples annonces. Ils n’ont pas tort.
Que ce soit le président de l’UNAPES-B, et non le premier ministre ou le président de la CNE, Wendyam Zongo, qui commente la réunion sur le perron de la primature suffit déjà pour garder une grande prudence quant à la suite des événements. Après tout, l’UNAPES-B n’est qu’un facilitateur dans cette crise, et il revenait aux principaux protagonistes d’annoncer la nouvelle aux Burkinabè. En se débinant, faut-il comprendre qu’eux-même n’y croient pas trop à un accord de sortie de crise ? Comme nous l’écrivions hier, les négociations achoppent particulièrement sur le statut de l’enseignant et la CNE tient absolument à signer un accord global et non circonstancié, quitte à poursuivre les négociations plus tard.
La journée d’aujourd’hui est donc celle de tous les espoirs. Pour les élèves que la perspectives d’une année blanche angoisse au point qu’ils dérapent par endroits dans l’expression de leur inquiétude. La séquestration d’un proviseur à Pouytenga, la mise en berne du drapeau national à Koudougou, les manifestations de rues et les scènes de violences auxquelles nous avons assisté cette semaine doivent être bannies. Hier à Fada Ngourma, une manifestation d’élèves s’est terminée en course-poursuite avec les forces de l’ordre. Bilan : cinq blessés, dont deux ont été reçus au CHR et trois au CSPS. Tous ont regagné leur domicile après avoir reçu des soins. Fort heureusement, et contrairement à la rumeur qui s’est répandue dans la ville et sur les réseaux sociaux, de sources hospitalières, aucun élève n’est décédé suite à ses blessures.
Mais de toute évidence, seule la reprise du déroulement normal des activités pédagogiques évitera que la chienlit s’installe dans le pays.
Pour les parents d’élèves dont certains n’ont pas encore fini de payer les frais de scolarité de leurs enfants, et que le spectre d’une année blanche perturbe le sommeil, la signature d’un protocole d’accord sera plus qu’un soulagement.
Les regards sont tournés vers la primature, scrutant la fumée blanche, signe que la crise est désormais derrière nous.

Kaceto.net