Parmi les points de la plateforme de la Coordination nationale des syndicats de l’éducation nationale, figure la réhabilitation du secteur de l’éducation non formelle et de l’alphabétisation. On y apprend que 51% d’enfants burkinabè sont hors du système classique, qu’il fait aider à retrouver une scolarisation normale par le biais de la scolarisation accélérée.
Dans l’interview que nous a accordée Dominique Sanou, inspecteur, chef de service des Etudes et de la recherche en éducation formelle, point focal terrain de la Stratégie de scolarisation accélérée/passerelles, explique les contours de ce programme et les moyens mobilisés pour corriger les impairs du système classique.

Qu’est-ce que la Stratégie de scolarisation accélérée ?

Mise en œuvre dans trois pays (Mali, Niger, Burkina Faso), la stratégie de scolarisation accélérée permet en nef (9 mois) d’enseignement, de pouvoir intégrer en 4éme année (CE2) des enfants déscolarisés précoces ou non scolarisés.
L’apprentissage se fait dans la langue maternelle de l’apprenant au cours des deux premiers mois du programme. On lui apprend à transcrire sa langue en deux mois et les sept mois restants, on lui dispense un condensé du programme de la première à la 3ème année de l’enseignement de base (CP1 au CE1).
Les matières enseignées sont le français, les mathématiques, les compétences de vie courante, à savoir les exercices d’observation, l’histoire et la géographie.
Ce programme concerne les enfants de 9 à 12 ans parce qu’il n’a pas pour objet de concurrencer l’école formelle, mais de réparer les impairs de celle-ci. Le curriculum des 1ère, 2ème et 3ème années a été élaboré en 2009.

Historiquement, depuis quand et où ce programme a-t-il été expérimenté ?

Cette stratégie existe depuis 2004 au Mali et a été expérimentée pour la première fois au Burkina en 2006 et au Niger en 2007. Elle a été initiée par la Fondation Norvégienne Stromme dont le siège est au Mali, mais il y a un coordonnateur pour chacun des trois pays (Burkina, Mali, Niger) et un Secrétariat permanent sous- régional dont le siège est au Mali. Ce Secrétariat permanent est chargé de faire des plaidoyers auprès des institutions pour intéresser les bailleurs de fonds. C’est ainsi que le projet « PAS PLUS » est né et est piloté par « Plan Burkina », financé par une fondation Qatari. Il a pour ambition de scolariser 181 000 enfants dans les trois pays. Des actions de sensibilisation sont menées à l’endroit des parents et les communautés pour les amener à inscrire leurs enfants à l’école.

Quelle est la répartition géographique des centres au Burkina ?

Ce sont les ONG qui déterminent les régions d’intervention. A titre d’exemple, nous pouvons citer les plus actives en éducation au Burkina Faso. Elles sont commises pour la mise en œuvre des activités des centres. Il s’agit entre autres de : FDC-BF, AFDR, ANTEBA, SOS BURKINA, AFDC, ARCOP, ADEFAD, CREDO, Plan Burkina (qui a ouvert de nombreux centres cette année). Chacun a sa zone d’intervention.
Nous couvrons 20 provinces au Burkina Faso : Yatenga, Zandoma, Sissili, Passoré, Kadiogo, Namentenga, Kénédougou, Kourwéogo, Bazèga, Bam, Sanmatenga, Séno, Loroum, Boulgou, Koulpelgo, Ioba, Poni, Noumbiel, Bougouriba.
C’est la communauté qui met le local à la disposition de l’animateur. Il faut une école d’accueil qui soit en mesure de recevoir les apprenants à l’issue de leur formation en les intégrant ainsi dans le milieu scolaire.

Comment fonctionnent les centres de formation ?

Chaque centre est dirigé par un animateur ayant le niveau de la classe de 3ème ou le BEPC. Il doit aussi avoir une parfaite maitrise de la langue de transfert. Il travaille sous la guidance d’un superviseur qui a la charge de superviser dix centres et doit passer dans chaque centre trois fois par mois. Le superviseur doit veiller au bon fonctionnement du centre en assurant le suivi et en effectuant trois contrôles par mois. Il est sous la responsabilité du coordonnateur qui gère vingt centres. Il doit veiller au bon déroulement des activités de chacun des centres qu’il doit visiter une fois par mois. Il y a enfin le point focal, qui est en relation avec les ONG et qui assure le suivi des centres au niveau décentralisé. Les conseillers pédagogiques itinérants, les inspecteurs de l’enseignement du 1er degré, les directeurs provinciaux de l’enseignement primaire, préscolaire et non formel (dppnef) sont impliqués. En plus de cela, il y a un Comité de pilotage et aussi un Conseil d’orientation.
« Plan Burkina » a ouvert de nombreux centres cette année et chaque centre a une durée de vie d’au moins deux ans dans un village. Il est en paillotte ou un local d’emprunt. C’est la communauté qui met le local à la disposition de l’animateur. Il faut une école à proximité du centre qui soit en mesure d’accueillir les enfants formés en les intégrant ainsi dans le système éducatif.
Le coordonnateur et le superviseur sont chacun équipés d’une moto afin de mener à bien les missions qui leur sont confiées.

Propos recueillis par Kadiatou Dicko
Kaceto.net