Nous avons publié dans notre édition du 30 janvier dernier, une tribune de Yves Millogo, ancien secrétaire général de la section France du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dans laquelle il s’étonnait que la présidence du parti ne soit pas confiée au président légal, Eddie Komboïgo, après qu’il ait été blanchi dans l’affaire du coup d’Etat de septembre 2015.
Son camarade de parti, le professeur Gérard Segda lui répond et lui rappelle que c’est dans des conditions exceptionnelles qu’Eddie Komboïgo avait été porté à la présidence du CDP, et révèle que ce dernier a foulé au pied des engagements pris devant des grandes figures du parti en présentant sa candidature à l’élection présidentielle. Laquelle a été invalidée au regard des dispositions du nouveau code électoral. Tout simplement par qu’il "nourrissait des ambitions présidentielles fondées sur un ego surdimensionné" !
Le prochain congrès du CDP s’annonce animé !

J’ai lu comme tout le monde l’article « RÉTABLIR LA PRÉSIDENCE LÉGALE POUR LA RECONSTRUCTION DU CDP DEVIENT UNE (...) 2018-01-30 publié sous la signature de mon camarade du CDP, Yves MILOGO, paru dans ‘’Kaceto.net’’ et dans le journal ‘’Le Pays numéro 6518’’ du lundi 29 janvier 2018’’.sous le titre « La guerre de Troie aura-t-elle lieu ? »
Je me vois obligé de briser le silence que j’avais gardé par devoir de réserve, en m’interdisant de débattre de la vie interne de notre parti dans les médias, pour ne pas prêter le flanc aux détracteurs du CDP de tous bords et simplement par décence. Je suis un militant du Congrès pour la Démocratie et le Progrès mais également et surtout un cadre du parti. Je suis membre du Bureau Politique National (BPN) depuis août 2003 et membre du Bureau Exécutif national (BEN) puis 2015. J’ai été député au titre du CDP au cours de la 5ème législature, soit de 2012 à 2014.
Le camarade Yves MILOGO ancien secrétaire général de la section France du CDP est un grand cadre du parti, mais j’ai l’impression que, loin du Faso, il n’appréhende pas complètement ( l) les réalités du terrain politique du pays. Ou alors s’il les connaît, il ne donne pas une vraie lecture de la situation avec le sens de la rigueur et de la vérité qu’on lui reconnait habituellement. Il est possible également que sa bonne foi ait été abusée.
Yves MILOGO est un grand militant que je respecte beaucoup et c’est en cela que sa position m’étonne énormément. D’abord dans quelles circonstances Eddie KOMBOIGO a-t-il accédé à la présidence de notre parti et comment cela a-t-il été possible alors même qu’on ne lui connaissait aucun passé politique significatif et que sa seule notoriété se limitait au monde des affaires ?
Eddie KOMBOIGO, jusqu’au Congrès de mars 2012 et à son élection comme député en 2012, n’a jamais été membre du Bureau politique national (BPN) du CDP. Cette instance est l’organe principal de direction collégiale et de définition des orientations politiques du parti entre deux congrès. Eddie KOMBOIGO n’a jamais été, non plus, membre du Bureau exécutif National (BEN), qui constitue la direction exécutive, opérationnelle du parti. Pas plus qu’il n’a été membre d’une des structures de base du parti : section provinciale ou sous-section départementale, ou coordination spécifique. Ce n’est qu’en 2012 qu’il a accédé au Bureau Politique National du CDP, à la suite de son élection au Congrès de mars juste avant qu’il ne soit député du Passoré (YAKO). Vu ce parcours militant des plus sommaires, il saute aux yeux que le camarade Eddie KOMBOIGO doit considérer son accession au poste de Président du CDP comme une chance inespérée, justifiée par les circonstances troubles de l’époque. Lorsqu’on bénéficie d’une telle chance, il faut ensuite s’employer à la mériter.
Combien de cadres du parti avaient-ils donné leur accord, en toute connaissance de cause, pour qu’il prenne les rênes de la direction du parti, alors même qu’il était inconnu de la plupart ? Ce sont les anciens députés de la cinquième mandature (restés fidèles au CDP) qui ont porté et soutenu sa candidature à la présidence du parti. Ils l’ont fait avec l’idée que le choix d’Eddie KOMBOIGO répondait aux nécessités du moment, quand bien même cette désignation n’obéissait pas aux règles et aux principes de fonctionnement du parti. Considérant la traversée du désert et le climat d’oppression auxquels le parti devait faire face après les évènements des 30 et 31 octobre 2014, ils ont estimé, en toute bonne foi, que le fait que Eddie KOMBOIGO n’ait jamais assumé de responsabilité politique de très haut niveau au sein du parti, ni occupé aucune fonction de premier plan dans l’appareil d’Etat, pouvait constituer un atout pour la direction du CDP dans cette période particulière . S’y ajoutaient également l’argument de sa jeunesse et de sa capacité présumée à assurer le financement de l’activité du parti. C’est sur la base de ces considérations qu’un noyau d’anciens députés s’est constitué autour de lui, pour promouvoir sa candidature à la présidence du parti. C’est ce qui explique en partie le thème du Congrès des 9 et 10 mai 2015 « Face aux défis actuels et futurs, bâtissons un CDP en phase avec notre temps ».
Conscient de ses limites en termes de background et bagage politiques, le groupe d’anciens parlementaires qui le soutenait, pensait que l’exercice de son mandat à la tête du parti devait être encadré par certaines précautions discutées en commun avec Eddie KOMBOIGO et clairement acceptées par lui, sur la base d’un « gentlemen’s agreement ». Les principaux éléments de cet accord non-écrit étaient les suivants :
1) Eddie KOMBOIGO ne devait pas se présenter aux élections présidentielles de 2015. Une large concertation devait être engagée au sein du parti, avec sa participation, pour identifier le candidat du CDP pour l’élection présidentielle. Pourquoi cette option qui consistait à écarter a priori la candidature du Président en exercice du parti ? Parce que le groupe de soutien avait le souci de trouver un candidat qui ne serait pas menacé par le risque d’être déclaré inéligible du fait des mesures d’exclusion politiques, qui se sont concrétisées avec l’adoption de la révision du code électoral.
2) Eddie KOMBOIGO devait maintenir et entretenir une concertation permanente avec le noyau des anciens députés qui avaient porté sa candidature à la présidence du parti, afin de veiller à ce que son action se développe dans le meilleur intérêt du CDP.
Malheureusement, le jeune Eddie KOMBOIGO, faisant preuve d’amateurisme politique, nourrissait des ambitions présidentielles fondées sur un ego surdimensionné.
C’est pourquoi, les faits qui ont suivi, démontrent à loisir qu’Eddie KOMBOIGO a trahi ces engagements explicites pris devant ceux qui lui ont fait confiance. Mû par une mégalomanie insensée, il s’est obstiné à présenter sa candidature à l’élection présidentielle, au mépris de ses promesses antérieures, alors qu’il savait pertinemment que la révision du code électoral pouvait l’exclure de cette compétition, privant du même coup le CDP d’un candidat. En agissant avec une telle légèreté coupable, il a trahi aussi notre parti en le plaçant en marge d’un scrutin majeur, par pur égocentrisme.
Camarade Yves, peux-tu m’expliquer pourquoi Eddy a non seulement fermé la possibilité des dépôts des candidatures à la candidature des présidentielles au sein du parti, mais surtout a précipité son investiture alors qu’on lui avait demandé le mercredi avant ce congrès d’investiture, d’attendre la décision de la Cour de justice de la CEDEAO qui devait être connue le lundi ?

Concernant la vie du parti depuis 2015, j’invite notre camarade Yves MILOGO à se poser certaines questions et à en chercher les réponses. Ces questions qui méritent d’être posées et que notre camarade MILOGO ne pose pas sont :
1) Pourquoi le Bureau politique du parti a-t-il décidé de confier la présidence du parti à un intérimaire depuis 2015 ? Pourquoi cet intérim a-t-il été prorogé par le Bureau politique le 30 septembre 2017 ?
2) Combien de camarades étaient dans la même situation même pire qu’Eddie KOMBOIGO ? ont-ils oui ou non repris leurs places dans la direction du parti et pourquoi pas Eddie ?
3) Pourquoi lui seul a été disculpé dans un premier temps, suivi après par d’autres camarades ? Quelle manœuvre politique cache cette complaisance sélective d’une justice que nous savons instrumentalisée ?
4) Lorsqu’on examine les cas des grands leaders des partis politiques emprisonnés au Burkina ou à travers le monde, ont-ils eu le même comportement qu’Eddie KOMBOIGO ?
5) Est-il responsable et même décent de la part du dirigeant d’un parti d’organiser une succession de manifestations festives pour célébrer son élargissement alors même d’autres militants du parti sont poursuivis pour les mêmes faits politiques, ou pour des causes connexes ?Est-il décent de féliciter la justice d’exception qui est à l’œuvre dans notre pays, alors que les partis de l’opposition républicaine, de nombreuses organisations de la société civile et même certains anciens activistes de l’insurrection s’emploient à en demander la suppression ?
6) Eddie KOMBOIGO poursuit-il l’agenda de soumettre la vie du CDP à son rêve de devenir Président du Faso, au prix de toutes les compromissions et quitte à détruire ou à affaiblir notre parti ?
7) Le comportement qu’il a montré depuis sa nomination en 2015 et singulièrement depuis qu’il bénéficié d’un non-lieu relève-t-il de la maturité politique, du courage, de l’esprit de responsabilité, de l’humilité qu’exigent les fonctions de président d’un grand parti ? Ne démontre-t-il pas exactement l’inverse de ces qualités, jusqu’à la caricature ?
Bien de questions qu’on ne finira pas de se poser.
D’abord j’aimerais rappeler certains faits à notre camarade de Paris :
Du point de vue des statuts et règlement intérieur du CDP, Eddie KOMBOIGO est toujours le Président du parti et personne, ni aucune instance ou organe, n’a remis cela en cause. Seulement, son comportement immature et irresponsable l’a conduit à se mettre lui-même à l’écart du parti. Pourquoi ? Quand il a fui le pays après la tentative de putsch du 16 septembre 2015, abandonnant ainsi son parti à la vindicte de certaines organisations politico-civiles, Eddie KOMBOIGO n’a jamais, plus de 4 mois durant, donné signe de vie ni à aucun organe du parti, ni à aucun responsable, c’est-à-dire aux vices présidents qui devaient gérer les affaires courantes du parti en son absence. A titre personnel, j’ai pu échanger des messages avec lui par « viber », à plusieurs reprises. En fait, il se contentait de répondre aux messages que je lui adressais, ne prenant jamais l’initiative de cette communication. C’est ainsi que je lui recommandai un jour à revenir au pays. Il me répondit que tant que la Transition ne prendrait pas fin, il ne rentrerait pas. Je lui demandai s’il avait vraiment commis une infraction liée au putsch manqué et s’il reconnaissait les accusations d’implication formulées à son égard par la rumeur. Il me répondit par la négative. Je lui indiquai alors que s’il ne rentrait pas, sa présence à l’extérieur du pays accréditerait son implication et renforcerait du même coup les rumeurs qui couraient à son sujet dans cette affaire.
Autre élément plus important, je lui fis savoir que tout le monde se plaignait de son silence au niveau du parti et qu’il était impératif qu’il entrât en contact formellement avec les instances du parti, ne serait-ce que par le canal de ses plus proches collaborateurs c’est-à-dire les vices-présidents et quelques membres du secrétariat permanent. Il me répondit qu’il n’avait plus leurs coordonnées. En toute bonne foi, je lui communiquai les numéros de quelques-uns des vices présidents. A ma connaissance et renseignements pris, Eddie KOMBOIGOI n’a pris contact avec aucun de ces dirigeants, en dehors des échanges qu’il avait avec ceux des membres du parti avec lesquels il entretenait une relation personnelle, d’ordre privé.

Le premier responsable d’un parti de gouvernement comme le CDP a le devoir impérieux de maintenir un contact avec les autres dirigeants du parti, quelque que soient les difficultés dans lesquelles il se trouve, à moins qu’un cas de force majeure l’en empêche. Face à la tourmente que connaissait le parti, il devait trouver le moyen de communiquer avec les autres dirigeants pour les informer de sa situation, les encourager et les féliciter pour les efforts qu’ils consentaient afin d’assurer la survie du parti. D’autres dirigeants politiques en Afrique et ailleurs ont affronté des situations plus périlleuses sans renoncer à leurs convictions et à leur engagement, même de façon temporaire et opportune.
Me viennent en mémoire les exemples de Oliver TAMBO, Thabo MBEKI, Samora MACHEL, sans parler de Nelson MANDELA. Plus près de nous, même Laurent GBAGBO depuis son lieu d’incarcération de La Haye n’hésite pas à se manifester auprès des militants de son parti pour leur insuffler du courage. Je ne demandais pas à Eddie KOMBOIGO de faire d’héroïsme, mais simplement de se montrer à la hauteur de ses responsabilités par des gestes simples. Mais rien
Lorsque Eddie KOMBOIGO est rentré au pays le 21 janvier 2016, il a été arrêté et placé en garde à vue. Je lui ai rendu visite 2 fois à la gendarmerie. Lorsqu’il a été déféré à la MACA au Camp Sangoulé LAMIZANA, je lui ai rendu visite plus de 3 fois. Lorsqu’il a bénéficié d’une liberté provisoire en fin mai 2016, de nombreux militants lui ont rendu visite à son domicile pour lui témoigner solidarité et respect. Lui-même a refusé qu’on organise des célébrations et de grands rassemblements pour marquer sa libération. J’ai dû enfreindre cette consigne pour qu’une cinquantaine de militants de ma province d’origine, le KOULPELOGO, se rende à son domicile pour le saluer. C’est dire, cher camarade MILOGO, que je ne peux pas être suspecté de sectarisme, ni d’hostilité personnelle envers Eddie KOMBOIGO. Il est un petit frère, un vrai frère.
Au surplus, lorsque Eddie KOMBOIGO a repris son activité professionnelle après sa libération, je me suis rendu à son bureau pour lui demander de reprendre sa place à la tête du Bureau exécutif du CDP. Mon idée était que, même en s’abstenant de prendre part à des réunions publiques, il pouvait reprendre la direction du parti en établissant une collaboration étroite avec le Secrétariat permanent et d’autres cadres du CDP, de manière à manifester son implication dans la gestion du parti. Il a totalement refusé cette suggestion, arguant que ses avocats lui avaient fortement déconseillé toute immixtion dans la vie politique, pour ne pas aggraver sa situation. Quel crédit peut-on accorder au président d’un grand parti, dûment reconnu, qui craint de s’exposer comme dirigeant de cette formation, même de façon discrète, alors que d’autres responsables et militants n’hésitent à pas à donner la preuve de leur engagement politique, dans le strict respect des lois en vigueur dans notre pays ? Je donne l’exemple du camarade Léonce KONE qui a subi 10 mois de détention préventive, alors que Eddie KOMBOIGO n’a connu que 4 mois. Les camarades Salia SANOU, Adama ZONGO, Noel SOURWEMA et Marin Casimir ILBOUDO ont été détenus pendant plus d’un an, pour ne citer que ces noms, car la liste n’est pas exhaustive. Ces camarades, dont plusieurs sont en liberté provisoire, viennent aux réunions des instances et organes auxquels ils appartiennent, prennent la parole, font des rencontres au grand jour, tandis que le président du parti qui n’a exercé réellement son mandat que pendant 4 mois (10 mai 2015- 16 septembre 2015) depuis sa désignation par le congrès a littéralement disparu des instances et organes du parti depuis plus de 2 ans, pour resurgir subitement de sa cachette avec la prétention arrogante de reprendre la direction opérationnelle du parti, sous le prétexte qu’il se sent désormais en sécurité.
Lorsque vous écrivez : « Après des investigations et des procédures judiciaires, des responsables ont été innocentés des accusations qui pesaient sur eux. C’est le cas du président du parti, Eddie Komboïgo et de certains camarades. En l’absence de ces responsables, le parti a fonctionné et fonctionne encore avec un dispositif intérimaire. La grande question qui se pose actuellement est de savoir si les camarades innocentés des poursuites judiciaires doivent reprendre ou pas leur place dans l’organigramme du parti. Telle est la pomme de discorde qui pourrait conduire le CDP à la guerre de Troie . Cette question loin d’être banale ou anodine, pose trois problèmes importants qui minent la vie et le fonctionnement de notre famille politique.

Il s’agit principalement de la mise en phase du CDP avec son temps (c’est-à-dire son aggiornamento), du respect de la légalité dans ses décisions et dans ses actions, et du choix du principe démocratique dans son fonctionnement. »
Vous voyez bien de ce qui précède, que tous les militants et responsables accusés, emprisonnés et relaxés sont tous venus se présenter aux instances du parti qui les ont bien ovationnés et ils ont repris leurs places et rôles, sauf Eddie KOMBOIGO. Qu’en pensez-vous ? N’êtes-vous pas interpellé par les raisons qui ont pu conduire le Bureau politique national du parti à prendre des mesures de sauvegarde ainsi
qu’il en a la mission ?
Avant le 29 décembre 2017 jour du prononcé du délibéré de la Chambre de Contrôle de l’instruction du tribunal militaire, des réunions discrètes se sont tenues chez Eddie KOMBOIGO et ailleurs pour préparer sa réinstallation à la tête du CDP, ou, comme le disent certains si subtilement « la reprise de sa chose ». Deux semaines durant des organisations et structures parallèles ont été mises en place à cette fin, sans impliquer la direction politique du parti et en marge de son fonctionnement régulier. Des individus militants et responsables (dont je vais taire les noms) ont été cooptés par-ci, par-là pour mobiliser des jeunes afin qu’ils soient rassemblés devant le tribunal militaire pour célébrer bruyamment le prononcé du non-lieu de Eddie KOMBOIGO. Ces jeunes, recrutés à Bobo-Dioulasso, à Yako et à Ouagadougou ont été rémunérés pour leur participation à cette exhibition. Certains d’entre eux ne sont même pas militants du CDP. C’est également avec la même impudence qu’a été organisé le déplacement tapageur de Eddie KOMBOIGO à Yako, organisé en dehors des structures locales du parti et à l’insu de la direction nationale. Si vous regardez bien les images, vous ne verrez aucun vice-président, aucun secrétaire général adjoint ni celui à l’organisation. Ce type de manifestations d’auto-célébration ne correspond pas à l’image de décence, de solidarité et d’esprit de responsabilité que le CDP souhaite donner à ses militants et à l’opinion nationale. En outre, il amène un nombre croissant de nos militants à se demander pourquoi Eddie KOMBOIGO multiplie actuellement des initiatives de propagande personnelle en dehors des structures du parti. Cela en soi constitue des erreurs graves qui s’ajoutent à ses nombreux manquements passés.
Les agents permanents du siège du parti ont travaillé de nombreux mois sans recevoir de salaire depuis 2015. Il a fallu que la commission Ad’ hoc et particulièrement son Président Léonce KONE s’engagent pour leur assurer une rémunération régulière, en attendant l’apurement de leurs arriérés de salaires. Où était Eddie KOMBOIGO pendant ce temps ? Occupé à savourer ses loisirs, qu’il faisait partager à ses supporters, par procuration, en publiant des photos de ses voyages sur les réseaux sociaux.
Le siège national qui porte encore les stigmates des événements des 30 et 31 Octobre 2014, est en réfection lentement mais surement pour permettre aux militants, instances et organes du parti d’y mener les activités du parti. Eddie ne sait même pas par qui et comment les réfections ont été faites ? Les chaises que les militants et les membres du BEN et BPN utilisent en ce moment, Eddie ne sait même pas comment le parti les a acquises !
Pour que Eddie KOMBOIGO puisse se revendiquer aujourd’hui comme président de plein exercice du CDP, et revendiquer « sa chose », il a fallu que des vaillants militants loyaux, fidèles et courageux se battent sur le terrain, pour faire revivre le parti, assurer son redressement, en surmontant des obstacles innombrables et, singulièrement la simple peur de l’adversité. Je connais les quelques camarades qui s’activent autour de lui pour revendiquer sans le moindre discernement que la direction effective du CDP lui soit restituée, comme une « chose » qui lui appartient. Ce sont les mêmes qui n’ont pas hésité à déclarer publiquement que le défunt Salif DIALLO, ou Yacouba Isaac ZIDA étaient leurs « idoles », avec un opportunisme et un goût de la flagornerie qui ne sont pas dignes du CDP. Il y en a parmi eux qui ont eu des financements de leurs idoles avant les élections.
L’humilité est une vertu nécessaire en politique et dans la vie sociale. Elle s’impose encore plus lorsqu’on a manqué à ses obligations envers une collectivité soit volontairement soit involontairement. Quelles que puissent être les explications de son comportement depuis 2015, Eddie KOMBOIGO a manqué de l’humilité la plus élémentaire dans ses relations avec les instances du parti, avec les dirigeants et avec les militants. A sa sortie de prison, il aurait dû se présenter devant les organes et instances du parti, faire amende honorable pour le silence qu’il avait observé de septembre 2015 jusqu’à son incarcération, reconnaître, féliciter, encourager et saluer le travail qui a été accompli en son absence pour maintenir le parti en vie et même mieux, le redresser. Ensuite, modestement, il aurait pu manifester sa disponibilité pour reprendre rang dans la gestion du parti, en apportant sa contribution à la dynamique engagée. Une telle approche aurait permis, en dépit des réticences et de la déception qu’il avait suscitées, de renouer progressivement des relations de confiance avec les organes du parti et ses militants. Au lieu de cela, il a choisi de se réinstaller de force à la tête du parti, sans vergogne, en faisant fi des décisions conservatoires prises par le Bureau exécutif national et par le Bureau politique national pour assurer la survie et la relance du CDP. Pour ce faire, il a choisi de contourner les organes et les structures du parti, en recrutant des partisans auxquels il distribue de l’argent, des téléphones portables, des voitures même et des motos dans le but de déstabiliser les structures du CDP, qui sont en voie de reconstruction. Cette action de sabotage du parti, venant d’une personne qui s’en revendique le premier responsable, est inacceptable. Si vous connaissez des personnes fiables et loyales sur le terrain ici au Burkina, renseignez-vous.
La vitrine la plus visible du parti aujourd’hui est son groupe parlementaire. C’est également à travers cette représentation au Parlement que le CDP participe au débat démocratique et républicain sur les grandes questions nationales. Retenons que le scrutin présidentiel et les élections législatives se sont déroulées pendant que le Président Eddie était en fuite du pays et que les militants du CDP ont affronté ce combat électoral avec courage et abnégation, en disposant de ressources financières modiques. Grâce au dévouement de ses militants et au leadership clairvoyant de sa directrice nationale de campagne, notre camarade Juliette BONKOUNGOU, le CDP a réalisé un score plus qu’honorable à ce scrutin, en obtenant 18 députés, alors que certains prédisaient sa disparition pure et simple de la représentation parlementaire et de l’échiquier politique national. L’humilité, le bon sens de la reconnaissance et l’esprit de responsabilité auraient dû conduire Eddie KOMBOIGO à sa sortie de prison, à rencontrer le groupe parlementaire CDP pour saluer ses membres, les féliciter et louer leur courage et leur combativité au vu des résultats obtenus, avant de se lancer dans l’aventure intrépide de son repositionnement comme chef du parti. Il ne l’a pas fait, donnant l’impression qu’il considérait ces camarades députés aussi comme quantité négligeable. Venant d’un militant qui n’a eu pour seul titre politique passé qu’un mandat écourté de député, ce mépris est inconvenant à fortiori venant du premier responsable du parti.
Vous écrivez par ailleurs ceci : « Au sortir au VIè Congrès le 10 mai 2015, le CDP s’orientait vers cette première exigence de son aggiornamento en faisant le choix d’un président qui incarnait une vision en cohérence avec son temps pour répondre aux aspirations de la majorité des militants et des populations du Faso. Ce choix, devait permettre au parti d’évoluer de manière sincère et ferme vers la réalisation des actions constructives et de progrès. ». Oui Yves. Cependant est-ce que le choix d’Eddie n’est pas une erreur de l’histoire de notre parti si on prend en considération tout ce qui précède ?
Enfin, je crois utile, cher camarade MILOGO, de vous inviter à une lecture attentive des Statuts et Règlement du CDP, notamment en leurs dispositions qui précisent les prérogatives du Bureau politique national. D’abord, vous conviendrez avec moi que face à la tourmente que connaissait le CDP en septembre 2015 et devant le désarroi causé par la disparition et le mutisme total de son président, notre parti aurait complètement cessé d’exister si d’une part, des militants courageux ne s’étaient pas investis sur le terrain pour le faire survivre et d’autre part, le Bureau politique national n’avait pas pris les mesures de sauvegarde indispensables. Comme vous le savez, il avait été envisagé d’organiser un congrès extraordinaire le 24 septembre 2016 pour régler le problème posé par la vacance du poste de Président. Des contraintes extérieures ont amené à différer ce congrès. Si ce congrès avait eu lieu, on ne parlerait plus aujourd’hui de la place et du rôle de Eddie KOMBOIGO ou de « récupérer sa chose ».
Mais nos textes permettent fort heureusement d’organiser le fonctionnement de la direction du parti, entre deux congrès, en prenant les mesures qu’exigent les circonstances. Ainsi, l’article 38 des Statuts dispose que le Bureau politique national est chargé de : « pourvoir au remplacement en cas de vacance, d’empêchement ou d’indisponibilité constaté d’un membre du Bureau Exécutif National (BEN) et en rendre compte au Conseil National ».
C’est cette prérogative et ce devoir que le Bureau politique national a exercé d’abord à sa session du 24 Octobre 2015, après une analyse approfondie de la situation du parti, en confiant l’intérim de sa présidence au premier Vice-président, notre camarade Achille Marie Joseph TAPSOBA. La décision de la session BPN du 30 septembre 2017 précise que cet intérim court jusqu’à la tenue du prochain congrès du parti, en 2O18. Constatant que la Commission Ad’ hoc a très bien travaillé, ce Bureau Politique national a validé les 37 bureaux des sections provinciales mis en place et prorogé le mandat de la commission jusqu’au Congrès également pour lui permettre d’achever son travail.
Nous avons tous l’obligation militante de nous conformer aux décisions prises par le Bureau politique national. C’est cette instance qui, avec le Conseil National, est habilitée à prendre les grandes décisions que nécessite le fonctionnement du parti, entre deux congrès. En adoptant les mesures précitées, le Bureau politique national a agi dans la stricte limite de ses prérogatives statutaires.
Une autre démarche, de caractère disciplinaire, aurait pu être envisagée, qui aurait conduit, sur la base des multiples manquements qui lui sont imputables, à demander la suspension formelle, voire l’exclusion de Eddie KOMBOIGO. Le Bureau politique national a choisi délibérément de ne pas engager une telle procédure disciplinaire, afin de sauver les apparences de la cohésion du parti et pour ne pas étaler sur la place publique les difficultés de sa direction. Il faut se rappeler que c’est une mesure disciplinaire de cet ordre du BPN qui avait été prise à l’époque à l’encontre de Salif DIALLO, du temps où il était encore Vice-président du CDP et Roch Marc Christian KABORE Président. Dans les circonstances actuelles du CDP, les choses seraient restées en l’état si Eddie KOMBOIGO et ses partisans n’avaient pas cru devoir engager une offensive pour contrecarrer la décision du Bureau politique national, par des initiatives extérieures aux organes du parti et par des déclarations publiques.
Vous écrivez plus loin ceci : « Si un congrès, en tant qu’instance supérieure de décision a conduit des camarades à des responsabilités pour une période donnée et si ces responsables ne sont ne sont pas impliqués dans des procédures judiciaires en cours, la logique veut que ce soit ce congrès qui puisse procéder légalement et légitiment au remplacement de ces mêmes responsables au terme de leur mandat. ». Mais vous ne faites pas référence aux textes fondamentaux du parti ni aux principes de fonctionnement réels du parti.
Le congrès ordinaire du parti se tient tous les trois (3) ans, par conséquent, le parti doit tenir son 7è Congrès ordinaire en 2018.
A présent, l’intérêt du parti qui est celui de tous les militants loyaux, fidèles au parti est d’œuvrer en faveur de la tenue aussi diligente que possible de ce congrès, qui permettra de trouver une solution définitive à ces contradictions, afin que le parti reprenne dans la sérénité la marche prometteuse de sa reconstruction et de son expansion.
Comme beaucoup de mes camarades, je regrette que cette affaire soit portée sur la place publique. Mais je reste plus que jamais confiant dans la solidité du parti, de ses organes et de ses militants. Nous avons surmonté des difficultés plus importantes que celle-ci.
Vive le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP)
Vive le Burkina Faso

Professeur Bila Gérard SEGDA
Militant intrépide du CDP