La nuit renâcle, or le ciel déteint
Et le matin se fait incertain
Dans l’enclos la jument hennit
Dans la case l’amoureux se renie.

Le déferlement de décibels ne tarde guère
Cacophonies des muezzins en guerre
La nature n’oublie pas son devoir
Chant de coqs sanctuaires, aboiements terroir

C’est l’heure où les rues sont encore village
Instant oublieux des cruels rivages
Puis vient le temps des curieux sevrages
Et enfin l’éveil des ombres sans visage

La natte est rugueuse et rurale, Bingo
Le pied est bruyant et urbain, banco
Le dormeur, encore tiède, rumine ses rêves
Et le jour qui naît, éclatant, efface les trêves

La ville, sans pitié, fait plus impudique
Qui crève la nuit de jours artificiels
D’obliques soleils buboniques
Font des yeux laiteux au ciel

Rude et cahotant progrès
Qui emporte nos regrets
Rendez-nous nos vraies nuits
Laissez-nous nos secrets recuits.

Ouahigouya
Ville fille et ville mère
Majesté hargneuse et calmante
C’est ainsi que nous te rêvons

Ouahigouya
Quenouille des temps qui persévère
Compagne aïeule et amante
C’est en toi que nous vivons.

Sayouba Traoré
Journaliste, Ecrivain
Kaceto.net