Le dialogue ouvert lundi à Lomé entre le pouvoir et l’opposition, après six mois de crise politique au Togo, a connu de premières avancées, avec la libération de 45 personnes arrêtées lors des marches contre le pouvoir, l’une des conditions de l’opposition.

Le premier jour des débats, qui s’est déroulé à huis clos en présence du président ghanéen Nana Akufo-Addo, facilitateur dans la crise, a été largement dominé par les "mesures d’apaisement" exigées par l’opposition.

"Le président togolais a décidé d’accorder une grâce présidentielle à 45 des 92 personnes détenues dans les prisons du pays, à la suite de leur participation aux manifestations. La justice togolaise examinera la situation des autres détenus cas par cas", a déclaré à la presse Daniel Osei, porte-parole de la délégation ghanéenne.

"Le cas des 7 personnes toujours en détention dans l’affaire des incendies des marchés (de janvier 2013), sera transmis aux tribunaux pour qu’ils étudient leur demande de liberté provisoire d’ici mercredi", a précisé M. Osei.

L’opposition exige la libération des personnes détenues depuis leur arrestation lors de manifestations contre le pouvoir, ainsi que des personnes poursuivies dans le cadre des incendies de Kara et Lomé, ainsi que le retrait des forces de sécurité dans le nord du pays, comme conditions préalables au dialogue.

"Les discussions se sont déroulées dans une bonne ambiance et ont abouti à des conclusions fructueuses. Les travaux sont suspendus jusqu’à vendredi pour donner le temps aux deux parties de réfléchir à certaines questions qui ont été abordées", a-t-il indiqué.

Le "retour à la Constitution de 1992", principale revendication de l’opposition, sera examiné une fois l’étape des mesures d’apaisement franchie.

"Les deux parties ont convenu que la délégation gouvernementale sera la bienvenue aux discussions. La coalition augmentera à son tour son effectif en fonction du nombre de représentants du gouvernement", a indiqué M. Osei.

Chacune des deux parties - une coalition de 14 partis d’opposition et le parti au pouvoir (Union pour la République, Unir) - est représentée par sept délégués.

Le pouvoir et l’opposition ont aussi accepté de suspendre les manifestations jusqu’à la fin du dialogue.

Le président togolais Faure Gnassingbé, qui était resté silencieux ces derniers jours, a salué mardi sur son compte Twitter "le bon déroulement des travaux préparatoires ayant permis l’ouverture du dialogue".

"Unis par notre appartenance à la mère patrie, le Togo, je reste convaincu que nous parviendrons entre filles et fils d’une même nation, à nous entendre sur l’essentiel", a-t-il affirmé.

Le chef de l’Etat a ensuite "invité chacun de nous à promouvoir la tolérance et à demeurer préoccupé par la paix et le développement de notre cher pays".

Le dialogue, qui doit durer une dizaine de jours, devrait notamment aborder le rétablissement de la Constitution de 1992 - qui prévoyait un maximum de deux mandats présidentiels -, une transition politique et des réformes électorales.

Depuis septembre, des marches populaires pour demander la démission du président Gnassingbé et la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels rassemblent des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes.

Le président actuel a succédé en 2005, avec le soutien de l’armée, à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait dirigé sans partage le pays pendant 38 ans. Il en est aujourd’hui à son troisième mandat, ayant été réélu lors de scrutins contestés par l’opposition, en 2010 et en 2015.

AFP