Quatre jours après le double attentat qui frappé la capitale Ouagadougou, la procureure du Faso a animé une conférence de presse qui a permis d’en savoir un peu plus sur le déroulement des événements. Mais de zones d’ombres demeurent

Hier, dans l’enceinte du Palais de justice de Ouagadougou, la procureure du Faso, Maïza Sérémé a fait le point sur le double attentat qui a frappé l’état major général des armées et l’ambassade de France le 2 mars dernier.
On apprend donc avec précision, qu’à 10h 01 mn 56 secondes, une voiture de type berline couleur grise, a déboulé sur l’avenue de l’indépendance en direction de la primature, s’est garée à hauteur de l’ambassade de France et que trois personnes en tenue civile en sont descendues. Armées de kalachnikov, ils abattent le gendarme qui assurait la sentinelle. Un quatrième occupant, également en tenue civile, met le feu au véhicule et rejoint ses camarades. Ils tentent, en vain, d’accéder dans l’enceinte de l’ambassade, mais abattent un militaire qui revenait du consulat. Il serait allé récupérer un visa et devait prendre son vol le même soir. Touché mortellement au cou et à la jambe, ils succombera à ses blessures. Les terroristes sont ensuite abattus par les forces de défense et de sécurité burkinabè et françaises.
Au même moment, plus précisément à 10h 08mn, deux assaillants en tenue civile sur une moto de marque Nano empruntant la rue du Travail, brûlent le feu à hauteur de la Place des cinéastes et prennent la rue de l’Hôtel de ville, menant à la porte Sud de l’Etat-major. La moto ne possède pas de plaque d’immatriculation et le numéro de série est effacé. Ils précèdent deux autres terroristes à bord d’une voiture Nissan Almera de couleur verte. Arrivés devant l’état major, ils ouvrent le feu et tuent le militaire qui assurait la sentinelle, pénètrent par le portillon et ouvrent la grande porte qui est coulissante pour faire entrer le véhicule bourré d’explosifs. S’engage un combat avec les militaires. Un des assaillants venu à bord du véhicule en descend et se fait exploser. Les autres incendient les engins stationnés dans l’enceinte du bâtiment.
Selon la procure, les terroristes étaient jeunes, âgés au maximum de 25 ans et aucun ne portait de tenue militaire, contrairement à ce qui avait été dit et écrit. Ils portaient des bouteilles d’eau minérale contenant de l’essence et d’autres produits non encore déterminés. Ils portaient aussi des bandeaux de couleur blanche au front sur lesquels était inscrit en arabe : "Il n’y a de divinité que Allah et Mohamed est son messager".
La procureure n’a pas confirmé la nationalité des terroristes, mettant donc en doute l’information selon laquelle ils seraient tous de nationalité burkinabè. Ce qui est certain, c’est qu’ils étaient de peau noire et parlaient bambara (dioula) et arabe.
Quatre jours après la double attaque, le bilan s’établit comme suit :
 Huit militaires tués
 Huit terroristes tués
 Environ 85 blessés dont 61 militaire et 21 civils
 29 véhicules incendiés et 26 autres endommagés
 34 engins à deux roues incendiés et 60 autres endommagés
 Des bâtiments endommagés.

Le pôle judiciaire spécialisée dans la répression d’actes terroristes a ouvert une enquête pour "association de malfaiteurs terroristes, assassinats, tentative d’assassinat, détention illégale d’armes à feu et de munitions, destruction volontaire aggravée de biens, le tout en relation avec une entreprise terroriste.
Des enquêteurs français sont arrivés pour prêter main forte à la gendarmerie et la police qui mènent les investigations. Le double attentat a été revendiqué par "le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Nusrat al-islam Wal-Muslim), dirigé par Iyad Ag Gahli, un des leaders du mouvement touareg, d’abord indépendantiste avant de virer dans le terrorisme.
A l’étape actuelle, huit personnes ont été interpellées et gardées à vue et une soixantaine de personne auditionnées. Parmi les personnes interpellées figurent deux militaires en activité et un militaire radié en 2011. Un individu de type asiatique qui avait été arrêté devant la cathédrale portant un gilet pare-balles a été relâché
L’incident qui s’est produit dans la nuit de samedi à dimanche vers la présidence ayant conduit la sécurité présidentielle à abattre un individu n’a rien rien à voir avec les attentats. Interrogée sur de possibles complicités dans l’attaque l’état major général des armées, la procureure répond que les seules les enquêtes permettront d’en savoir plus.

Joachim Vokouma
Kaceto.net