Le terme enfant est celui qui nous parait évident dans le langage courant. Pourtant ce terme a connu une évolution et son acception dans certaine sociétés est le résultat de longues et âpres luttes.

Ainsi, la définition de l’enfant varie selon les lieux et les époques. A l’origine du mot, enfant vient du mot latin « infans » qui signifie « celui qui ne parle pas ». Auparavant, l’enfant était comme une chose dont la vie dépendait entièrement des choix, de la volonté et des décisions des adultes. L’enfant était celui qui ne possède ni la culture, ni la raison. Il se caractérisait alors par l’immaturité physique et intellectuelle et n’avait pas de rôle dans la vie citoyenne.
L’évolution des pensées a d’abord permis l’émergence du concept des droits humains puis des droits de l’enfant . Ce qui a amené les défenseurs des droits de l’enfant à affirmer que : « les enfants ne sont pas de petits adultes avec de petits droits. »
Les enfants sont désormais considérés dans leur ipséité comme des êtres humains à part entière avec la faculté de raisonnement et de jugement qui leur sont propres, et non pas comme des adultes en miniature. Aujourd’hui, ils sont intégrés dans la société dès le plus jeune âge. Un enfant s’entend alors comme tout être humain âgé de moins de 18 ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable. C’est le cas par exemple des enfants à qui la législation en vigueur dans leurs pays accorde le droit de se marier ou d’assumer des fonctions politiques.
La philosophie ne s’est intéressé spécifiquement que tardivement à la question de l’enfance avec Jean Jacques Rousseau qui situe l’enfance entre la naissance et dix huit ans. Il indiqua avec pertinence que l’enfance est composée de paliers successifs et nécessaires ayant à chaque étape des exigences et des besoins qui lui sont immanents. Etablissant un parallélisme entre la nature et la vie humaine, il fait cette remarque digne d’un observateur capable de s’élever au-dessus des apparences pour affirmer que : « L’humanité a sa place dans l’ordre des choses, l’enfance a la sienne dans l’ordre de la vie humaine. » et qu’ : « il faut considérer l’homme dans l’homme et l’enfant dans l’enfant
Qu’est ce que l’enfant ? Célestin FREINET, philosophe de l’enfance va aussi à son tour donner une réponse inspirée d’une observation attentive de la nature et de la vie des hommes. Il trouve que : « l’enfant est de même nature que l’adulte. »
Mais il précise sa pensée en soulignant que « la nature de l’enfant est d’être de nature comme l’adulte. » Il commente cet invariant pédagogique qui a fasciné tant d’éducateurs par la métaphore horticole suivante : « il est comme un arbre qui n’a pas encore achevé sa croissance mais qui se nourrit, grandit et se défend exactement comme l’arbre adulte. »
Platon, figure emblématique de cette vision de l’enfant, affirmait que : « de tous les animaux c’est l’enfant qui est le plus difficile à manier ; par l’excellence même de cette source de raison qui est en lui, non encore disciplinée, c’est une bête rusée, astucieuse, la plus insolente de toutes. Aussi doit-on la lier de multiples brides ... »
Jean Piaget est sans conteste le plus grand psychologue de l’enfant qu’ait connu le XXe siècle. Avec lui, c’est le regard porté sur l’enfant qui a changé. Par sa célèbre théorie des stades du développement de l’intelligence, il a profondément marqué la psychologie et le monde de l’éducation.
Le philosophe allemand Nietzsche va-t-il se distinguer par sa conception de l’enfance qu’il décrit comme étant le stade par excellence de la félicité et de la créativité. Dans son œuvre intitulé Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche pour décrire le cheminement que l’esprit humain doit parcourir pour parvenir à sa maturité utilise « les trois métamorphoses » de l’esprit qui devient chameau, le chameau lion et le lion qui finit par devenir enfant. Autrement dit, l’esprit doit d’abord comme le chameau, accepter de s’abaisser, de s’humilier, voire de souffrir pour pouvoir prendre les fardeaux de la connaissance et de l’expérience. Ensuite, de la même manière qu’un lion, pour s’affirmer dans la vie, il doit avoir de la férocité afin de se singulariser et traquer souvent la vérité au delà des limites de la morale. Enfin, en devenant enfant, l’esprit accède aux félicités de la vie par l’innocence enfantine, et ce n’est que dans le jeu qu’il peut inventer, créer et se recréer sans cesse. Redevenir un enfant pour Nietzsche, c’est oser regarder le monde avec étonnement, envie et curiosité.
Dans le prochain article, nous allons porter notre regard sur la conception de l’enfant en Afrique.

Extrait de droit de l’enfant d’ici et d’ailleurs, les cahiers du petit ligueur, n° 13, DE BOECK et LARCIER la ligue des familles, Bruxelles, 1997, P.16.
http://cyberdodo. Com. Consulté le 15 février 2010.

Extrait d’un article sur la conception de l’enfant selon Rousseau. http://fr. Wikipedia. Org. Consulté le 15 février 2010.
Rousseau, (J.J), (1969). Emile ou de l’éducation. Paris : Gallimard, P .139.
FREINET, (C), 1964, Les Invariants pédagogiques, parue in « Pour une école du peuple », (1972) Paris : Maspéro. P.139.

PLATON, Lois, VII, 808 d 7 seq.
Valadier, (P), 1975. NIETZSCHE, l’athée de rigueur. Paris : Desclé de Brouwer. P.138.

Boubacar OuédraogoRetour ligne automatique
Inspecteur de l’Enseignement du Premier DegréRetour ligne automatique
En service Direction Générale de la Recherche en Education et de l’Innovation Pédagogique (DGREIP) Ouagadougou.