Ouagadougou abrite ce jeudi 3 mai 2018, un forum national sur l’artisanat minier. Placé sous le thème « L’artisanat minier au Burkina Faso : quelle stratégie d’encadrement pour une meilleure contribution à l’économie nationale ? » ce forum, qui se veut participatif, se tient sous l’égide du ministère des Mines et des carrières, et offre l’opportunité à l’Etat d’exposer sa vision et ses actions en faveur d’une organisation efficace du sous-secteur de l’artisanat minier.

Il réunira, outre les artisans miniers, des représentants de l’administration minière, des services étatiques déconcentrés, des collectivités locales, des associations et des partenaires du secteur.
La contribution de l’artisanat minier au développement du pays est faiblement optimisée, d’où l’initiative du ministère des Mines et des carrières de mettre en débat la question de la contribution de cette forme d’exploitation minière au renforcement de l’économie nationale d’une part et à la sauvegarde des valeurs sociales burkinabè d’autre part. En effet, à la faveur du boom minier observé dans notre pays depuis quelques années, les artisans miniers ont, en majorité, amorcé une phase de mécanisation de leurs activités et sont, aujourd’hui, à même d’accroître les quantités d’or extraites au Burkina Faso. Selon les enquêtes 2016 et 2017 de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), le sous-secteur de l’artisanat minier constitue une source de revenus pour plus d’un million de personnes intervenant sur 600 sites d’orpaillage recensés sur toute l’étendue du territoire national. Ces mêmes enquêtes révèlent qu’en 2016 la quantité d’or produite par le sous-secteur est estimée à 9,5 tonnes pour une valeur de 232,2 milliards de francs CFA.
Toutefois, si ce secteur se confirme comme un de ceux à fort potentiel de création de richesses, il n’en demeure pas moins qu’il connaît des difficultés ; des difficultés qui s’observent aussi bien aux plans juridique et administratif qu’économique, environnemental et social.
En effet, au plan juridique et administratif, les artisans miniers sont nombreux à ne pas respecter les cahiers de charges relatifs à l’exploitation minière. On note entre autres que de nombreux artisans miniers recourent à la fraude de l’or pour échapper au contrôle des services techniques, statistiques et fiscaux tandis que d’autres défient l’autorité en travaillant pendant l’hivernage, période la plus propice aux éboulements.
Au plan économique, on déplore annuellement dans le sous-secteur de l’artisanat minier, un manque à gagner situé entre 240 milliards de francs CFA et 360 milliards de francs CFA dans la mesure où la quantité d’or fraudée se situe entre 10 et 15 tonnes. Au plan environnemental, les activités d’exploitation artisanales sur une bonne partie du territoire national sont malheureusement à l’origine de la dégradation des ressources naturelles et de la pollution de l’environnement du fait de l’utilisation de produits chimiques dangereux.
Enfin au plan social on assiste, sur les sites d’orpaillage et aux alentours, des actions de déviance sociale, notamment la toxicomanie, le banditisme, le travail des enfants et la dépravation des mœurs. Nombre d’observateurs estiment que les sites miniers de façon générale et les sites d’orpaillage de façon particulière constituent des nids de rebondissement du VIH/SIDA.
Rechercher le consensus pour l’atteinte du cap fixé par le PNDES au secteur des mines

La priorité au cours de ce forum restera la recherche du consensus entre acteurs pour l’atteinte du cap fixé par le Plan national de développement économique et social (PNDES). L’ambition du gouvernement traduite dans ce référentiel consiste en substance à développer le secteur minier industriel et artisanal pour en faire un secteur compétitif à forte valeur ajoutée et créateur d’emplois décents. Elle devrait passer, entre autres, par la progression de la part du secteur minier au Produit intérieur brut (PIB) de 8,3% en 2015 à 10,2% en 2020, la hausse de la part des entreprises locales dans la fourniture des biens et services miniers de 14% à 25% en 2020, et l’accroissement des emplois locaux, actuellement de 7 000, à 15 000 en 2020.
Autant dire que le gouvernement compte aussi bien sur le sous-secteur minier industriel que sur le sous-secteur minier artisanal pour atteindre ces objectifs.
Déjà les acquis engrangés par le département des mines et des carrières seront partagés au cours de ce forum avec les autres acteurs qui approfondiront leurs connaissances sur l’évolution du cadre législatif et règlementaire ayant trait à l’activité d’artisanat minier. Ainsi, les sept (7) décrets d’application du Code minier seront présentés aux participants qui prendront également connaissance du contenu de la loi N°051-2017/AN portant fixation du régime des substances explosives à usage civil au Burkina Faso et de la loi N° 028-2017 /AN du 18 mai 2017 portant organisation de la commercialisation de l’or et des autres substances précieuses.
La Brigade nationale anti-fraude de l’or (BNAF) ainsi que son nouveau mode d’intervention seront largement présentés aux participants au forum. Il en sera de même pour l’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières artisanales et semi-mécanisées (ANEEMAS), créée et opérationnalisée pour contribuer à la modernisation et à la rentabilité des exploitations artisanales d’or.
Rendez-vous du « donner » et du « recevoir », ce forum ouvert aux organisations d’artisans miniers et aux OSC du secteur des mines servira de cadre pour l’expression des opinions et pour la formulation de propositions favorables au développement du sous-secteur.
Le forum sur l’artisanat minier, faut-il le rappeler, se tient dans un contexte où l’artisanat minier autrefois activité de subsistance est devenue la deuxième occupation en milieu rural après l’activité agricole.

Le ministère des Mines et des carrières