Les militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ont clos hier 6 mai au palais des sports de Ouaga2000, le 7è congrès ordinaire de leur parti. Un rendez-vous marqué par le renouvellement de l’instance dirigeante, chargée d’impulser une nouvelle dynamique au parti fondé en février 1996 par l’ex-président Blaise Compaoré

Que retenir du 7è congrès ordinaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui s’est achevé hier soir ?
Premièrement, l’implosion du parti, qui étant si redoutée en raison des rivalités internes pour son contrôle, a été évitée. Ce n’était pas gagné. Le président sortant, Eddie Komboïgo, qui a été reconduit à son poste pour trois ans, est incontestablement le grand gagnant de ce congrès. Il a réussi contre vents et marrées à conserver son fauteuil face des adversaires qui s’étaient manifestement mépris sur lui.
Expert-comptable, homme d’affaires, il était apparu publiquement sur la scène politique en 2012 à l’occasion des élections législatives en se faisant élire député. Puis, il avait été porté à la présidence du CDP en 2015, peu après la chute du pouvoir de Blaise Compaoré. Un parcours jugé par ses camarades assez mince pour diriger le parti d’autant qu’il a quitté le pays quelques jours avant « le coup d’Etat le plus bête du monde » de septembre 2015, dirigé par un de ses proches, le Général Gilbert Diendéré.
Suspecté d’être impliqué dans le putsch, il avait été arrêté et incarcéré à la maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), avant de bénéficier d’un non-lieu. Aux yeux de nombreux de ses camarades, la légitimité de son poste de président du parti était plus que problématique. Le mot d’ordre « Tout sauf Eddie Komboïg » qui a rassemblé une coalition hétéroclite de cadres et dirigeants visait un seul objectif : lui retirer la présidence du CDP à l’occasion de ce 7è congrès. Le plan ayant échoué, les auteurs du mot d’ordre devraient en prendre acte et, soit rentrer dans les rangs, soit claquer la porte du parti. Le procès en illégimité instruit contre Eddie Komboïgo est désormais clos.
Dans son discours de clôture, il a promis de travailler à renforcer l’unité et la cohésion du parti, ce qui n’est pas une mince affaire, certaines personnalités, et pas des moindre, ayant choisi de boycotter la cérémonie de clôture. On pense bien entendu à Juliette Bonkongou, Léonce Koné, Jean Koulidiati, Mahamadi Kouanda et Boureima Badini, tous dépités par le résultat du scrutin interne.
Deuxièmement, pour la première fois, les militants du CDP viennent d’expérimenter la démocratie dans leurs rangs. Depuis sa création en 1996, les dirigeants du parti ont toujours été cooptés, sur des critères établis par son fondateur, Blaise Compaoré.
Cette timide avancée démocratique doit toutefois être renforcée dans les années à venir en laissant la liberté aux militants de désigner directement leurs dirigeants et non par les membres du bureau exécutif national, dont légitimité démocratique de leur mandat est plus que discutable.
Troisièmement, pour sa réélection, le nouveau président a beaucoup bénéficié du soutien des jeunes, décidés à occuper la place qui est la leur, quitte à bousculer, sans ménagement, les anciens qui veulent toujours jouer les premiers rôles et bénéficier des avantages qui vont avec. A 54 ans, Eddie Komboïgo a l’âge pour assurer la transition générationnelle. A lui de savoir imposer le tempo et concilier les deux extrémités.
Quatrièmement, l’ex-président Blaise Compaoré reste la référence pour tous ceux qui se réclament du CDP. Ce n’est pas un hasard si le congrès lui a décerné le titre de président d’honneur du CDP. En outre, c’est lui qui devra valider la candidature de celui qui défendra les couleurs du parti à l’élection présidentielle, de même que les alliances que le CDP serait amené à signer avec des formations politiques nationaux ou à l’étranger.
Pour combien de temps encore Blaise Compaoré va-t-il tenir la main du CDP, tel un enfant qui éprouve le besoin d’être guidé par le père, de peur de se perdre ?
Une chose est sûre, le chef d’entreprise Eddie Komboïgo ne pourra pas diriger le CDP comme avant. Un nouveau management devient un impératif, sous peine de susciter l’hostilité des jeunes militants connectés sur le monde.
Par ailleurs, il doit indiquer la vision qu’il entend doter le parti, quelle stratégie va t-il élaborer et mettre en oeuvre dans la reconquête du pouvoir.

Dominique Koné
Kaceto.net