Comme prévu, les travailleurs du ministère de l’Economie, des finances et du développement (MINEFID) ont débuté leur mot d’ordre de sit-in hier 28 mai qui se poursuivra jusqu’au vendredi 1er juin prochain.
Kaceto.net a fait un tour sur les différents lieux pour s’imprégner de l’ambiance qui y prévaut

Il est environ 11h passées quand nous franchissons le portail de la Direction du centre des impôts de Baskuy Sud. Dans la cour, les travailleurs sont constitués en petits groupes, certains jouent à la belote pendant que d’autres devisent sur le sexe des anges, les engins bien rangés. Les petites fenêtres qui servent de guichets sont recouvertes d’un plâtre avec pour inscription : « Guichet fermé ».
Alors que nous progressons dans les locaux, un homme nous coupe net le chemin et nous lance un « bonjour, puis-je vous aidez ? ». Informé sur l’objet de notre visite, il nous dirige vers Yacouba Kientega, secrétaire général de la section du syndicat national des agents des impôts et des domaines du Kadiogo. « Au niveau du Kadiogo, tout est respecté correctement, on peut même se satisfaire d’un respect à 99%. Vous voyez que tous les agents sont dehors, il n y a aucun problème à ce niveau. Dans tous les services, le travail est paralysé, les agents respectent les sit-in", confie-t-il.

Au sujet du vrai faux retrait du syndicat des douanes, une rumeur qui a inondé les réseaux sociaux hier après-midi, Yacouba Kientega est catégorique : « Le syndicat de la douane ne s’est jamais retiré de la lutte, c’est archi-faux, c’est un mensonge qui est véhiculé depuis hier par des activistes du pouvoir en place notamment, et par des éléments MPP de la douane" explique t-il.
D’ailleurs, le SG du syndicat Mathias Kadiogo a formellement démenti l’information et a précisé que la douane est un service qui regroupe des paramilitaires, et n’a pas les même horaires de travail que les autres travailleurs puisqu’ils continuent le travail après 16 heures. "Au regard de cela, nous avons expressément demandé à nos camarades douaniers de trouver la formule qui sied pour suivre le mot d’ordre de sit-in », ajoute t-il.
Après la direction du centre de Balkuy Sud, cap sur le Centre des impôts de Bogodogo, que nous atteignons au bout d’une trentaine de minutes. c’est l’heure de la pause déjeuner. Il faut donc patienter avant de rencontrer le responsable syndical, lequel se prête volontiers à nos questions. « Le sit-in se passe paisiblement et comme vous le savez, c’est pour une période bien déterminée ; c’est de 08h à 14h ; donc dès 7h30mn, nous étions dans nos bureaux et après 14h, nous serons à nouveau dans nos bureaux pour accomplir les tâches qui nous sommes confiées", explique Martin Dao. Il a aussi balayé du revers de la main l’information selon laquelle le syndicat de la douane aurait renoncé à participer au mouvement, estimant que cela vise à casser l’action des syndicats et à déplacer le fond du problème au lieu de chercher à apporter des solutions aux préoccupations des travailleurs.
Il regrette qu’il n’y ait pas eu de concertation avec les autorités qui puisse aboutir à la levée du mot d’ordre de grève et à l’ouverture de négociations, le gouvernement préférant adopter "une posture, celle de la confrontation avec les syndicats qui sont mobilisés dans leurs structures syndicales et qui fait qu’aucun guichet n’est ouvert".
Après Bogodogo, nous sommes allés à la direction des Moyennes entreprises du centre II(DME-C II). Là, le constat est tout autre. Sur place, le parking est bondé d’engins, contrairement aux autres services que nous avons visités. A quelques mètres du portail est stationné un véhicule de la gendarmerie à bord duquel se trouvent des gendarmes équipés. Selon le parkeur, il n’y a pas eu de manifestation, les agents qui en avaient manifesté l’intention ayant été empêchés par les gendarmes. A l’intérieur, une immense foule attend devant les guichets, chacun attendant son tour pour régler le problème. Ici, il y un service minimum qui fonctionne comme l’a souhaité le gouvernement.

Quand on s’intéresse aux corps habillés pour savoir ce qui s’est passé, ils se montrent agressifs. "Monsieur, laissez-nous faire notre travail" a lancé un gendarme à notre direction avant de nous sommer de quitter les lieux lorsqu’on a insisté.
En rappel, les agents du ministère de l’Economie, des finances et du développement observent un mouvement de sit-in du 28 mai au 1er juin sur l’ensemble du territoire et dans les ambassades et consulats du Burkina. Le mouvement pourrait continuer du 4 au juin juin si les négociations, qui sont au point mort ne reprennent pas et n’aboutissent à un accord qui satisfasse les deux parties. Le SG-MEF, Mathias Kadiogo l’a rappelé, leur mouvement vise exiger "la levée des sanctions prises à l’encontre des travailleurs, notamment les responsables relevés de leurs postes de responsabilité pour fait de grève ; le respect des libertés syndicales et démocratiques des travailleurs du MINEFID ; des réponses satisfaisante à leurs points de revendication contenus dans le préavis du 14 mars 2018 ».

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net