Tu quittes Ouaga 2000 pour aller faire le travail pour lequel on te verse un salaire à quelques dizaines de kilomètres, et tu considères qu’on doit encore te verser une compensation (per diem ou autre) parce que tu as fait un sacrifice. Et l’instituteur qui exerce au village toute l’année, ce n’est pas un plus gros sacrifice que tes quelques heures loin de la capitale ?

Tu fais le travail pour lequel on te verse un salaire tous les mois et tu considères qu’on te doit Fonds Communs. Et le médecin qui travaille aux heures légales, et qui fonce au service à la moindre alerte ? Et l’agent des FDS ou le pompier qui risque sa vie à chaque pas ? Lui, c’est tout le budget national qu’on doit lui donner alors ?

Tu rédiges un rapport de fin d’atelier ou de fin de séminaire, et tu dis qu’il te faut rétribution. Pourtant ta femme de ménage, quand elle a balayé ta cour, elle ne demande pas rétribution pour ramasser le tas de saleté. Ta cuisinière, quand elle a fini de préparer, elle ne demande pas rétribution pour servir le repas. Et après ton repas, elle fait la vaisselle sans te demander le moindre kopeck. Le chauffeur qui t’a conduit à domicile ou au service, est-ce qu’il te demande rétribution pour aller garer la voiture ou pour te porter tes bagages ?

Allons doucement mes frères ! La vie, c’est comme une aiguille. Si tu fais trop fin, elle se casse au plus petit obstacle. Si tu fais trop gros, l’aiguille sera solide, mais elle va pénétrer plus difficilement le tissu. Allons doucement, mes sœurs ! Car si tout le monde veut être le plus malin du monde, l’existence en société devient impossible. Quand on accepte de prendre, il faut aussi savoir donner.
Yaam kieng samda réém !

Sayouba TRAORE
Journaliste