En réplique à la conférence de presse du gouvernement tenue le 6 juin dernier, la Coordination syndicale du ministère de l’Economie et des finances était aussi face aux journalistes hier après-midi 7 juin. La ministre Rosine Coulibaly en a eu pour son grade !

On se doutait bien que les membres de la Coordination syndicale du ministère de l’Economie et des finances, qui sont dans un bras de fer avec leur ministre de tutelle depuis des semaines ne pouvaient rester sans réagir après la conférence de presse du gouvernement tenue le 6 juin dernier (http://kaceto.net/spip.php?article4940). C’est fait. Hier après-midi, à la bourse du travail, ils ont répliqué aux propos du gouvernement, en s’en prenant particulièrement à leur ministre de tutelle, Rosine Coulibaly Sori. Le ton est donné dès l’entame du face à face avec les journalistes :
« Comment peut-on comprendre qu’un ministre, dans un Etat de droit, se permette de faire des communications mensongères dans ses sorties malheureuses ? », s’est demandée la CS-MEF. Visiblement très remontés contre les déclarations de l’argentier burkinabè, les syndicats répliquent au marteau : "Madame Hadizatou Rosine Coulibaly/Sori prétend donner des leçons de bonne gouvernance aux financiers en se référant au président Thomas Sankara, parlant de l’eau pour tous alors que l’on tient soit même une coupe de champagne en or. Quelle imposture", ont-ils lancé.
Les oreilles du ministre ont dû siffler : "Quand on a l’audace de tenir des propos de cet illustre personnage, il faut avoir le courage de le vivre dans ses actes », tacle sévèrement Grégoire Traoré, secrétaire général du Syndicat national des agents des impôts et des domaines, membre de la CS-MEF, avant d’enfoncer le clou : "La ministre refuse de dire au peuple burkinabè les avantages colossaux dont elle bénéficie et qui auraient pu servir à offrir de l’eau potable aux populations. La CS-MEF porte à la connaissance de l’opinion que madame la ministre coûte au bas mot au budget de l’Etat, plus de 125 000 000 F CFA par an, avec un salaire annuel de 102.234.876 F CFA, soit 8.519.573 F CFA par mois, l’équivalent de la rémunération annuelle de huit ministres ordinaires du gouvernement Thiéba ou d’une trentaine de cadres A de l’administration publique, et un fond commun annuel de plus de 23.000.000 F CFA . Tout cela sans compter les multiples frais de missions, d’ateliers, de téléphone, de représentation dans les établissements publics, sociétés d’état, projets, le carburant, etc."
Le grand déballage continue : "Par exemple pour l’année 2017, "dame austérité" a effectué en moyenne 120 jours de de missions à l’extérieur, avec une prise en charge moyenne de 130.000f F CFA/j, soit 15.600.000 F CFA, sans compter les frais de déplacement en classe affaires accompagnée de champagne", ont révélé les syndicats.
Contrairement au gouvernement qui avait affirmé que sur les 7 points de la plateforme revendicative, 05 avaient été résolus, le CS-MEF maintient qu’aucune réponse concrète n’a été apportée et que le dialogue est rompu. « Les dernières discussions franches avec le gouvernement remontent aux 28, 29, et 30 mars 2018, à l’issue desquelles, la partie gouvernementale qui était dirigée par le Pr Séni Ouédraogo [NDLR, Ministre de la Fonction publique], avait promis de rendre compte au premier ministre pour la suite à donner aux points de désaccord, à savoir la question des réformes entreprises sans l’adhésion des travailleurs et l’adoption du statut sécurisant". A en croire la CS-MEF, le gouvernement a remis en cause des points antérieurement acceptés, notamment la question de la mise en œuvre du check off pour les cotisations syndicales mutualistes et la question de l’occupation du bâtiment R+4 .
La CS-MEF dénonce également "les mesures de répression à l’encontre des travailleurs : réquisitions illégales, intimidations, interdiction d’accès au lieux de services, interdiction de sit-in, etc., en lieu et place du dialogue".
La cause est entendue. Pour la CS-MEF, c’est l’attitude du gouvernement qui constitue un blocage à des discussions franches pour sortir d’une crise qui n’a que trop duré.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net