Le votre de la diaspora burkinabè en 2020 continue d’alimenter le débat public. Le projet de révision du code électoral qui retient la carte nationale d’identité et le passeport comme pièces devant servir à voter suscite la colère de l’opposition et certaines organisations de la société civile dont le Cadre d’expression démocratique.

De la transition aux deux ans et demi de gouvernance de ceux qui se proclament concepteurs de l’insurrection, on aura noté, à chaque étape importante, de la régression en termes de gouvernance démocratique et politique. Les arrestations arbitraires du désormais prisonnier pour complot, le colonel Barry, la loi cynique inspirée par la soif d’être aux affaires organisant l’exclusion politique, les procédures judiciaires devant la haute cour de justice et le tribunal militaire, les arrestations ciblées de citoyens… ! On pensait avoir tout vu ou expérimenté avec ce nouveau vieux régime.
Après une sorte de chantage entre institutions et politiques, nous voilà désormais dans une situation où on attribue le nom Newton à une loi tout aussi d’exclusion que celle qui porte le nom Shérif. Il est vrai que certaines personnes essaient de nuancer les nouvelles dispositions qui retirent la carte consulaire des pièces utilisables pour les élections mais, personne n’est dupe. Si pour 2015, on a exclu des candidats pour pouvoir transmettre le pouvoir, cette fois, ce sont les électeurs qu’on va exclure pour un passage en force. Le président-candidat Roch aura réussi à tenir parole, mais à la vérité, cette nouvelle disposition est un vrai recul pour notre processus démocratique. Pour toutes les élections, la tendance est à booster la participation (et des candidats et des électeurs) pour légitimer les autorités élues.

Au Burkina où il est plus simple de se faire établir des pièces comme la CNIB et le passeport, on a permis à des résidents le droit de vote à partir d’extrait de naissance. On est donc clairement dans une situation d’exclusion si on demande à la diaspora ce que nous ne pouvons demander aux résidents.
Depuis des mois au niveau du CED, nous avons pris les devants pour éviter les crocs en jambe de dernières minutes (confère nos différentes sorties médiques de l’année).
Aujourd’hui nous y sommes, le pouvoir en place désormais candidats déjà en lice pour 2020, a trouvé le créneau pour refuser ce droit citoyen élémentaire que la démocratie offre : la participation.
C’est pourquoi, nous condamnons avec la dernière énergie ce projet inique et appelons l’opposition politique et les Organisations de la Société Civiles (OSC) responsables à prendre leurs responsabilités.

De toute façon et il faut que les acteurs se le tiennent pour dit ! Même si on refuse le droit de vote aux burkinabé de l’extérieur sous prétexte qu’ils seraient plus favorables à l’opposition, ou qu’on espère un rapprochement avec certains acteurs accablés d’accusation et forcés à l’exil ce sera le bilan, qui fera parler les urnes.

À l’évidence, après les deux ans et demi et pour les seuls plans socioéconomique (vie chère, famine, crise sociale) et celui des libertés publiques (arrestations et condamnations ciblées et arbitraires), on est encore très loin du compte !

Le CED appellent à la mobilisation de tous les acteurs d’ici et de la diaspora pour exiger et obtenir des frileux de la démocratie la satisfaction de nos droits.

Ouagadougou le, 23 juillet 2018

Le Coordonnateur National

Pascal ZAIDA