10.000 poulets environ ont été saisis par la police le 19 août 2016 à la garde de l’Est à Ouagadougou, et ce n’est pas la première fois. De fait, on peut penser que depuis longtemps, nous avons été intoxiqués, car ces circuits de distribution ne datent certainement pas d’aujourd’hui

Le Burkina est pourtant un pays qui produit beaucoup de poulets de bonne qualité, très apprécié par les consommateurs et les étrangers de passage chez nous. On ne peut dissocier la gastronomie ouagalaise du poulet bicyclette, que la terre entière nous envie ! Mais en l’espace de cinq ans, le prix du poulet bicyclette est passé de 2000 ou 2500F à 3500FCFA. Dans le même temps, le poulet congelé importé est vendu à 2250F. Le choix est vite fait pour le consommateur aux revenus très modestes, au détriment parfois de sa santé. Il est pratiquement impossible pour le consommateur de savoir d’où vient ce poulet refroidi, dans quelles conditions il a été tué et transporté, combien de temps est-il conservé avant d’atterrir dans son assiette. Il n’est donc pas étonnant d’apprendre que des poulets avariés, donc impropres à la consommation entre dans notre pays.

La quantité de poulets avariés saisis avant-hier est énorme : 10 tonnes, mais un peu moins que dans la première semaine du mois d’août, lorsque 11 tonnes avaient été saisies à Tenkodogo. On se rappelle qu’en juillet déjà, les forces de sécurité avaient mis la main sur 2000 poulets impropres à la consommation. Des opérations qu’il convient de saluer et encourager parce que, non seulement elles empêchent les marchands de mort de prospérer, mais surtout, protègent les consommateurs et participent d’une action de santé publique.

Les douaniers et les policiers sont-ils beaucoup plus vigilants que par le passé ou ont-ils reçu des directives un peu plus fermes de leur hiérarchie pour traquer les voyous ? Sans doute, tout cela à la fois. Ils doivent redoubler de vigilance et bénéficier du soutien de la population. Car en l’état actuel, on ne peut guère être assuré que dans les gargotes qui poussent à chaque coin de rue, on ne nous fourgue pas des poulets surgelés douteux, quant ils ne sont pas carrément gavés d’antibiotiques. Combien de personnes souffrent aujourd’hui de maladies imputables à la consommation de ces gallinacés ?

Et si on valorisait un peu plus notre poulet local, élevé sur place et dont la traçabilité est beaucoup plus facile à établir ? Dans certains pays développés, la production industrielle de poulets a eu comme conséquence de faire disparaitre des races entières de volailles. D’après, Patrick Koala, un grand éleveur de volaille dans le village de Sabou, une Française aurait ramené certains de ses poulets en France, car explique-t-elle, dans mon village, il n’y aurait plus de race locale, mais seulement des poulets de chair. Elle aurait donc ramené du poulet burkinabè pour le réintroduire dans son village.
Pour soigner les poulets, l’éleveur de Sabou conseille d’utiliser l’ail qui est un antibiotique très efficace à la place des médicaments qui restent dans l’organisme des poulets, et sont ingérés par les humains.
Comme dans beaucoup de domaine, l’Afrique et le Burkina a des solutions et des offres pour sa consommation, mais hélas, on tombe dans le piège en voulant imiter les pays économiquement développés, sans pour autant avoir les mêmes moyens de prévenir ou réparer les ravages que provoque la consommation de certains produits.

On ne recommandera jamais assez de précautions dans la consommation des poulets congelés et des produits surgelés qu’on nous propose dans les circuits de distribution. Dans un monde ouvert, sans frontières, il n’est certainement pas question d’interdire l’importation de produits alimentaires, mais les services compétents devront veiller à ce que n’importe quoi n’entre chez nous. Loin de prôner le repli sur soi, mais la menace de consommer des poulets toxiques importés devrait nous inciter à consommer plus les produits locaux. Cela fera du bien à notre santé mais aussi à nos éleveurs.

Kaceto.net