Visite au Mogho Naba, à la police municipale, au centre de traitement des déchets, au centre culturel Jean-Pierre Guingané puis à BegoLabs, la journée très chargée des Ouagalais et Lyonnais

Hier 2 octobre, les Ouagalais et leurs amis Lyonnais ont poursuivi les visites des chantiers financés dans le cadre de la coopération liant les deux villes.
C’est la Cour du Mogho Naba qui a d’abord accueilli le maire de la commune de Ouagadougou Armand Pierre Béouindé et ses hôtes. Dès huit heures, l’entrée de la cour royale grouillait de monde. Mais le maître des lieux n’est pas encore disponible. Entouré des notables, il doit d’abord accomplir des rites que lui impose sa charge de gardien des traditions. Il faut donc patienter. "C’est comme ça", explique, presque désolé, un connaisseur des lieux.
Un petit quart d’heure d’attente et les visiteurs du jour sont invités à entrer dans la cour. Ils sont introduits ensuite dans la salle d’audience où les attend le Mogho. Assis dans son fauteuil sous un faux arbres aux branches porteuses de messages de paix, d’amour, de tolérance, de liberté, etc., le Mogho Naba est impassible. Comme s’il était en pleine lévitation. Impressionnant. La particularité des vrais chefs, c’est qu’ils dominent leurs passions et leur émotion.

On introduit la délégation et c’est le maire de la capitale, Armand Pierre Roland Béouindé qui prend la parole. Ici, l’ambiance impose une certaine tenue. Le maire se tient debout face au chef. Il est autorisé à parler à enfrançais pour que ses amis lyonnais comprennent directement son message. Il remercie le Mogho Naba pour avoir accepté de l’accueillir lui et ses hôtes lyonnais. Ouaga et Lyon sont deux villes qui entretiennent des liens de coopération depuis 25 ans qui couvre plusieurs domaines allant du traitement des déchets à la sécurité urbaine en passant par le développement durable et l’éducation. La forte délégation d’une trentaine de personnes est là, conduite par le président de la Métropole de Lyon, David Kimelfied pour renforcer et consolider ces liens. "Mais, explique le maire, ils ne peuvent pas séjourner ici sans passer vous présenter leur politesse et demander votre bénédiction". Un ministre rapporte les propos au Mogho Naba en mooré, même si ce dernier comprend et maîtrise parfaitement le français. C’est que le chef suprême des Mossés ne s’adresse pas au directement à son interlocuteur. Il faut toujours un intermédiaire.

A son tour, via son ministre, le Mogho Naba souhaite la bienvenue et un bon séjour dans son royaume aux Lyonnais. Il rappelle que les liens entre le Burkina et la France date des siècles. Un de ses aïeux n’est-il pas tombé au front contre les "barbares" allemands lors de la deuxième mondiale ? Il y a donc un lien de sang entre les deux pays. Il rappelle également que le président Mitterrand l’avait personnellement invité en France en 1994 à l’occasion du 14 juillet, jour de la fête nationale.
Tout en félicitant les acteurs des deux parties pour l’exemplarité de la coopération, il les a exhortés à travailler à renforcer davantage les liens entre les deux pays et à faire baisser les barrières de l’ignorance, source de mésentente entre les peuples. Grand amoureux de foot, il s’est informé sur les performances de l’Olympique Lyonnais, le club de la ville où évolue notre compatriote Bertrand Traoré.

Au nom de la délégation, le président David Kimelfied a remercié le chef pour sa disponibilité à les recevoir. Il est du même avis que lui et croit dur comme fer que les deux villes n’ont d’autre choix que renforcer leurs liens de coopération. Pour lui, les Lyonnais ne sont pas là pour dire ce qu’il faut faire ou se contenter de donner des biens matériels et d’équipements, mais pour partager leurs expériences dans la gestion de la collectivité. La visite s’est terminée par des remises de présents de part et d’autres.
Après le Mogho Naba, la délégation s’est rendue à la police municipale, dans le quartier Patte-d’Oie. Les occupants des lieux sont dans leur tenue d’apparat. Les honneurs sont rendus au maire et à son hôte. "Il y a 19 ans que la coopération décentralisée et l’amitié entre la ville de Ouagadougou et la métropole de Lyon ont favorisé le partenariat entre les polices municipales de Lyon et celle de Ouagadougou. Ce partenariat né depuis 1999 connait jusqu’alors de forts moments de partage d’expériences et de stratégies de développement", déclare le directeur général de la police municipale Sylvestre Ndo, puis d’énumérer les acquis engrangés
depuis lors : organisation de voyages d’études et de formations au profit du personnel de la police municipale, formation en planification en sécurité urbaine, en communication radio qui a permis à la DGPM de mettre en place le poste de commandement radio, mise en place d’une section du Groupe Opérationnel Mobile à la police municipale de Ouagadougou à l’image de celle de Lyon. Ce n’est pas tout. Grâce à la coopération décentralisée, la police municipale a bénéficié de dons de matériels, notamment de tenues, de matériel roulant (véhicules, motos, vélos), d’équipements en communication radio (talkie-walkie ; radios portatives et fixes de communication radio, des batteries de rechanges de talkies walkies), etc.

Dans les années à venir, la police espère toujours compter sur les amis lyonnais pour le renforcement des capacités des ressources humaines de la police municipale, ce qui lui permettrait de mieux assurer la sécurité urbaine en lien avec le terrorisme et la pollution urbaine.
En guise de remerciements, les policiers ont offert un boubou au président de la métropole, un habit que portent les personnes d’importance et qui ont le sens du devoir de l’honneur.
Direction à présent Polesgo, à la périphérie nord de la capitale, précisément au Centre de traitement et de valorisation des déchets (CTVD), où le maire de l’arrondissement
N°4, Anatole Bonkoungou, les chefs coutumiers et les femmes qui assurent la propreté de la ville attendent "leurs étrangers". Accueil chaleureux par les femmes dans leur tenue de "combat" contre l’insalubrité. Les patrons des lieux, Arzouma Zombré et Saïdou Nassouri expliquent le processus de collecte, de transport et de traitement des déchets ménagers de la ville de Ouagadougou, soit 600 000 tonnes par an.
Les visiteurs sont ensuite allés rencontrer les membres d’une association de 15 femmes spécialisées dans le traitement des déchets pour en faire du fumier bio, puis ont été édifiés sur le processus de transformation des déchets plastiques.

Sous un soleil brûlant, ils ont ensuite pris la direction du Palais de la jeunesse et de la culture Jean-Pierre Guingané. Là, 54 animateurs sportifs ont bénéficié d’une formation
sportive polyvalente assurée par l’Association des sports universitaires de Lyon.
Le programme de cette journée du 2 octobre s’est achevé dans l’après-midi par la rencontre d’acteurs économiques au sein de la structure BeogoLab dans l’arrondissement N°4 de Ouagadougou. Les acteurs ont procédé lors de cette visite à la présentation de leurs structures respectives. Spécialisée dans l’accompagnement de projets dans le numérique, BeogoLab souhaite bénéficier de plus de moyens pour mettre en oeuvre des projets novateurs.
A la fin de la journée, le président de la Métropole a confié aux journalistes sa fierté d’être un acteur de la coopération entre les deux villes."Je suis vraiment très heureux après tout ce que j’ai vu ; cela nous conforte dans l’idée qu’il faut vraiment poursuivre la coopération avec le Burkina Faso particulièrement avec Ouagadougou", a t-il déclaré.

Suite et fin aujourd’hui de la visite des Lyonnais Ouaga avec au programme, une rencontre avec les sapeurs pompiers et une autre avec les participants à la formation sur les déchets non ménagers à l’Académie africaine des collectivités territoriales (ALGA).
Les Lyonnais devraient regagner leur "tanière" ce soir, la tête pleine de d’images et d’émotions.

Joachim Vokouma et Frédéric Tianhoun
Kaceto.net