Ceci est une déclaration de l’Alliance des l’Alliance des démocrates révolutionnaires à l’occasion du 31è anniversaire de l’assassinat du président Thomas Sankara commémoré aujourd’hui 15 octobre 2018

Militantes et militants de l’Alliance des démocrates révolutionnaires

Chers compatriotes

La date du 15 octobre nous donne l’occasion de nous adresser à notre vaillant peuple qui, à cause de la boulimie du pouvoir des uns et des autres, connait des attaques ignobles contre ses intrépides fils avec un décompte macabre sans précédent et dont la régularité a fini par mettre hors d’eux, tous ceux qui ont encore un peu de pudeur et de dignité. Un peuple désormais massacré par dizaines de façon barbare au niveau surtout de sa frange jeune et qui, si le triste épisode de notre histoire se poursuit, risque de perdre beaucoup de bras valides avec comme conséquence l’assombrissement de l’avenir du pays. C’est pourquoi, tout en louant le courage de ceux qui défendent l’intégrité de notre territoire et assurent la sécurité de leurs concitoyens au prix de leur vie, nous révolutionnaires, dénonçons les pratiques réactionnaires consistant à mettre en avant les intérêts politiciens bassement matériels. Car, ceux qui sont aux affaires (le pouvoir et ses opposants) sont dans une absurde rivalité à travers une précampagne provoquée par l’insouciant chef d’orchestre des gouvernants du moment, Roch Marc Christian KABORE, qui n’a de réels soucis que sa réélection en 2020 à travers sa déclaration selon laquelle il sera candidat alors même que des Burkinabè tombent chaque jour sur le champ de bataille toujours fauchés par l’ennemi invisible. Lors du conseil des ministres tenu le mercredi 10 octobre 2018, tous les membres du gouvernement avaient chacun porté une écharpe « ETALONS » alors qu’on ne les a jamais vu porter des brassards noirs pour montrer qu’ils sont endeuillés par une quelconque attaque ayant causé des morts.

Peuple du Burkina

Chers camarades

La restauration de la paix et de la quiétude passe par le rétablissement de la sécurité. Si tout le monde admet qu’il faut le renseignement pour sauver notre peuple des attaques surprises, personne ne dit comment procéder pour y arriver alors que c’est à ce niveau que le vrai problème se pose. Sur ce point d’ailleurs, l’ADR estime que le renseignement n’est pas si nul qu’on pourrait le croire (le rapport confidentiel du directeur régional de la police de l’Est à sa hiérarchie qui s’est retrouvé partout prouve qu’il y a du renseignement) mais qu’il y a certainement des problèmes d’organisation et de coordination à corriger rapidement avec la plus grande fermeté pour éviter de jeter chaque fois en pâture les jeunes gens, endeuillant ainsi leurs familles. Le copinage, le laxisme, l’incompétence, la fourberie, les récompenses politiques, le clientélisme et la corruption doivent cesser pour que la patrie soit sauvée par des hommes capables : un homme ne doit plus mourir pour rien parce que la vie est sacrée et il faut la respecter et la protéger !

Camarades

Nous l’avons déjà dit, notre peuple est victime d’une guerre souterraine entre deux clans du même système qui a régné sans partage sur notre pays pendant plus d’un quart de siècle. L’un a été chassé les 30 et 31 octobre 2014 par notre insurrection tandis que l’autre a récupéré le pouvoir à cause de la trahison et avec la complicité de ceux qui ont infiltré les rangs des insurgés. Aujourd’hui, les vaincus ne veulent pas laisser les faux vainqueurs jouir de leur chose puisqu’il ne s’agit nullement de gestion. La raison est bien simple : les forts du moment prétendent qu’ils ne sont pas comptables des tares du régime de Blaise COMPAORE alors que ce sont eux qui, durant ledit règne, ont travaillé à effacer les traces de la révolution et à souiller la réputation de Thomas SANKARA en le couvrant de tous les péchés d’Israël. Et comme les pires inimitiés naissent de la trahison des grandes amitiés, il se passe que les deux clans cherchent désormais à se neutraliser ; d’où toutes les difficultés que connaît notre pays.

Peuple du Burkina

Chers camarades

Il n’existe point de demi-vérité ! Ou c’est la vérité, ou c’est le mensonge. Mais si nous voulons la vérité, disons que notre salut viendra de ce que les deux clans doivent débarrasser le plancher et faire place aux révolutionnaires qui sont eux des hommes nouveaux, mais également des hommes pleins d’initiatives et toujours prêts à se sacrifier pour les autres. En dehors de cette alternative, il n’y aura point de solution définitive parce que nous allons passer de rafistolage à rafistolage qui s’accommode pourtant mal avec les thérapies de choc à envisager. Ceux qui pensent qu’il ne peut plus y avoir de révolution sont dans leur droit mais l’histoire déroule toujours son cours et seul Dieu le Créateur sait où est la vérité. Dans tous les cas, aucun pays ne s’est développé sans que ses dirigeants ne se sacrifient pour cela. Si être une autorité, c’est trouver des astuces pour s’enrichir illicitement au détriment des projets qui doivent servir le peuple, et ensuite se battre avec des richesses mal acquises pour conserver les privilèges, alors il n’y aura jamais de développement. Car dans ces conditions-là, il n’existe plus de priorité en dehors de la satisfaction des caprices des dirigeants et de leurs ouailles.

Peuple du Burkina

Le 15 octobre est une date qui doit nous enseigner que dorénavant, nous devons nous méfier de nos partenaires qui veulent voir trop dans nos affaires internes. Notre indépendance ne doit pas être marchandée et notre dignité n’est pas à vendre. Que ceux qui, de l’intérieur ont servi de bâtons pour frapper notre peuple et lui administrer la gifle qui a consisté à assassiner un de ses dignes espoirs tirent toutes les conséquences de leur acte. Il est évident que si nous continuons à mal poser le problème, nous n’aurons aucune solution salvatrice durable. Pour nous, changer de nom ne signifie nullement changer de caractère et les faits et gestes de ceux qui nous dirigent aujourd’hui constituent la preuve qu’ils sont demeurés les mêmes qui ont torpillé notre peuple aux côtés de leur mentor Blaise COMPAORE. Pour avoir renié les acquis et les bienfaits de la révolution, ils sont incapables de prendre des mesures révolutionnaires pour faire avancer notre pays alors que chaque jour, c’est ce que les gens leur demandent, y compris certains de leurs partisans sauf ces parvenus vendeurs d’illusions qui accusent leurs anciens camarades de revanchards à cause de divergence née dans le cadre de la gestion du Chef de file de l’opposition politique (CFOP) dans sa première formule.

Peuple du Burkina

Chers camarades

Si rien ne va de nos jours, c’est parce qu’on veut tordre le coup aux valeurs de vérité, de sincérité, de justice et de liberté consignées dans l’intégrité qui est le nom même de notre chère patrie. Personne n’a rencontré Michel KAFANDO pour parler de commande de véhicules de type pickup avec son prédécesseur ; si quelqu’un a eu l’audace de venir rencontrer le président KABORE pour une telle réclamation, c’est bien parce qu’il y avait sinon cette proximité du moins cette familiarité entre eux. Et oublier que sous Blaise COMPAORE, beaucoup de pays nous en voulaient à cause de son ingérence militaire partout en Afrique depuis son accession au pouvoir est une amnésie grave. La diplomatie actuelle devrait s’employer à gérer ce lourd passif et le pouvoir devrait s’affranchir du joug français pour chercher à faire traduire devant les juridictions nationales ou internationales tous les trafiquants d’armes de cette triste époque qui ont endeuillé nombre de peuples africains. Ne pas pouvoir le faire signifie une complicité indéniable ou du moins un accompagnement sauf si on est malhonnête pour ne pas le reconnaître.

Peuple du Burkina

Chers camarades

La vieille garde a atteint ses limites objectives et il est temps que le vrai changement se fasse. En tant qu’arbitre, il appartient au peuple de choisir entre le mensonge qui signifie stagnation ou reculade et la vérité, la justice qui riment avec progrès. Au risque de nous répéter, si nous voulons nous développer, il nous faut revenir à l’esprit de la révolution d’août dirigée par Thomas SANKARA en choisissant dans la plus grande prudence ceux qui peuvent le mieux incarner de nouveau cet esprit-là.

ADR= Intégrité- Détermination- Victoire

Ouagadougou, 15 octobre 2018

Pour le Présidium suprême de la révolution

Le premier membre, Boucolou SENI