L’information a débord été publiée avant hier sur la page Facebook d’un activiste avant d’être vite diffusée à saturation sur les réseaux sociaux. Un chef d’entreprise devenu ministre aurait abandonné ses employés, « sans salaires depuis plusieurs mois », les plongeant « dans la misère totale surtout avec la rentrée scolaire, et quand ils réclament leurs salaires, tu leur parles mal et les menaces ». L’activiste écrit ensuite que « les impôts ont été obligés de mettre cadenas sur les portes de ta société, faute de payer leur dû, jetant ainsi les pauvres employés dans la rue ».
Il n’a pas fallu chercher trop longtemps pour trouver que le ministre mis en cause n’est autre Harouna Kaboré, ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, nommé à l’occasion du dernier remaniement gouvernemental intervenu fin janvier 2018.
Mais à vrai dire, l’information n’est pas totalement exacte. Comme Kaceto.net, il suffit de faire un tour aux 1200 logements où est située l’entreprise pour constater qu’il n’y a aucun scellé ni sur le portail, ni sur les portes intérieures du bâtiment qui abrite les bureaux. Lorsqu’on décline notre identité et l’objet de notre présence chez eux, Amed Coulibaly, responsable technique de la branche « énergie solaire » de l’entreprise manque d’éclater de rire. « Nous aussi, on a lu hier que nos bureaux sont fermés et qu’on est dehors. Mais comme vous le constatez vous-mêmes, il n’y a pas de cadenas sur aucune porte », commente-t-il. « Nous, on travaille ; ce qui relève des affaires politiques nous dépassent et on s’en occupe pas », poursuit-il.
Il nous propose un tour dans les bureaux pour voir que « les autres collègues sont à leur poste, les autres étant sur les chantiers ». Trois salariés sont effectivement dans leur bureau et s’affaires sur des ordinateurs portables. « Est-ce vrai qu’il y a des retards de salaires et avez-vous des ennuis avec les impôts ? », demandons-nous. Réponse diplomatique du directeur technique de l’entreprise, Christian Bambara : « Ecoutez, monsieur, dans la vie d’une société, il y a des hauts et des bas. Quand on est en haut, on peut se retrouver un jour en bas et de là également, on peut remonter la pente. Mais pour l’essentiel, retenez que Africa Energy Corporation n’est pas fermée et qu’il y a des gens qui y travaillent ».
Africa Energy Corporation, qui a été fondée en 2014 et dont la gestion a été confiée à une directrice après la nomination du ministre Kaboré, traverse vraisemblablement une zone de turbulences. Tout le mal qu’on puisse lui souhaiter, c’est qu’elle remonte la pente pour le bonheur de la dizaine de salariés qui y travaillent.

Kaceto.net