Etre intègre, c’est reconnaître ce que l’on doit au aux autres. Nous nous voulons intègres. Il se trouve que l’intégrité, c’est aussi savoir remercier les autres pour ce qu’ils nous ont apporté.

Nous nous réjouissons de la probable renaissance de l’Institut des Peuples Noirs. En abrégé IPN. Le parcours de mon existence m’autorise peut-être à dire que nous devons cette idée au Guadeloupéen Georges Faisans. Pour plus de clarté, je dois vous dire qui est Georges Faisans.

Voilà ce qu’en dit Wikipédia.

« Georges Faisans est un militant indépendantiste guadeloupéen (1936-1995). Né à Pointe-à-Pitre le 18 septembre 1936, il est professeur en Algérie entre 1960 et 1965. Revenu en Guadeloupe en 1984, il donne un coup de machette à un professeur blanc, Jean Vacheux, accusé d’avoir donné un coup de pied à un élève noir. Emprisonné, il commence une grève de la faim, qui conduit aux cinq glorieuses, cinq jours (du 25 au 29 juillet 1985) de manifestations en Guadeloupe, provoquant sa libération. Il est accueilli au Burkina Faso par Thomas Sankara. Il rentrera en France en 1995. Il décède à Vincennes, le 26 novembre 1995. »

Guadeloupe.net

Pour plus de détails sur cette affaire dite des cinq glorieuses, voilà ce qu’en dit le Guadeloupe.net
« Georges Faisans est né à Pointe à Pitre en 1936, il était un professeur en Algérie dans les années 1960. Installé en Guadeloupe en 1984, il agresse un professeur blanc portant le nom de Jean Vacheux, qui avait donné un coup de pied à un élève de couleur noir.
Georges Faisans était un militant du Mouvement Populaire pour la Guadeloupe Indépendante, suite à son acte contre un comportement racial, il a été condamné à une durée de trois ans d’emprisonnement et incarcéré ensuite en Guadeloupe pour le crime d’avoir agressé un enseignant français qui humilie physiquement un écolier guadeloupéen de couleur noire. Refusant cette sentence qu’il juge injuste, il entame une grève de la faim le 3 juin 1985 en guise de protestation à l’exclusion raciale des écoliers de couleur noire ainsi qu’à la subjectivité juridique face au racisme. Le 25 juin, la décision de son transfert à la prison de Fresnes en France a été décidée. Il a été placé dans le quartier réservé aux grévistes de la faim, où il poursuit son mouvement de protestation.
Le 10 juillet, après plusieurs pressions populaires, le procureur Valère accepte en Guadeloupe la libération de Georges Faisans, cette décision a été refusée par les juges français.
Chérubin Céleste, choqué par la décision des juges français, lance un appel à la masse populaire pour soutenir Georges Faisans. Il participe au blocage de la rue Frébault avec plusieurs militants du Mouvement Populaire pour la Guadeloupe Indépendante tels que Djota, Gaston, Awadou Woz wojé et Marigwadlouop.
Le 20 juillet 1985, le Mouvement Populaire pour la Guadeloupe Indépendante organise plusieurs rencontres et protestations, qui mènent à un déclenchement d’une grève de faim collective devant le Centre des Arts, comme action de soutien de la cause de Georges Faisans et cela avec la participation de plusieurs personnes populaires comme Aline Bolle Francine Lande Claude de Vipart, Marigwadlouo.
Le 22 juillet, plusieurs organismes politiques et syndicales ripostent contre la condamnation de Georges Faisans et décident de se mobiliser contre le jugement de Georges Faisans qu’ils trouvent cynique, injuste et raciste.
Des affrontements sévères entre les manifestants et les forces de l’ordre vont avoir lieu un peu partout : des blocages de circulation sont érigés aux sorties de Pointe-à-Pite et sur les routes.
Le 24 juillet, la situation n’est plus contrôlable et devant le risque d’instabilité de la Guadeloupe, le gouvernement français décide de libérer Georges Faisans le 29 juillet 1985, après une période de 56 jours de grève de la faim.
Quelque temps après ces manifestations, Georges Faisans s’exile au Burkina Faso avant de revenir en Guadeloupe. Il a été dénommé le père nationaliste, il aura été partout dans le monde et encore aujourd’hui considéré comme étant le père des mouvements pauvres à qui il a tout sacrifié.
Il a été un initiateur actif de la « Théologie de la libération ».
En 1995 il rentre en France, le 26 novembre 1995 il décède à Vincennes ».

Quelques brèves rencontres

Personnellement, c’est dans les milieux intellectuels et littéraires de Paris que j’ai pu rencontrer Georges Faisans. Ce qu’il préconisait, c’est une sorte de Panthéon rassemblant toutes sortes de chercheurs, toutes disciplines confondues, pour travailler sur l’histoire et la culture des peuples noirs à travers le monde et à travers l’historiographie. En somme, la recherche des origines vraies, la reconstitution de ce qui nous a été volé. Une démarche à même de restaurer la vraie histoire, seule condition pour penser demain. Tantôt il parlait de monument des peuples noirs, tantôt il parlait d’institut des peuples noirs. Et bien évidemment, au centre de ses préoccupations, l’esclavage etait un vocable qu’il répugnait à utiliser de même que le terme diaspora. On n’est pas Guadeloupéen pour rien.
Pour terminer, je reviens sur l’entame de mon propos. Etre intègre, c’est reconnaître ce que les autres nous ont apporté. On peut aussi choisir une autre démarche. On appelle cela « tirer la couverture à soi ».

Sayouba Traoré
Journaliste ; Ecrivain