Pour défaut d’éclairage et d’immatriculation ou circulation aux heures illégales, plusieurs usagers « inciviques » de Ouagadougou ont dû poursuivre, dans la nuit du 21 au 22 novembre 2018, le reste de leur chemin sans engins.

Le soleil a fini sa course, ce mercredi 21 novembre 2018. Dans les rues de la capitale burkinabè, le vrombissement des engins déchirent le calme de la nuit. Les uns rejoignent leur domicile à la fin d’une journée laborieuse, les autres s’affairent à répondre à une invitation. Certains continuent encore dans la quête de la pitance. D’autres encore, mais cette fois-ci en tenue, sont postés depuis 19h, dans les principales artères de la ville de Ouagadougou, pour réguler la circulation. Cependant, ils ont une mission on ne peut plus clair, en cette soirée : immobiliser les engins à deux ou quatre roues en manque d’éclairage ou de plaques d’immatriculation et les tricycles circulant aux heures illégales, c’est-à-dire après 19h. 20h15 mn, alimentation La Surface, sur l’avenue Charles- De- Gaulle. Aux feux tricolores, l’agent de police municipale intime Mahamadi Ouédraogo, de descendre de sa moto. L’air surpris, il s’exécute tout de même. « Bonsoir monsieur, carte grise et pièce d’identité, vous n’avez pas de plaque d’immatriculation », précise l’agent. L’étudiant en 3e année d’Histoire et Archéologie à l’Université Ouaga I Pr Joseph- Ki- Zerbo jette un coup d’œil à l’arrière de sa motocyclette, avant de se fendre en explications. « Je suis vraiment désolé. J’ai la plaque dans mon sac. Je vais la faire fixée chez le mécanicien juste à côté. S’il vous plait ! », explique-t-il. Il présente la plaque d’immatriculation au policier. Sa preuve à la main et ses excuses ne suffiront pas ce soir. Sa moto est conduite dans le parking érigé pour la circonstance, où une trentaine d’autres engins à deux roues, une dizaine de tricycles et cinq véhicules notamment des taxis attendent. Daouda Ira est taximan. Sa Mercedes, d’un phare et sans feux rouges, a été « vidée » de ses sept clients depuis 19h30, pour défaut d’éclairage, « facteur d’accident ». « Je sais que j’ai tort. Mais, c’est mon garagiste qui m’a trompé. Je viens de prendre la voiture du garage, je n’ai pas eu le temps de contrôler », dit M. Ira. L’étudiant et le chauffeur de taxi ont tous reçu des papillons et ont été invités à se présenter à la police municipale, sise à la Patte d’Oie, jeudi 22 novembre 2018, pour entrer en possession de leur engin. De là, direction Hôpital pédiatrique Charles- de- Gaulle. Les éléments de l’assistant de police municipale, Justin Simporé, continuent la traque aux usagers qui mettent en danger leur vie et celle des autres. Mme Compaoré, arrêtée pour défaut d’immatriculation, est plutôt furieuse. Elle soutient qu’elle a payé sa moto, la semaine dernière. « Je ne comprends rien et je tente de leur expliquer en vain. Le vendeur de moto m’a dit que j’ai 45 jours pour avoir une plaque. Je ne suis même pas en infraction », fulmine l’enseignante. A l’absence de documents provisoires de l’engin sur place, elle jette un doute sur la provenance même de sa moto. En conséquence, elle est déboutée. Mme Compaoré change de stratégie et propose de s’acquitter de l’amende pécuniaire. « Nous n’avons pas de reçu. Donc, nous ne percevons pas d’amendes forfaitaires », lui réplique l’agent.

Assainir la circulation de Ouagadougou

Au parking, la dominance des tricycles est nette. 17 au total sont mis en fourrière sur la vingtaine d’engins, pour avoir circulé après 19h, une heure non autorisée. Abdoul Hamid Sawadogo dit ignorer cette disposition. « C’est la police qui m’a informé tout de suite. Je ne savais pas. Il fallait d’abord faire passer l’information », conseille-t-il. L’assistant Justin Simporé instruit le jeune homme de conduire son tricycle à la Patte d’Oie, siège de la police municipale de Ouagadougou. Il s’y oppose. « Si tu refuses, tu paieras 50 000 FCFA comme amende et frais de location de la grille », menace-t-il. « Chef, on peut aller, je n’avais pas compris », ironise Abdoul Hamid.
A l’occasion de la journée nationale de sensibilisation et de la sécurité routière, l’Office national de la sécurité routière (ONASER) a initié une opération de contrôle nocturne, avec le concours des polices municipale et nationale. Plus de 180 policiers et 20 Volontaires adjoints de sécurité (VADS) ont été mobilisés et répartis dans 23 artères de la ville, dont 10 occupées par la police municipale et 13 par la police nationale. A l’arrière de la brigade de gendarmerie de Paspanga, la moisson est bonne. En moins de deux heures de poste, plus de 90 vélomoteurs, tricycles et voitures ont étés immobilisés et mis en fourrière, selon le bilan dressé par l’officier de police, Arsène Koulidiati, aux environs de 21h45 mn. « Nous avons fait du bon boulot », se félicite le chef du service régional de la circulation et de la sécurité du Centre, le commissaire de police, Ousmane Ouédraogo, chargé de coordonner l’opération. De 19h à 00h, ses hommes ont pu saisir 546 engins à deux roues, 197 tricycles et 72 voitures. Le secrétaire général du ministère des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Dr Zakaria Soré, a aussi salué les policiers pour leur mission « d’assainissement de la circulation de Ouagadougou, au profit des usagers ». L’objectif est de sensibiliser les populations à se mettre en règle pour rouler tranquillement.
Pour le directeur général adjoint de l’ONASER, Jean Pierre Kaboré, il s’agit d’interpeller les usagers au respect des règles élémentaires de sécurité routière. En entendant que le message passe, les contrevenants devront verser entre 6 000 et 50 000 francs CFA comme amende pour entrer en possession de leurs engins.

Djakaridia SIRIBIE
Sidwaya