Pour la troisième fois consécutivement, l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ) a organisé les journées anti-impérialistes le 1er décembre à Ouagadougou, en présence d’autres organisations venues d’Afrique et d’Europe.

"Ne cherchez pas loin l’impérialisme ; il se trouve dans votre assiette", disait en substance le défunt président Thomas Sankara. Autrement dit, la domination de l’Afrique par les puissances étrangères n’est pas une fiction ; elle se vit au quotidien et impact notre façon de réfléchir et d’agir. Elle se traduit aussi par une influence sur les choix économiques des gouvernements africains, contraints d’appliquer des programmes qui ne répondent pas toujours aux aspirations de leurs peuples.
Cette domination qui dure depuis des décennies même après l’accès à la souveraineté politique de nos Etats, freine le développement économique et social des Africains en les maintenant dans la pauvreté endémique et la misère.
Sur le continent, il s’est toujours trouvé des leaders pour oser dénoncer cet état de fait et revendiquer le droit pour l’Afrique de définir ses priorités et choisir la voie de son développement. C’est ce combat qu’entend poursuivre l’Organisation démocratique de la Jeunesse du Burkina Faso (ODJ), en organisant les Journées anti-impérialistes.
Cette année, la rencontre avait pour thème : « Contre les menées impérialistes et pour la démocratie et le progrès social véritables », un thème fort à propos sachant que la démocratie peine à s’enraciner dans beaucoup de pays africains. Les choix des peuples ne sont pas toujours respectés et les puissances impérialistes veillent à maintenir au pouvoir une classe de dirigeants complices, prêts à sacrifier les intérêts de leurs peuples dans le seul but de rester au pouvoir. En dépit de ses immenses ressources naturelles, de son énorme potentiel agricole, c’est paradoxalement sur le continent noir qu’il y a plus de pauvres, d’affamés, d’analphabètes et où on meurt par manque d’aspirine.
En reprenant le flambeau de la lutte pour la liberté africaine, l’ODJ s’inscrit dans la droite ligne du combat initié par les pères du panafricanismes, depuis Marcus Garvey, jusqu’à Thomas Sankara en passant Georges Padmore, Anténor Firmin, W. E. B. Du Bois, Kwamé Nkrumah, Juius Nyerere et Lumumba.
Lors des débats, le déplacement des affrontements entre puissances sur le terrain économique a été mis en évidence pour ensuite montrer les conséquences sur le vécu des Africains. La volonté des milliers d’Africains de gagner à tout prix l’Europe quitte à périr en mer n’est que la conséquence de l’incapacité des gouvernements à offrir des alternatives à leurs jeunesses et l’impérialisme y a sa part de responsabilité.
Au plan national, l’ODJ a pointé du doigt "l’incapacité de la majorité présidentielle à trouver des solutions aux problèmes de la jeunesse burkinabè" et ce n’est pas le Plan national de développement économique et social (PNDES), variante des Plans d’ajustements structurels imposés depuis plus de 40 ans avec les conséquences sociales qui en ont résulté qui fera la différence.
Le président de l’ODJ Gabin Korbeogo et l’ensemble des panélistes ont dénoncé la nocivité de la présence des armées étrangères sur le sol africain, leurs objectifs étant, non d’assurer la sécurité des Africains, mais de protéger les ressources naturelles que les multinationales exploitent pour la prospérité de l’Occident.
Face au pillage des ressources africaines, à la paupérisation endémique de la population, la rencontre organisée par l’ODJ apporte de la fraîcheur dans le débat politique africain et burkinabè marqué par des crispations de part et d’autre et l’absence de perspectives pour un lendemain qui chante.

Dominique Koné
Kaceto.net