Devant la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, vendredi, le Général de Gendarmerie Djibrill Bassolé, a nié toute participation au putsch de septembre 2015 et promis démontrer la fausseté des écoutes téléphoniques à lui attribuées.

« Mes activités n’ont pas été en lien avec les faits qui me sont reprochés » a déclaré vendredi, le premier Général de Gendarmerie burkinabè Djibrill Bassolé.

Dernier accusé à passer à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, le Général Djibrill Bassolé a reconnu avoir échangé à plusieurs reprises avec le président de l’Assemblée Nationale ivoirienne Guillaume Soro, au cours du putsch de septembre 2015.

« Avec Soro, nous nous appelions régulièrement en particulier lorsque des situations difficiles se présentaient au Burkina Faso comme en Côte d’Ivoire » a-t-il affirmé.

Cependant, l’accusé réfute catégoriquement le contenu des écoutes téléphoniques entre lui et Guillaume Soro visant à soutenir le putsch de septembre 2015.

« S’agissant des écoutes téléphoniques fabriquées et manipulées à mon encontre, j’aurai l’opportunité de prouver qu’ils ne proviennent pas d’une conversation classique » a-t-il affirmé.

« Objet de beaucoup de controverses » en raison de son « engagement politique », selon ses dires, l’ex ministre des affaires Etrangères de Blaise Compaoré, a expliqué qu’il a préféré quitter Ouagadougou pour Koudougou dès qu’il a appris l’arrestation des autorités de la Transition dans l’après-midi du 16 septembre 2015.

Durant la courte période du putsch, l’officier supérieur reconnait avoir communiqué avec plusieurs personnalités notamment ivoiriennes et sénégalaises.

Il se serait même rendu au Niger sur invitation du président Mahamadou Issoufou qui l’a chargé selon ses dires, de demander au Général Diendéré d’accepter la feuille de route de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Aussi, quel ne fut sa surprise, selon lui, d’entendre le 28 septembre 2015, un communiqué du gouvernement de la Transition l’accusant d’appuyer le Général Diendéré dans un projet de mobilisation de forces étrangères et de groupes djihadistes afin de déstabiliser le pays.

Arrêté le 29 septembre 2015, le Général Djibrill Bassolé, estime que les faits qui lui sont reprochés sont totalement opposés à ses activités pendant la période du putsch.

« Aucune déclaration de co-accusé ou de témoin ne me met en cause » a-t-il affirmé.

Le président du Tribunal militaire de Ouagadougou, Seydou Ouédraogo a posé une série de questions à l’accusé.

« Avez-vous apporté une aide quelconque au putsch ? » a-t-il demandé.

« Pas du tout. Diendéré n’avait pas besoin d’une aide quelconque car je ne pense pas qu’il ait perpétré un putsch. Si tel était le cas, il m’en aurait informé » a répondu le Général Bassolé.

« Parlez-nous de la somme que vous avez remis à Ismaël Diendéré (fils du Général Diendéré) ? » a de nouveau demandé le président du Tribunal militaire.

« Ismaël Diendéré est le fiancé de ma fille. Il m’a appelé pour me faire savoir qu’ils avaient des problèmes familiaux. J’ai appelé sa maman (Fatou Diendéré) qui me l’a confirmé. Je lui ai fait remettre 5 millions. Son papa (le Général Diendéré) ne l’a même pas su » a répondu l’accusé.

Le président du Tribunal militaire a demandé à savoir les rapports qui lient l’accusé avec un de ses co-accusés à savoir le journaliste Adama Ouédraogo dit Damiss qui a reçu la somme d’un million de sa part le jour même du putsch.

Le Général Bassolé a expliqué que Adama Ouédraogo dit Damiss est une connaissance de longue date qui a grandi à ses côtés à Nouna (situé à 304,7 kilomètres de Ouagadougou).

Au vu de ce lien, ce dernier l’avait sollicité financièrement en fin août 2015, alors qu’il était à l’étranger, pour la rédaction d’un livre.

« A mon retour, j’ai demandé à mon assistant M. Sawadogo de prévoir un million pour Damiss. Le débat est mené comme si j’avais su que Damiss était impliqué au putsch et je lui ai remis la somme pour soutenir l’acte. La date de remise de la somme (le 17 septembre 2015) à Damiss par M. Sawadogo a été fixé de façon fortuite » a-t-il déclaré.

Lors de son passage à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, le sergent-chef Roger Koussoubé dit le « Touareg » a affirmé qu’il existait trois camps au sein de l’ex Régiment de sécurité présidentiel (RSP) dont l’un était dirigé par le Général Bassolé.

Pour l’accusé, sur le plan militaire, « les clans ça n’existe pas ». « Je n’en sais strictement rien » a-t-il fait savoir.

Selon lui, de par ses fonctions (ministre de la sécurité et des affaires étrangères sous Blaise Compaoré), il a eu à collaborer avec le RSP mais aussi avec les autres corps de l’armée mais estime ne pas fonctionner sur la base de clans.

L’avocat des parties civiles Me Guy Hervé Kam a jugé les propos du Général Bassolé « très enrichissants » par rapport au dossier.

« Nous avons été agréablement surpris que le Général lui-même reconnaisse la plupart des écoutes dans le dossier. Le débat va se mêler maintenant sur le caractère intrinsèque de ces écoutes à savoir si elles ont été manipulées ou non » a-t-il affirmé.

Le Général Bassolé était ce vendredi à son second jour de comparution devant le Tribunal militaire de Ouagadougou.

Le mercredi dernier, le président du Tribunal Seydou Ouédraogo lui avait notifié les charges pour lesquelles il est poursuivi et il avait plaidé non coupable.

Il est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre sur 13 personnes, coup et blessures sur 42 personnes et trahison.

Cependant, son audition n’avait pas pu se poursuivre car ses avocats avaient demandé un sursis à statuer parce qu’ils avaient posé plainte pour faux sur le travail d’expertise des écoutes téléphoniques.

Une plainte autour de laquelle, les débats se sont déroulées toute la journée du mercredi.

L’audience de ce vendredi, a été suspendue aux environs de 12 heures par le président du Tribunal militaire qui a décidé qu’elle reprendra le lundi 7 janvier 2019 après les fêtes de fin d’années.

Agence d’Information du Burkina