Beuveries, pharisianisme, violences, plaquage de partenaires, etc., l’ancienne ministre de la Promotion de la femme, Nestorine Sangaré pointe par avance des comportements peu honorables à l’occasion de la nuit de la Saint-Sylvestre.
Mordant !

Demain c’est le 31 Décembre. Pour célébrer cette fête importée de je ne sais où, une loi, non écrite et édictée par je ne sais qui, impose aux adolescents et aux adultes de sortir en couple la nuit du 31 Décembre. C’est la soirée d’humiliation pour les célibataires, contraints malgré eux à se trouver des partenaires pour l’occasion. Ne pas avoir de partenaires en ce jour est considéré comme une marque d’incapacité à séduire, d’où la cours assidue faite à toutes les filles, sans exception. Par tous les canaux et supports conventionnels ou non, elles recevront les messages flatteurs et faussement amoureux qui siéent pour l’occasion.
Pour cette ultime sortie du 31 Décembre, il est de rigueur que les hommes et les femmes soient tirés à quatre épingles et de préférence dans des tenues à la mode et très branchées. Le respect de ce code vestimentaire entraîne des dépenses que les femmes et filles assument elles-mêmes ou réclament à leurs éventuels partenaires de sortie. Les moins exigeantes opteront pour les chinoiseries, d’autres pour les tenues de Turquie ou Dubaï. Les plus cotées miseront sur Dolce Gabbana, Gucci ou Hermès, Chanel, Dior ou encore Louis Vuitton. Même en seconde main et après repassage, certaines feront tout pour le respect du statut social envié.
A 20h sonnante, harnachés comme des chevaux d’apparat, bravant le froid mordant habituel des nuits de la Saint-Sylvestre, tous les couples anciens et occasionnels sortiront par milliers pour prendre d’assaut les boites de nuit et autres lieux de beuveries. Arrivée au lieu du Réveillon, c’est toute une histoire qui se joue, chacun avec sa chacune. La nuit du 31 Décembre, selon les moyens des hommes de la soirée, il faut bien se montrer à la hauteur et mystifier les pépés, les gos et surtout les Tchiza. Chanceuses les épouses ou les fiancées qui seront conviées à sortir. Les laissées pour compte s’endormiront le téléphone en main après avoir appelé 1000 fois les faux-types qui les ont plaquées sans élégance. Et que dire du soupirant éconduit sans ménagement ? La tête basse, il rentrera chez lui après avoir misé sur la mauvaise cavalière. A moins que les copains n’aient pitié de lui et l’acceptent à la soirée pour le consoler de sa déconvenue.
Parlons maintenant du menu de la soirée. Il y aura dans la haute société et à la table de l’élite politico-économique du champagne, des liqueurs de grands crus, du foie gras, du saumon fumé, des gambas et des mets raffinés de marques plus exotiques les unes que les autres. Chez la classe moyenne, l’effort sera fait grâce aux perdiems accumulés pour que toutes les liqueurs de chez Marina Market et Scimas soient sur les tables. Au menu s’ajouteront les poulets braisés ou télévisés, les bières locales et des frites et salades préparées par les fiancées et copines d’occasion. Dans la basse société, beaucoup choisiront de rester sagement à la maison pour manger la viande de l’unique coq accompagner de riz gras et d’une bouteille de bière. Ils s’endormiront juste après le coup de minuit, après avoir remercié Dieu pour le privilège de voir la nouvelle année. D’autres iront à la gargote habituelle pour cuver les alcools frelatés et autres boissons douteuses importées aussi de pays inconnus accompagnées des abats ou des brochettes à la salmonelle.
Quand minuit sonnera, les plus pieux auront une pensée reconnaissante pour la Providence divine artisane de leur longévité. Pour les autres, le baiser de minuit est le coup d’envoi pour titiller les sens et redoubler les ardeurs dans les orgies diverses. Comme dans une course contre la montre avant que le jour nouveau ne se lève. Ainsi, quand viendra le moment de manger et boire, beaucoup opteront pour le mélange intégral afin de perdre la tête et oublier les normes et les règles. De minuit au petit matin, plusieurs prendront congé du bon Dieu pour jouer les disciples de diable sans restriction normative. Tout se passera comme si le fait d’entrer dans la nouvelle année est un prétexte suffisant pour commettre toutes les bêtises de l’année écoulée qui étaient gardées secrètement en réserve. Et tout ce qui doit arriver en pareilles circonstances arrivera (ivresse, accidents, inconduite sexuelle, violences, gueule de bois, maux de tête, etc.). Cette année encore, quand viendra la journée du 1er janvier du Nouvel An, beaucoup se réveilleront dégoûtés, épuisés et étourdis comme s’ils ont lutté par leurs propres forces pour voir l’année nouvelle. Pour les plus chanceux, la vie continuera comme si rien ne s’était passé. Pour les moins chanceux, ce sera un retour brutal à la réalité pour gérer les conséquences des mauvais choix.
Pour que la fête du 31 Décembre 2018 ne soit pas un mauvais souvenir, osons repenser la célébration selon nos valeurs et dans la crainte de Dieu. Bonne et agréable fête de la Saint-Sylvestre à tous et toutes, dans la modération et la responsabilité.

Nestorine Sangaré, ancienne ministre de la Promotion de la femme et du Genre ;
Spécialiste des questions de Genre