Programmé vendredi 27 août, le vol 373 d’air France Bamako-Paris a été reporté deux fois, sans que les passagers aient bénéficié de traitements appropriés

Voyager à bord d’Air France au départ ou à destination d’un pays d’Afrique noire francophone ressemble parfois à un chemin de croix. On a la désagréable impression de solliciter d’aumône, quand bien même on a payé son billet au prix fort parce qu’on souhaite un vol direct, que seule air France, hélas, est en mesure de proposer. Sur le continent, l’image de la compagnie française est associée à la ponctualité, au confort et à des services de qualité à bord. La réalité est souvent très loin de cette image d’Epinal.

Les passagers Maliens du vol 373 Bamako-Paris du vendredi 26 août en savent quelque chose. Ils n’oublieront pas de si tôt ce qu’ils ont vécu. « On a rempli toutes les formalités et on est monté dans l’avion. On était soulagé et content de pouvoir partir, mais à notre grande surprise, on nous a dit que le vol est annulé parce qu’il y a des souris à bord. Oui, des souris. On n’en croyait pas nos oreilles. On nous a dit de descendre. Ceux qui le souhaitaient ont été pris en charge et logés à l’hôtel Radisson et d’autres sont rentrés chez eux », témoigne un passager. Sans dédommagements. Le vol a été programmé à nouveau samedi soir, le temps pour air France de dératiser l’avion, le débarrasser de ces indésirables passagers clandestins. Au passage, de quelle nationalité sont ces souris ? Des françaises arrivées de Paris pour profiter des derniers jours de vacances sous les tropiques, ou est-ce des maliennes désireuses de découvrir les merveilles touristiques de la France ? La police des deux pays devra tirer cette affaire au clair !
Le samedi 27, les malheureux passagers se présentent à l’aéroport, espérant cette fois-ci partir, sans être importunés par des souris. Ils remplissent à nouveau les formalités de police et sont prêts à embarquer. Mais air France leur avait préparé une nouvelle surprise. Il est environ 3 heures du matin, donc dimanche, lorsqu’ils apprennent, au moment d’embarquer, que le vol est à nouveau annulé en raison d’une panne technique. Mazette ! Ce qui alimente un peu plus leur colère, c’est qu’ils regardent passer devant eux les passagers programmés sur le vol du samedi, monter dans l’avion et partir.
Le comble est que, cette fois-ci, les passagers sont abandonnés eux-mêmes. Pour air France, il n’était pas question de prendre en charge deux nuits successivement des passagers venant de ces lointaines contrées. Faut quand-même pas exagérer ! Une fois, ça va, mais pas deux. Il y a des limites à tout ! Laissés sur le carreau, les passagers se sont démerdés, c’est le mot, en attendant que les mécanos diagnostiquent le mal de l’oiseau et le soigne. En guise d’indemnisation, air France s’est contentée de leur distribuer des bons de taxi. C’est tout.

En réalité, il n’y avait aucun ennui mécanique sur l’avion comme on pourrait le croire. La panne technique n’est que la conséquence d’une organisation chaotique de la compagnie. La vérité est ailleurs. C’est le pilote qui a refusé de prendre les commandes de l’avion. Soumis à des horaires de travail et contraint à un temps de repos obligatoire, le commandant de bord du jour devait décoller avant minuit. Les formalités devaient donc être terminées avant 20 heures, le créneau horaire 20-22h étant réservé au vol du jour. Or, l’enregistrement des passagers a commencé vers 22h. Autrement dit, les passagers de deux vols se sont retrouvés au même moment, occasionnant une indescriptible pagaille, d’autant que par manque d’anticipation ou par soucis d’économiser quelque FCFA, air France n’a ni réservé de comptoirs supplémentaires, ni augmenté son personnel au sol. Résultat, c’est bien après minuit que tous les passagers ont terminé les formalités de voyage. Le pilote s’est cabré, et sûr de son droit, a refusé de faire décoller l’avion.
Hier soir, les passagers sont revenus pour la troisième fois tenter leur chance. Comme au loto. Dans une ambiance électrique. Le Hall de l’aéroport international « Bamako Senou Modibo Keita », s’est avéré étroit pour contenir tous les candidats au voyage. A la même heure, d’autres compagnies comme Royal air Maroc, Turkishairlines et air Algérie attendaient d’embarquer. « Il y a énormément du monde, avec beaucoup de candidats au pèlerinage à la Mecque, des personnes âgées complètement fatiguées d’attendre », témoigne un Malien qui a accompagné sa nièce à l’aéroport.
Finalement, l’avion a décollé pour Paris. En retard !

Joachim Vokouma
Kaceto.net