Laurent Gbagbo a été acquitté mardi 15 janvier de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI), qui a ordonné la libération immédiate de l’ancien président de la Côte d’Ivoire (2000-2011). Il sera libéré mercredi, afin de laisser le temps à l’accusation de répondre à la décision historique rendue par la CPI. Il était en détention depuis plus de sept ans.

« La Chambre fait droit aux demandes d’acquittement présentées par Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé [ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes, fidèles à M. Gbagbo] concernant l’ensemble des charges » retenues contre eux et « ordonne la mise en liberté immédiate des deux accusés », a déclaré le juge président, Cuno Tarfusser.

Un camouflet pour la CPI

Les deux hommes étaient jugés depuis 2016 à La Haye pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, notamment meurtres, viols et persécution, au cours des violences postélectorales en Côte d’Ivoire entre décembre 2010 et avril 2011, lorsque Laurent Gbagbo avait refusé d’accepter sa défaite face à son rival Alassane Ouattara. Les violences avaient fait plus de 3 000 morts en cinq mois.
A l’annonce du verdict, plusieurs centaines de personnes ont salué cette décision à Gagnoa, la ville natale de M. Gbagbo. Dans la plupart des cafés et hôtels, des employés et des clients regardaient la télévision pour suivre l’annonce de la décision de la CPI. Dans les rues, les chauffeurs ont longuement joués de leurs klaxons pour exprimer leur joie. « C’est la joie, c’est une décision que j’attendais depuis le début », a de son côté déclaré à la presse Simone Gbagbo à son domicile. « Ma conviction était faite, le président Laurent Gbagbo n’est pas coupable de tout ce dont on l’accusait, aujourd’hui la vérité est proclamée par les juges eux-mêmes », a-t-elle affirmé, ajoutant que l’ex-président « n’aurait jamais dû être arrêté ni déporté à la CPI ».
La décision des juges est un nouveau camouflet pour la CPI. Les précédentes tentatives de la Cour de jugement des personnalités politiques de haut rang – la plupart en Afrique – ont toutes rencontré des obstacles. L’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba avait été acquitté à la surprise générale en appel en juin 2018. Il avait dans un premier temps été condamné à dix-huit ans de prison pour des crimes commis par sa milice en République centrafricaine entre 2002 et 2003.

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