Venue couvrir la 26 ème édition du Fespaco, une consœur tunisienne, Zouhour HARBAOUI s’était fendue d’une tribune chez nos confrères de Burkina24.com dans laquelle elle a accusé le ministre de la Culture, des arts et du tourisme, Abdoul Karim Sango d’avoir dénoncé dans son discours à la cérémonie d’ouverture, "l’intégrisme musulman".
"Choquée", notre consœur s’étonne que le ministre ou l’auteur de son discours n’ait pas "un peu de jugeote" qui lui aurait permis de comprendre que "le terme adéquat est « intégrisme religieux », ou, à la rigueur, « intégrisme islamiste ».
L’ennui, parce qu’il y en a, c’est que le ministre n’a jamais parlé d’intégrisme musulman dans son discours. Tous ceux étaient dans le stade, dont l’auteur de ces lignes, ont bien entendu le ministre Sango dénoncer "l’intégrisme violent". Voici le passage mal entendu par la consœur de Tunis : "Le contexte sécuritaire dans certains de nos pays interpelle sur l’apport réel de la culture dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent."
Interpellée, Zouhour HARBAOUI a écouté à nouveau le discours du ministre et s’est rendue compte qu’elle avait commis une bourde. Dans les colonnes du même journal, elle a présenté ses excuses au ministre, promettant pour l’avenir "d’apprendrais à lire sur les lèvres pour mieux comprendre ce qu’on dit".
Voici, pour l’histoire, l’intégralité du discours du ministre Sango prononcé le 23 février 2019 à l’occasion de l’ouverture du FESPACO 2019

Mesdames et Messieurs,
Avant tout propos, je voudrais demander une minute de silence à la mémoire de tous les acteurs du cinéma disparus ainsi qu’aux victimes de l’extrémisme violent …(Je vous remercie).

Mesdames et Messieurs,
Au moment où s’ouvre la 26 ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, (FESPACO), porté sur les fonts baptismaux il y a de cela 50 ans, j’ai pleinement conscience de m’adresser à l’ensemble des acteurs de la filière que sont :
  les professionnels du métier,
  les festivaliers
  ainsi que le public consommateur de l’image et des expressions culturelles d’Afrique et de la diaspora.
Au plus haut niveau de cette tribune riche en couleurs de l’événementiel panafricain du cinéma, je puis vous assurer que Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE, Président du Faso, et l’ensemble des membres du gouvernement, ont été très sensibles et très ouverts aux questions liées
  à l’image comme facteur d’intégration et véhicule de nos identités au-delà de nos différences,
  mais aussi à l’économie émergente du cinéma en Afrique, par une contribution remarquable de la filière à la croissance sur le continent.

Nous nous réjouissons de la forte affluence des festivaliers à Ouagadougou, preuve du soutien indéfectible des Amis et frères du Burkina qui partagent avec nous les valeurs de démocratie, de liberté, d’égalité, de fraternité et de justice sociale. Votre présence parmi nous témoigne de notre capacité commune à résister et à faire échec aux forces du mal par la magie du son et de l’image que le cinéma nous offre.

Pour paraphraser un de nos éminents poètes dramaturges, Jacques Prosper Bazié, dont l’œuvre sera bientôt portée à l’écran, « Les nations sont supérieures aux malheurs dont elles se relèvent en puisant aux sources toniques de leur personnalité ». A cela, j’ajouterai que « Le jour éloigné existe, mais celui qui ne viendra pas n’existe pas ».Avec nos FDS et avec chacun de nous, Le Burkina Faso restera debout.

Mesdames et Messieurs
Le contexte sécuritaire dans certains de nos pays interpelle sur l’apport réel de la culture dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent. Hormis la promotion des valeurs positives du vivre-ensemble par le dialogue interreligieux et interculturel, il est plus que nécessaire que la puissance de l’image soit véhiculée à travers les écrans pour magnifier les idéaux et les valeurs de nos peuples.

Cinquantenaire, le FESPACO l’est résolument ; offrant ainsi l’occasion de poser un regard rétrospectif sur son évolution qui a connu certes des balbutiements, et même des velléités de ravissement de son espace en tant que cadre d’échanges et plateforme dédiée aux professionnels des métiers du cinéma.

Panafricain, le FESPACO l’est assurément, grâce à l’action conjuguée de l’Etat et de la Fédération Panafricaine du Cinéma et aussi grâce au soutien sans faille des partenaires techniques et financiers. Sa dimension panafricaniste sera consacrée sous la Révolution en 1985 avec le Capitaine Thomas Sankara, qui a permis l’arrivée, pour la première fois, d’une centaine de fils et de filles de la diaspora noire sur les terres de leurs ancêtres.

Multidimensionnel, le FESPACO l’est naturellement ; mettant l’image au cœur de différentes thématiques développées au fil des éditions, depuis 1973 avec le rôle du cinéma dans l’éveil de conscience de la civilisation noire, jusqu’ au thème de la présente édition : « Mémoire et Avenir des cinémas africains ».Le thème de cette 26ème édition cinquantenaire du FESPACO fait écho des propos du Joseph Ki-Zerbo lorsqu’il écrivait : « il n y’a pas de collectivité humaine sans projet, ni mémoire ».

En outre, en dehors des salles de projection, le FESPACO agrège les autres formes d’arts dans la pluralité de leurs expressions. Le cinéma en Afrique, c’est la vie dans toutes ses dimensions et ses couleurs ! Là encore, nous rejoignons le Pr Joseph Ki-Zerbo « Nous autres Africains, grâce à la puissance de l’image, grâce à la capacité de création de la joie, même dans les moments les plus difficiles, nous pouvons donner un sens à l’expérience et à l’aventure humaine… »

Mesdames et Messieurs,
Je présume de la qualité des réflexions qui seront menées au cours des rencontres professionnelles, et notre violon d’Ingres, sera la capitalisation des acquis, pour permettre au cinéma de faire face aux nouvelles exigences, notamment
  L’environnement multimédia,
  Le basculement au numérique,
  L’effectivité de la prise en compte de la vidéo et de la télévision,
  La réhabilitation des salles de cinéma,
  Les aspects liés à la coproduction, à la diffusion et au marché de l’image ;
  etc.
Mesdames et messieurs
Parlant de mémoire :
Je voudrais, au nom du Président du Faso et de l’ensemble du gouvernement rendre un vibrant hommage aux grandes figures du cinéma africain et de la diaspora, pour avoir tenu haut le flambeau du FESPACO. Par votre engagement individuel et collectif, vous avez fait du FESPACO, la voix du cinéma africain dans le monde.
Le FESPACO n’aurait jamais atteint ce niveau de rayonnement international sans un engagement politique fort. Voilà pourquoi cette tribune est belle pour rendre un vibrant hommage aux différents chefs d’Etat de notre pays qui ont successivement apporté un soutien sans faille à cet événement. Permettez, au nom du Président du Faso, en ce jour spécial de témoigner de façon appuyée la reconnaissance de notre nation au Président Aboubacar Sangoulé Lamizana patron de la 1ère édition tenue du 1er au 15 février 1969, et qui a fait confiance aux porteurs du Fespaco.

Mesdames et messieurs
« Avec des amis à ses côtés, aucune route ne semble trop longue »
Aussi, au nom de SEM Le Président du Faso, Je voudrais adresser mes chaleureuses félicitations et mes sincères remerciements à l’ensemble des acteurs du métier et aux partenaires techniques et financiers qui accompagnent le Festival depuis sa création.

Le cinéma est la boîte magique de l’aventure humaine, contée et réalisée pour le meilleur des mondes possibles.
Cinquante (50) ans du FESPACO, c’est un parcours glorieux et ambitieux !
Cinquante (50) ans du FESPACO, c’est l’épopée des Peuples noirs à travers les écrans du monde entier, Et
Vivement que l’Etalon d’or de Yennenga soit brandi par le meilleur au soir de la 26e édition !
Que la fête du Cinquantenaire du FESPACO soit belle et mémorable !

Je vous remercie

Abdoul Karim Sango ; Ministre de la Culture, des arts et du tourisme