L’annonce de la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo le 16 février 2019 à Bobo-Dioulasso a créé une certaine agitation au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) où la sérénité n’était déjà pas au point depuis le congrès de mai 2018.
Ira t-il à la conquête de Kosyam sous les couleurs de l’ex-parti au pouvoir ou en candidat indépendant ? Hier, sur les antenne de RFI, il laissait entendre que toutes les options étaient possibles. Quels sont ses rapports avec le CDP ? Comment le parti se prépare t-il pour la bataille de 2020 et quelle est l’ambiance qui y règne ?
Eléments de réponse avec le secrétaire à l’organisation du CDP et membre du Bureau exécutif national, Aboubacar Sannou.

Quelle est l’ambiance actuellement au CDP ? Est-ce que le président Eddie Komboïgo a réussi à ramener l’unité au sein du parti après le congrès ?

Comme dans tout grand parti politique, je dirai que nous sommes dans une sérénité relative parce que des attitudes de certains camarades membres de la direction du parti ces derniers temps nous ont conduits à les interpeller, ce qui ne devrait pas l’être. Tout le monde connait la discipline du parti, à commencer par ceux qui sont interpellés car quelque part, ils ont commis des fautes, ou posé des actes qui sont en déphasage avec les principes du parti. C’est pour cette raison que je parle de sérénité relative en espérant que tout rentre rapidement dans l’ordre et qu’on revienne à de meilleurs sentiments.

Qui avez-vous interpellés et que leur reprochez-vous ?

Je fais allusion à des sorties médiatiques que nous avons décriées, notamment de celle de Mahamadi Kouanda, qui n’est pas n’importe qui puisqu’il est un des membres fondateurs du parti. Pour cette raison, il doit faire attention. Il va donc comparaître devant la commission de contrôle de vérification. En dehors de lui, nous avons aussi un certain nombre de camarades qui se sont rendus à une activité à Bobo-Dioulasso dite assemblée générale appel à la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo. Nous estimons que ce type de comportement est une violation des textes de notre parti et nous avons demandé à la commission de contrôle et de vérification d’entendre ces camarades afin qu’ils s’expliquent sur leur attitude. Après, on avisera.

On ne peut donc pas dire qu’il y a la sérénité dans la maison CDP…

Oui, j’ai dit qu’il y a avait une sérénité relative en tenant en compte de ce que je viens de vous dire. Mais comme vous l’avez sans doute suivi, nous sommes allés au dernier congrès les 5 et 6 mai 2018 conformément à nos textes. Pour la première fois, il y a eu deux candidats à la présidence : Eddie Komboïgo et Boureima Badini. Faute de consensus, nous avons été obligés d’organiser un vote pour les départager. Au final, c’est Eddie Komboïgo qui a été élu [39 voix contre 33] et dans la foulée, il a fait tous les efforts afin que nous soyons unis. Ainsi, aucun membre du Bureau exécutif national sortant (BEN) n’a été écarté ; le président a demandé que tous ceux qui en étaient membres et qui le souhaitent, restent. Au décompte, trois camarades ont demandé à partir : Léonce Koné, Yaya Boubacar Diallo et Lonsany Traoré ont intégré le Haut conseil, et Hamadou Maïga qui s’occupait de la communication a souhaité se retirer. Dans le même temps, deux membres du Haut conseil sont revenus dans la direction du parti : Alphonse Nombré et Blaise Bonkoungou.
Mieux, le BEN a été élargi à 130 membres pour prendre en compte toutes les tendances qui pouvaient se manifester dans le parti. Après les élections, le vainqueur a demandé à son challenger d’accepter le poste de 1er vice-président, qu’il a refusé. Mais tous, je dis bien tous ceux qui ont soutenu la candidature de Boureima Badini se retrouvent dans le BEN. Aucun poste n’a été imposé à personne et personne n’a décliné le pote qui lui a été proposé sauf Badini. Et c’est par acclamation que le bureau a été adopté. Je ne pense donc pas qu’il puisse y avoir d’acte d’appel à la cohésion et à l’unité plus que ce qui a été fait. S’il y avait eu des contestations, on aurait compris après, mais là, on ne comprend rien.

Kadré Désiré figure-t-il sur la liste des militants qui étaient à Bobo pour le lancement de sa candidature et qui doivent être auditionnés ?

Je suis un peu gêné de la manière dont on parle de Kadré Désiré Ouédraogo, car aucun acte matériel, juridique et politique ne rattache le CDP à monsieur Kadré Désiré Ouédraogo. Il n’a pas sa carte de militant, ne cotise pas et ne participe pas à aux activités. Pour nous, il n’est pas un militant du CDP.
Pour les autres, je ne sais pas s’ils sont allés soutenir ou pas la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo ; c’est devant la commission qu’ils diront clairement l’objet de leur présence au meeting de Bobo et à cette activité. Peut-être, ont-ils été induits en erreur, mais après la comparution devant la commission, on en saura un peu plus.
Nous sommes en politique et il faut savoir qu’à l’orée de cette activité, des appels avaient été lancés un peu partout aux militants pour y prendre part. Nous avons été obligés de publier des communiqués pour rappeler que l’activité n’est pas une activité du CDP ; malgré cela, nous accordons un peu de bonne foi à ceux qui étaient à cette réunion parce que les communiqués étaient radiodiffusés et tout le monde ne les a peut-être pas entendus. Au total, huit (8) camarades membres du BEN et Haut conseil seront auditionnés et en fonction de ce qu’ils diront, le parti prendra les mesures qui s’imposent.

Est-il possible d’adhérer aujourd’hui au CDP, payer ses cotisations et être candidat à la candidature ?

Pour être candidat à la présidence au nom du CDP, il y a des critères, à commencer par le militantisme. Il faut apporter la preuve d’un militantisme certain et engagé durant les dernières années dans les structures du CDP, qui est quand même un parti sérieux. On ne peut pas ouvrir les portes de notre famille politique à tout le monde sans contrôle. Les textes du parti sont clairs : sauf dérogation exceptionnelle, le parcours du militant débute dans les structures de base, puis se poursuit dans les comités et ensuite dans les sections. On ne devient pas membre du BEN aussi facilement que ça et on ne peut prétendre à des postes sans avoir prouvé son attachement au parti.
Depuis le congrès, Kadré Désiré Ouédraogo n’a posé aucun acte qui prouve qu’il a accepté la proposition de sa province d’origine pour être membre du BPN. Il n’a même pas répondu à l’invitation pour la rentrée politique et le jour où se tenait une réunion du BEN, il organisait un arbre de noël à Kaya !
Je vous fais une confidence : il y a quelques jours, une dame est venue pour payer les cotisations de Kadré Désiré Ouédraogo, mais nous avons refusé de prendre l’argent tout simplement parce que nous ne voyons rien qui le lie au CDP !

Quel était l’objet de la réunion du dernier BEN ?

Nous avons essentiellement parlé de la prochaine présidentielle, des éventuelles candidatures et de l’opportunité d’enclencher la procédure devant aboutir au choix de notre candidat. La réunion a duré près de six (6) heures et contrairement à ce que j’ai lu et entendu dans les médias, tout s’est bien passé. Bien entendu, le débat était vif, ce qui est normal, mais personne n’a quitté la salle avant la fin des discussions.
Très bientôt, vous verrez que le CDP se met en ordre de bataille pour choisir son candidat et le préparer pour la victoire en 2020.

Propos recueillis par Joachim Vokouma

Kaceto.net