Le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a officiellement lancé hier 29 mars 2019 les activités de la Banque agricole du Faso (BADF), dédiée prioritairement au financement du secteur rural tout en restant ouverte aux autres secteurs de l’économie nationale.
Le premier défi de l’équipe dirigeante de cette banque : lui conjurer le spectre de la BACB !

Selon le président du conseil d’administration de la BADF, Mamadou Sérémé, la nouvelle banque a pour vocation première d’être la banque de financement de l’agriculture au Burkina mais, elle se positionne aussi pour assurer sa rentabilité et sa pérennité comme une banque universelle moderne au service de tous les Burkinabè des campagnes et des villes. "Le monde rural regroupe 80% de la population et participe pour une part importante à la formation du Produit intérieur brut (PIB)", a t-il déclaré. Cependant, a ajouté, "seulement 15% des producteurs bénéficient de crédits bancaires. C’est pourquoi cette banque est venue à point nommé", puisqu’elle est dédiée prioritairement au financement du secteur rural tout en restant ouverte aussi aux autres secteurs de l’économie nationale.
Dotée d’un capital de 14 277 570 000 francs CFA, qui est détenu par l’Etat burkinabè et ses démembrements, des organisations professionnelles du monde rural, d’entreprises privées et de particuliers burkinabè, la BADF a pour objectif majeur de "rendre les services financiers accessibles au plus grand nombre de Burkinabè en milieu rural comme en ville partout au Burkina Faso", a indiqué le PCA.
En plus du siège de la banque qui est à Ouagadougou, il est prévu l’ouverture de deux autres agences respectivement à Bobo-Dioulasso en mai prochain et à Dédougou en septembre de l’année en cours.

Le chef de l’Etat, Roch Kaboré, qui a ouvert un compte dans les livres de la banque, souhaite que cette banque permette aux paysans et aux éleveurs de pouvoir avoir des financements pour, non seulement s’équiper, mais également développer leurs activités. « J’espère que cette banque en se développant dans l’ensemble des provinces va créer la confiance qui permettra au monde rural de savoir que c’est leur
instrument. Ils vont déposer leur argent, ils vont demander des crédits et ils seront accompagnés dans cette activité. Ce que nous pouvons souhaiter, c’est vraiment que le management réponde avec efficacité aux atteintes des populations et surtout du monde rural », a t-il confié.
Le ministre de l’Economie, des Finances et du Développement, Lassané Kaboré, autorité de tutelle technique de la BADF également présent à la cérémonie a salué la volonté du président du Faso de créer un modèle économique nouveau, en mettant le monde rural au cœur des politiques publiques.
En lançant cette nouvelle institution bancaire, le président du Faso respecte non seulement une promesse de campagne, mais ouvre de nouvelles perspectives pour le monde rural. Le PCA de BADF l’a rappelé : alors que l’agriculture occupe 80% de la population, seulement 15% des producteurs ont accès au crédit. Une absurdité !
D’autant que l’émergence économique dont on rêve passe d’abord par l’autosuffisance alimentaire. Pas la sécurité alimentaire. Or, selon les statistiques du Plan national de développement économique et social (PNDES), la production céréalière augmente de 2% par an sur depuis 2011 avec un un accroissement moyen du PIB agricole de 1,8% l’an. Résultat, la pauvreté frappe plus nos compatriotes du milieu rural, 47,5% en 2014 contre 13,6% en milieu urbain. Pis, "la pauvreté rurale contribue à 92 % à l’incidence de la pauvreté : 9 personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté sur 10 vivent en milieu rural. La baisse de la pauvreté entre 2009 et 2014 a été plus dynamique en milieu urbain (11,6 points) qu’en milieu rural (7,1 points). Cela traduit implicitement que la croissance économique a été plus profitable aux urbains qu’aux ruraux", lit-on dans le PNDES.

Les causes des contre performances enregistrées dans le secteur agricole depuis des décennies sont connues : aléas climatiques, faible durabilité du système agricole, faible niveau d’équipement des exploitations agricoles, faible niveau d’accès au crédit agricole, peu de transformation et commercialisation des productions nationales.
Des écueils qui pourraient être comblés par une modernisation de l’agriculture grâce à un accès plus souple aux crédits.
La création de la BABF suscite bien des espoirs. Reste à l’équipe en charge de sa gestion de la gérer selon les standards de bonne gouvernance et lui éviter de connaitre le même sort que la défunte Banque agricole et commerciale du Burkina (BACB). Victime d’une gouvernance hasardeuse, elle a finalement été vendue à ECOBANK en 2008 pour de 8,550 milliards F CFA. Son directeur général s’appelait Léonce Koné, actuellement jugé pour son rôle supposé dans le putsch de septembre 2015.

Frédéric Tianhoun et Joachim Vokouma
Kaceto.net