Elu le 24 février dernier avec 58,26% des suffrages, le président sénégalais Macky Sall a prêté serment hier 2 avril pour un nouveau mandat lors d’une cérémonie en présence de 18 chefs d’Etats dont le burkinabè Roch Marc Christian Kaboré. Dans son discours, il s’est dit ouvert "au dialogue sans exclusive, constructif et ouvert à toutes les forces vives du pays : forces politiques, économiques et sociales."
Faisant le bilan de son premier mandat, il a cité les réalisations entrant dans la mise en oeuvre du Plan Sénégal émergent, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation, des infrastructures, de la formation professionnelle et des actions menées en faveur de la promotion du Genre. Il a indiqué que la priorité de ce nouveau mandat portera sur la jeunesse par le soutien à la création d’entreprise, le renforcement des capacités et l’accès aux crédits pour le financement des start-up.
Modernisation de la fonction publique pour la rendre plus performante par la dématérialisation de certaines procédures administratives, lutte contre la pollution, préservation de l’environnement, politique de l’habitat par la construction de 100 000 logements sur 5 ans, modernisation de l’agriculture en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, etc., ce sont entre autres, les points centraux de son discours que nous vous proposons en intégralité ci-contre.

Kaceto.net

Avant tout propos, je tiens à vous saluer, mes chers frères et sœur, Chefs d’Etat africains, et vous remercier chaleureusement, pour l’amitié et l’honneur que vous nous faites, en rehaussant cette cérémonie d’investiture de votre présence.
Merci à vous, Présidents DENIS SASSOU NGUESSO, PAUL KAGAME, FAURE GNASSINGBE, MOHAMED OULD ABDEL AZIZ, ALPHA CONDE, MAHAMADOU ISSOUFOU, ALASSANE OUATTARA, JORGE CARLOS FONSECA, IBRAHIM BOUBACAR KEÏTA, JOSE MARIO VAZ, MUHAMMADU BUHARI, ROCH MARC CHRISTIAN KABORE, ADAMA BARROW, GEORGE WEAH, JULIUS MAADA BIO, SAHLE-WORK ZEWDE, ANDRY RAJOELINA et FELIX TSHISEKEDI.
Fidèle à l’attachement panafricaniste du Sénégal, je me réjouis de poursuivre, avec vous, nos efforts communs pour la paix, la sécurité, la stabilité et l’intégration africaine.
Je remercie tous les pays amis et Institutions partenaires qui ont envoyé des délégations à l’occasion de cette cérémonie, ainsi que tous nos invités ici présents.
Au nom du peuple sénégalais et en mon nom personnel, je vous souhaite la bienvenue et un agréable séjour parmi nous.
Monsieur le Président du Conseil constitutionnel, je voudrais vous remercier, ainsi que les membres du Conseil, pour vos félicitations et vos propos aimables.
Le 24 février dernier, les citoyens sénégalais se sont massivement rendus aux urnes, avec un taux de participation de 66,23%, pour choisir, dans le calme et la sérénité, leur futur Président de la République.
Les observateurs nationaux et internationaux ont salué à l’unanimité la bonne organisation du scrutin et attesté que le vote a été libre et transparent. Le mérite en revient au peuple sénégalais.
Je rends grâce à Dieu. Je réitère ma profonde gratitude aux concitoyennes et concitoyens qui m’ont renouvelé leur confiance à une majorité confortable de 58,26%.
Je ressens dans cette confiance renouvelée un honneur pour le bilan qu’elle approuve, et une motivation à poursuivre mes efforts pour répondre aux espérances de la Nation.
Je pense aussi aux compatriotes qui ont exprimé d’autres choix. Ces voix, comme celles de la majorité, méritent le respect pour la diversité qu’elles apportent à notre expérience démocratique.
Je dois reconnaissance et gratitude à ma famille, pour son soutien et sa patience qui me donnent la force et la quiétude de me consacrer aux servitudes de l’Etat.
En vertu du serment que je viens de prêter, je serai le Président de toutes les sénégalaises et de tous les Sénégalais.
Je renouvelle, par conséquent, mon appel au dialogue sans exclusive ; un dialogue constructif et ouvert à toutes les forces vives du pays ; forces politiques, économiques et sociales.
A la tête de l’Etat, je mesure pleinement la responsabilité et la gravité de la charge. Elle rappelle, cette charge, que la démocratie et la République consacrent l’égale dignité des citoyens ; et que le mandat électif n’établit aucun privilège au profit du mandataire sur les mandants, mais plutôt une mission au service du bien commun.
Il s’agit de servir et non de se servir. C’est donc avec humilité et détermination que je me remets au service du peuple sénégalais.
Au cours des sept dernières années, je me suis pleinement consacré à l’avènement d’un Sénégal pour tous, à travers le Plan Sénégal Emergent, et en mettant en place des politiques publiques fondées sur l’équité territoriale et la justice sociale.
Ainsi, nous avons amélioré les performances de notre économie, grâce à l’assainissement des finances publiques, et des réformes hardies en matière de gouvernance.
Nous avons réalisé des infrastructures structurantes, redressé le secteur de l’énergie, désenclavé des zones isolées et apporté des services sociaux de base dans des localités jusque-là défavorisées.
Nous avons élargi les cartes sanitaire, scolaire et universitaire de notre pays, et amélioré la condition de l’enseignant et de l’étudiant.
Nous avons amorcé le processus de modernisation de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage. L’autosuffisance alimentaire est désormais à notre portée.
Nous avons mis en place des instruments novateurs d’inclusion sociale et d’équité territoriale, notamment : le Programme d’Urgence de Développement Communautaire, le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers, les Programmes de Modernisation des Villes et des Cités religieuses, les Bourses de Sécurité familiale, la Couverture Maladie universelle et les Cartes d’Egalité des chances pour les personnes vivant avec un handicap.
Voilà un aperçu du bilan que le peuple sénégalais souverain a positivement sanctionné le 24 février 2019.
<img6285|left
Nos acquis sont indéniables et seront renforcés par la mise en œuvre de la deuxième phase du PSE qui porte sur la période 2019-2024.
En même temps, je suis conscient des défis devant nous ; parce que j’ai le Sénégal au cœur.
Du fin fond de nos campagnes aux confins de nos cités, je ressens toutes les pulsions de notre pays, dont celles, ardentes et chaleureuses de notre jeunesse.
Pour la séquence que nous ouvrons aujourd’hui, cette jeunesse, vibrante et créative, qui incarne l’espoir et la force vitale de la nation sénégalaise, restera au premier rang de mes priorités.
En conséquence, des efforts encore plus soutenus seront consacrés à l’emploi et à l’employabilité des jeunes.
Je poursuivrai la réforme de notre système éducatif afin qu’à tous les niveaux, il ouvre davantage de possibilités à la formation professionnelle.
Je renforcerai par conséquent les initiatives et programmes dédiés à l’apprentissage aux métiers et à l’esprit d’entreprise, comme la Formation-Ecole-Entreprise en collaboration avec le secteur privé, la Délégation à l’Entreprenariat Rapide des femmes et des jeunes (DER) et l’Office national de Formation professionnelle.
De même, le réseau des Centres de formation professionnelle et technique sera étendu, à raison d’un Centre au moins dans chacun de nos 45 Départements. La DER et le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires soutiendront davantage les jeunes créateurs de start ups, en particulier dans l’économie numérique.
Je porterai également une attention particulière aux politiques publiques en faveur des femmes et des filles.
Toujours à la tâche, dans nos villes comme dans nos campagnes, les femmes sont des héroïnes au quotidien. Nous ne pourrons pas avancer sur la voie du développement en laissant derrière plus de la moitié de notre société : nos mères, nos épouses, nos sœurs et nos filles.
Toutes les initiatives de soutien à l’amélioration de la condition féminine seront par conséquent maintenues et renforcées.
Je pense aux facilités en matière de soins de santé pour la femme et les enfants à bas âge, aux équipements d’allègement des travaux pour les femmes, au financement de la DER, au Fonds d’Impulsion de la Microfinance, au nouveau Fonds de Promotion de la Microfinance Islamique (PROMISE) et à la construction de nouveaux Centres d’Assistance et de Formation dédiés aux femmes et aux jeunes filles.
La troisième priorité que je compte mettre en œuvre tient à l’amélioration de notre cadre de vie, à la promotion d’un habitat décent pour tous et à la sauvegarde de notre environnement.
Il y a urgence à mettre fin à l’encombrement urbain, à l’insalubrité, aux occupations illégales de l’espace public et aux constructions anarchiques dans des zones inondables comme le Technopôle de Dakar.
J’appelle à une mobilisation générale pour forger l’image d’un nouveau Sénégal ; un Sénégal plus propre dans ses quartiers, plus propre dans ses villages, plus propre dans ses villes ; en un mot un Sénégal « Zéro déchet ».
Je ferai prendre sans délai des mesures vigoureuses dans ce sens. J’y engage aussi les autorités territoriales et locales, ainsi que les mouvements associatifs et citoyens.
S’agissant de l’habitat, je lancerai un vaste programme pour la construction de 100 000 logements sur cinq ans, afin que progressivement, chaque famille sénégalaise, quels que soient ses revenus, puisse accéder à un logement décent, à un coût accessible.
La protection de notre environnement reste un défi majeur de notre temps.
J’ai initié le PSE vert, pour consacrer plus d’efforts à la sauvegarde de notre écosystème, par le reboisement et une lutte plus ferme contre la déforestation et la spéculation foncière autour des zones humides et celles à vocation agricole, notamment les Niayes.

Outre sa beauté naturelle, la zone des Niayes est un maillon essentiel de notre chaîne alimentaire. Elle contribue à nourrir la nation et à générer des recettes d’exportation.
Je voudrais dire solennellement que je ne laisserai pas la frénésie de la spéculation foncière détruire cette zone d’intérêt vital pour les producteurs agricoles et la nation tout entière.

Je veillerai personnellement à la protection des zones à vocation agricole sur l’étendue du territoire national.
En même temps, dans le processus d’aménagement des nouvelles zones urbaines de Diamniadio et du Lac Rose, je réitère l’attention particulière que j’accorde à la préservation de l’écosystème, en particulier la conservation du baobab, emblème de notre pays.
La réforme de l’administration est la quatrième priorité que je compte mettre en œuvre pour soutenir nos efforts vers l’émergence et le développement.
Notre administration, ancienne et rompue à la tâche, est l’épine dorsale de l’Etat. Elle en assure la stabilité et la continuité au-delà des changements de gouvernements et de régimes.
Je sais, et je m’en félicite, qu’elle recèle de ressources humaines de qualité, dévouées corps et âme à la bonne marche du service public. Tout cela est appréciable. Mais nous pouvons faire mieux.
Notre administration doit épouser les réalités de son temps et s’adapter à ses missions devenues plus nombreuses, plus diversifiées, plus complexes et donc plus exigeantes.
Or, dans bien des cas, trop de routine, trop de lenteurs, trop de procédures et de formalités indues continuent d’altérer l’efficacité du service public et la compétitivité de notre économie.
Dans la nouvelle dynamique que je compte imprimer à la conduite des affaires publiques, j’ai la ferme intention d’inscrire toutes les actions de l’Etat en mode fast track. Nous l’avons déjà réussi pour des projets et initiatives majeurs. Il nous faut généraliser ces meilleures pratiques.
Quand on aspire à l’émergence et qu’on est tenu par l’impératif du résultat, l’urgence des tâches à accomplir requiert de la diligence dans le travail. Ce qui doit être fait aujourd’hui ne peut être remis à demain. Voilà le cap que j’entends fixer aux équipes qui m’accompagneront dans ce nouvel élan de réformes transformatives.
En tant qu’usagers du service public, nous attendons tous de l’administration qu’elle soit plus accueillante à notre endroit, plus diligente dans son fonctionnement et plus performante dans ses résultats.
J’engagerai donc sans tarder des réformes en profondeur, visant à simplifier et rationaliser nos structures, réformer nos textes là où c’est nécessaire, et dématérialiser davantage nos procédures et formalités administratives.
Dans la continuité du Forum national de l’administration tenu en avril 2016, il s’agit de moderniser davantage notre système administratif de façon à ce qu’il réponde mieux à ses missions régaliennes de service public et de développement.
J’appelle chaque agent de l’administration à être un acteur et un partenaire de cette mutation qualitative.
Dans le même esprit, je compte saisir l’Assemblée nationale afin qu’elle accompagne les changements dans la gouvernance de l’exécutif pour un meilleur suivi des politiques publiques.
Pour ce chantier et pour d’autres, l’ardeur de la tâche ne doit jamais tempérer notre détermination à explorer de nouveaux horizons pour mener notre pays vers plus de progrès et de prospérité.
Telle est la finalité que j’assigne à notre ambition collective de réaliser le Sénégal de tous, le Sénégal pour tous.
Ensemble, mes chers compatriotes, ayons la confiance qui féconde l’action et le résultat.
Ensemble, gardons à l’esprit que cette nation qui nous rassemble sous son ombre protectrice est beaucoup plus grande que la somme de toutes nos ambitions réunies.
Ensemble, restons dans le temps de l’action et continuons notre marche résolue vers le Sénégal émergent.
Ensemble, dans un monde de turbulences et d’incertitudes, restons fidèles aux générations passées et dignes des générations futures, en maintenant notre cher pays dans les eaux calmes de la paix, de la stabilité et du développement solidaire et inclusif.
Notre histoire commune nous le commande.
Notre destin partagé nous le demande.
Madame, Messieurs les Chefs d’Etat, Vice-Président, et Chefs de gouvernement,
Mesdames les Premières dames,
Mesdames, Messieurs les Chefs de délégations,
Mesdames Messieurs,
Je vous remercie de votre aimable attention.

Macky Sall, président de la république du Sénégal
Kaceto.net