Acté depuis 2018, grâce à un amendement apporté au code électoral par l’Assemblée nationale, le vote des Burkinabè de l’étranger est désormais dans la ligne de mire des différents états-majors politiques. Chacun tente à sa manière de capter leurs voix. Avec plus ou moins de succès dans la stratégie.

Ils ont pris leur avion pour se lancer à la conquête d’un électorat de choix : les Burkinabè de l’étranger, désormais autorisés à prendre part aux élections à venir.
Eux, ce sont Zéphirin Diabré, le Chef de file de l’opposition politique, Eddie Komboïgo, le président du CDP, l’ancien parti au pouvoir pro-Compaoré et Simon Compaoré, le président par intérim du MPP, le parti au pouvoir. Au programme de leurs tournées : Sénégal, Canada, USA, etc., autant dire des destinations de choix pour tester les réflexes d’une campagne qui risque d’être particulièrement relevée.
Du tourisme électoral ? Une chose est sûre, ces leaders et chefs de partis vont officiellement à la rencontre de leurs militants. Tous emboîtent ainsi le pas au Chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré qui ne rate aucune occasion, à chacune de ses différents voyages hors du pays, d’aller échanger avec les Burkinabè qui vivent loin de leur pays.
Pour une fois qu’ils ont donc obtenu le droit de vote, on peut deviner aisément que les Burkinabè de l’étranger vont se mobiliser en masse. En tout cas, pour ceux qui seront dans les conditions d’exercer leur droit de vote, ce sera une occasion historique. D’où l’intérêt particulier qu’ils suscitent de la part des différentes formations politiques. Sauf qu’à ce jeu, seuls les partis disposant d’une forte assise financière pourront s’offrir dans les faits, cette occasion d’aller à la pêche aux voix à l’international.

Politique des vaches maigres

Au Burkina Faso, 156 partis et formations politiques étaient officiellement recensés en mars 2019, mais la grande majorité d’entre eux souffrent d’un manque de moyens matériels et financiers. Comme le souligne un de ses leaders, le député pro-majorité, Laurent Bado, les militants ne cotisent pas et le parti est bien souvent obligé de survivre grâce à la poche de son président ou de son fondateur.
Quid alors des subventions publiques ? Elles ne profitent généralement qu’aux grandes formations politiques qui se taillent la part du lion, ne laissant aux autres que l’écho de leurs complaintes.
Au moins sur ce point, note un observateur averti de la scène politique locale, la décantation se fera probablement d’elle-même. Pour lui, certaines formations politiques semblent avoir fait le pari audacieux de la débauche de moyens. Ce qui, dans leur entendement, devrait leur donner une longueur d’avance sur les autres.
Les Burkinabè de l’étranger seront-ils alors plus sensibles à ceux des partis qui se donneront la peine d’aller vers eux où préféreront-ils au contraire mettre tous les partis politiques sur un pied d’égalité en dépit de la différence moyens et de stratégie ? Toutes les options sont possibles.

Juvénal Somé
Kaceto.net