Attaques terroristes sans répit contre le Burkina depuis quatre ans, violences inter-communautaires, menace sur l’unité nationale, etc.
Pour conjurer le spectre d’un effondrement de la nation burkinabè en construction, cent personnalités tirent la sonnette d’alarame

Ils se définissent comme des citoyens "épris de paix et d’amour pour leur pays". Inquiets de la situation que connait le Burkina depuis quatre ans avec des risques d’une rupture de la paix sociale et du vivre ensemble, un groupe de Burkinabè se sont résolus à tirer la sonnette d’alarme d’autant que, estiment-ils, la réaction des autorités n’est pas à la hauteur de la menace qui plane sur le pays.
Venant d’horizons divers (avocats, professeurs, hommes de culture, sportifs, artistes, hommes politiques, etc.), cent personnalités (100) lancent donc "l’Appel de Manéga" afin d’éviter que des conflits inter-communautaires et inter-ethniques ne précipitent "l’effondrement du Burkina". C’est la substance de la conférence de presse animée le 29 mai dernier à l’hôtel Amiso par le comité de "l’Appel de Manéga".
Face à la presse, notre confrère Lookman Sawadogo, le gestionnaire et chroniqueur média Evariste Konsimbo et le politologue Siaka Coulibaly ont annoncé que "l’Appel de Manéga" sera officiellement lancé le 8 juin prochain à Manéga, une commune rurale de la province de l’Oubritenga.

Situé à une cinquantaine de kilomètres de Ouagadougou, Manéga est le village d’origine de l’avocat et homme de culture, Maître Pacéré Frédéric Titenga, connu pour abriter "le temple de la culture africaine", un musée où sont conservées des pièces rares de la culture principalement moaga, et d’autres expressions culturelles burkinabè et africaines. C’est aussi à Manéga "que se trouve la neuvième réplique sur les dix existant au monde, de la Dalle du Trocadéro ou Dalle de la paix à l’honneur des victimes de la misère initiée par le Père Joseph Wresinski", précise le comité de l’Appel.
Pourquoi cent personnalités ? Parce que le chiffre correspond aux 100 ans de la création de la colonie de la Haute-Volta devenue Burkina Faso et qu’il renferme la totalité des ethnies (60) et des confessions religieuses qui coexistent dans la nation burkinabè en construction.
Sur les critères du choix des personnalités appelées à signer "l’Appel de Manéga", les animateurs de la conférence de presse se veulent précis : "L’Appel sera porté par des personnalités jouissant d’une influence dans la société et leur milieu" et doivent "faire montre de valeurs de probité, d’exemplarité, d’intégralité, d’honnêteté, du sens du sacrifice et du don de soi, de la rigueur, de la compétence, d’ouverture d’esprit, etc."
Le Comité a placé la barre très haut. Il ne suffit pas d’être influent sur une partie de la composante nationale pour avoir le privilège d’apposer sa signature au bas du document. Sur la liste ne figureront que les "meilleurs" Burkinabè, autrement dit, ceux qui incarnent l’esprit absolu burkinabè.

Joachim Vokouma
Kaceto.net