Le mardi 18 juin 2019, s’est tenue au sein de l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) à Ouagadougou, une soutenance de thèse de Doctorat unique en sociologie. Défendu avec brio par Zoubere Dialla et sanctionnée par la mention « très honorable », le travail a porté sur le thème : "Affectation des espaces à l’usage public au Burkina Faso. Légitimation et protestations sociales à Donsin".

Après trois années de dur labeur, Zoubere Dialla, doctorant en Sociologie à l’Université Joseph KI-ZERBO (UJKZ) de Ouagadougou, a donc vu ses travaux de recherches de fin d’études validés par le jury de soutenance de thèse de Doctorat unique commis à cet effet. Celui-ci était présidé pour la circonstance, par le Professeur (titulaire) André Soubeiga, de l’Université Joseph KI-Zerbo. Il avait à ses côtés, Boureima Ouédraogo, Maître de conférences, UJKZ, Directeur de thèse, Rigobert Dossou, Professeur titulaire à l’Université d’Abomey Calavi (Bénin), Rapporteur et enfin, Ali Sangaré, Maître de recherche à l’INSS/CNRST (Burkina Faso), membre.
Plus d’une heure durant, l’impétrant s’est défendu. Il a d’abord présenté le fruit de son travail avant de se soumettre aux observations et remarques faites à ce sujet. Après quoi, il a répondu aux questions qui lui ont été posées.

Mécontentements, frustrations et protestations sociales

Des éléments explicatifs livrés au cours de la soutenance publique, il ressort que l’intérêt du sujet se justifie par plusieurs constatations. En premier lieu, le fait que la constitution des espaces publics au moyen de l’expropriation pour cause d’utilité publique (ECUP) au Burkina Faso, en vue de l’implantation d’infrastructures publiques, ne se fait pas sans accroc. Bien au contraire, elle s’accompagne de protestations sociales.

Dans le cas précis de Donsin, ces protestations sociales sont intervenues en dépit du fait que des ententes à l’expropriation et à la réinstallation avaient été préalablement formulées et convenues entre les personnes visées et les représentants de l’Etat. Polluant ainsi l’atmosphère autour du projet de construction du nouvel aéroport, présenté pourtant à ses débuts par les autorités, comme devant être un modèle de référence, au niveau de la gestion de son volet social.
Les grands enseignements livrés par cette thèse, montrent ainsi que des ententes préalables ne suffisent pas, à elles seules, à éviter la survenue de conflit ultérieur. D’où la nécessité de mieux les formuler (ces ententes) tout en mettant un accent particulier sur la qualité de la participation publique et la négociation sociale, qui constituent des éléments déterminants par rapport à l’occurrence de la protestation sociale.
En effet, quelle que puisse être la pertinence des instruments de légitimation, leur efficacité demeure fortement liée à la question du jeu des acteurs, ainsi qu’aux éléments institutionnels qui s’y rattachent. Quant à la réflexivité des personnes réinstallées, laquelle se renforce avec le temps et l’expérience de la réinstallation, elle peut conduire à une requalification de ces ententes préalables.
Enfin, l’on peut noter une donnée importante selon laquelle, plus le temps de l’indemnisation et de la mise en œuvre des mesures d’accompagnement au processus de réinstallation s’allonge, et plus les frustrations sociales prennent de l’ampleur et peuvent générer des protestations des personnes réinstallées.
Pour le chercheur, des pistes existent toutefois pour la réduction des risques de protestations sociales dans les processus d’expropriation et de réinstallation. Il propose à cet effet, aux pouvoirs publics notamment, d’actionner deux leviers : celui des moyens de légitimation de la réinstallation et celui du temps de l’indemnisation.
Dans le premier cas, il s’agit d’œuvrer à une participation pleine et entière des acteurs sociaux qui doivent être perçus, acceptés et traités comme des partenaires à part entière.
Dans le second cas, c’est une exigence de transparence pour toutes les parties qui est recommandée. Cela, afin de réduire le déséquilibre qui apparaît au moment des négociations entre acteurs. Des institutions indépendantes devraient ainsi jouer le rôle d’arbitre entre ces deux acteurs, tout au long du processus d’expropriation et d’indemnisation.

Juvénal Somé
Kaceto.net