Marié et père d’une fille, Mamoudou Barry a été victime, vendredi 19 juillet, d’une agression verbale puis physique d’une extrême violence, qualifiée de « raciste » par ses proches.

Une enquête a été ouverte en France après la mort d’un universitaire guinéen, mortellement agressé vendredi soir près de Rouen, peu avant la finale de la Coupe d’Afrique des Nations, a-t-on appris dimanche de sources concordantes.
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« Tout est mis en oeuvre pour identifier et interpeller l’auteur de l’agression (...). Il appartiendra à la Justice de faire toute la lumière sur cet acte odieux », a écrit sur Twitter le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. « Mes premières pensées vont à ses proches dont je partage l’émotion et l’indignation ».

De sources policières, Mamoudou Barry, 31 ans, a été agressé à Canteleu, dans la banlieue de Rouen. Pris en charge par les secours, il a été hospitalisé à Rouen, où il est mort samedi. Selon la presse guinéenne, le jeune homme a été agressé par des supporters de l’Algérie, qui affrontait le Sénégal en finale de la CAN 2019. « Les investigations sont en cours. Les auditions et vérifications devraient permettre de préciser le déroulement des faits », a indiqué le procureur de Rouen Pascal Prache dans un message à l’AFP.
Mamoudou Barry était chercheur à l’université de Rouen, a-t-on appris auprès de l’établissement. Il venait de soutenir une thèse de droit sur les « Politiques fiscales et douanières en matière d’investissements étrangers en Afrique francophone » le 27 juin à Rouen, d’après le site de l’université.
Une agression qualifiée de « raciste »

Marié et père d’une fille, il a été « victime d’une agression verbale puis physique d’une extrême violence qui lui ont causé des lésions cérébrales et l’ont mis dans un coma profond dès la soirée du 19 juillet », selon l’université. L’agression a été qualifiée de « raciste » par ses proches.
Mamoudou Barry rentrait chez lui en voiture avec son épouse vendredi vers 20H30, a raconté à l’AFP Kalil Aissata Kéita, enseignant chercheur à l’université de Rouen, lui aussi Guinéen et « ami proche » de la victime. « L’agresseur les a pointés du doigt et a dit : ’’Vous les sales noirs, on va vous niquer ce soir" », a relaté Kalil Aissata Kéita. L’agresseur était « de type maghrébin » mais « on ne sait pas si c’est un Algérien », a-t-il précisé. Mamoudou Barry serait descendu de sa voiture pour demander des explications à son agresseur qui l’aurait alors roué de coups. L’agression a été filmée par des caméras de vidéosurveillance et s’est déroulée devant plusieurs témoins, selon son ami, pour qui « la police a pris l’affaire à bras-le-corps ».
Il a ouvert une cagnotte en ligne avec des amis pour aider au rapatriement du corps de Mamoudou Barry en Guinée et « accompagner sa femme et sa fille ». « Débordant de projets, il forçait, par son travail, l’admiration de ses collègues et de ses étudiants », a réagi Joël Alexandre, président de l’Université de Rouen-Normandie, dans un communiqué. « Nous souhaitons que toute la lumière soit faite sur les circonstances du drame ».
« L’enquête doit nous apporter toutes les réponses et mettre ses agresseurs face à leurs responsabilités. Nous le devons à sa femme et son enfant », a commenté sur Twitter la députée LREM de Paris Laetitia Avia, elle-même cible constante de propos racistes sur les réseaux sociaux. « Scandalisé par ce crime barbare et l’incompréhensible silence médiatique ! », a réagi pour sa part le député LR Éric Ciotti.

Le Figaro avec AFP