Le Burkina Faso et le Mali traversent une crise socio-politico-sécuritaire sans précédent. Ces dernières années, nous sommes quasi-quotidiennement bombardés de
« bad news » concernant ces deux pays frères et voisins.
Comme une image parle plus que mille mots, je voudrais partager avec les fidèles lecteurs de KACETO.NET ce graphique ci-après. Il montre l’évolution d’un « indicateur crisémique » que je m’efforce de construire. Cet indicateur permet de capturer et de quantifier la présence de « crisèmes » dans les titres d’articles de presse en ligne. Il dit quelque chose des représentations médiatiques associées à nos deux pays ces
temps-ci.

Pour rappel, car je l’ai déjà écrit sur KACETO.NET ; les « crisèmes » sont des mots, des unités de sens « crisique » (Morin, 1976). Ils réfèrent à des situations de tensions ou de crises affectant différents champs : celui de la stabilité de l’Etat et du gouvernement (coups d’Etat, révolutions, rebellions, crise de gouvernement, modifications constitutionnelles…) ; celui de la stabilité sociale (guerre civile ou interethnique, terrorisme et extrémisme religieux, racisme et nationalisme, tensions sociales, émeutes, grèves…) ; celui de la violence politique pure (assassinats politiques, purges et autres violences politiques, manifestations politiques…) ; celui de la situation sécuritaire interne (banditisme et autres insécurités quotidiennes…) ; celui de la situation sanitaire (maladies infectieuses, épidémies… HIV/Sida, Ebola, dengue…), celui de la consommation (famine, vie chère et autres pénuries aigües de produits, services et ressources de base…) ; celui de la situation économique et financière (crises économico-financières…), etc.

Du graphique ci-dessus qui montre l’évolution de mon indicateur « crisémique » sur une décennie (1er janvier 2010 - 30 spetembre 2019), je voudrais attirer l’attention sur deux points qui me paraissent significatifs :
  Depuis la guerre de 2012 et l’intervention militaire française, nous observons une sorte de faux plat de l’évolution de l’indicateur crisémique, car il se « stabilise » à un niveau qui reste très élevé. Faux positif donc !
  Pour le Burkina Faso, l’indicateur crisémique ne cesse de croître depuis 2014, de façon quasi-linéaire, dépassant même le Mali en 2019 (les courbes se croisent et s’inversent). Soulignons que si en 2014-2015, la crise était essentiellement socio-politique (insurrection populaire, coup d’état), à partir de 2016, s’est installée une crise purement sécuritaire en apparence (attaques terroristes répétées plongeant le pays dans une guerre non classique, asymétrique).

Source citée : Morin E., « Pour une crisologie », Communications, n°25, 1976, pp.149-163)

Ousmane SAWADOGO, expert en Text Mining
Kaceto.net.