Depuis quelques semaines, une affaire de trading défraie la chronique dans les milieux d’affaires au Burkina Faso. Avec en toile de fond, des accusations portées contre Coris Bank International, accusée via les réseaux sociaux, à tort où à raison, de porter atteinte aux intérêts de certains particuliers. Qu’en est-il exactement ?

X est fonctionnaire et travaille dans l’administration publique. Pour lui, le trading serait devenu le nouveau filon à exploiter. Et il ne s’en cache pas. Il affirme sous le sceau de l’anonymat avoir rencontré des personnes qui se sont lancées avec succès dans ce business florissant. Lequel consiste à placer son argent sur les marchés financiers et à en récolter ensuite les profits, selon les fluctuations. A condition bien évidemment que l’affaire marche et que lesdits placements s’avèrent effectivement rentables. Ce qui semble être le cas en ce moment, selon notre interlocuteur.
Un de ses proches, dit-il, a ainsi placé une somme de 5 millions FCFA et en aurait ensuite récolté plus du double en l’espace de quelques semaines. Un autre serait dans la même situation et surfe en ce moment sur des montants plus élevés. Lesquels avoisinent si l’on croit ses propos, les dizaines de millions FCFA. Au point, précise-t-il, que ce dernier a décidé d’en faire son activité à temps plein et donc sa principale source de revenus. Notre interlocuteur lui-même affirme envisager sérieusement d’en faire autant.
Dans un contexte d’incertitudes sécuritaire et de difficultés d’obtention de crédits par les canaux classiques, les placements d’argent sont donc entrain de se faire lentement mais sûrement leur place dans le paysage économique national au Burkina Faso. De plus en plus l’on assiste à l’émergence de coachs spécialisés en placements financiers ou en crypto monnaie. Ce qui montre qu’il y a de l’intérêt pour l’affaire.

Désaccord

Les banques ont-elles pris ombrage de cette nouvelle concurrence qui s’annonce ? Certains en sont convaincus. Pour eux, les polémiques concernant la pratique du trading seraient liées à cela.
Il est question dans la polémique en cours, d’un client d’une banque de Coris Bank International qui aurait tenté avec un succès, un premier placement de plusieurs centaines de millions CFA. Pour ensuite décider de retirer purement et simplement son argent qu’il avait, selon ses mêmes sources, mis en DAT. Ce que constatant, les responsables de la banque ont donc décidé de prendre les devants, en tentant de faire barrage à la manœuvre.
Vrai ou faux, toujours est-il qu’une frange de la population se dit convaincue qu’il n’y a pas de fumée sans feu, en tout cas, pour ceux et celles que nous avons pu contacter afin de tenter de démêler les chevaux de la discorde.
Quoi qu’il en soit cette nouvelle affaire n’est pas sans rappeler une autre : celle des tontines d’argent entre particuliers. Le régime COMPAORE avait tenté d’y mettre un terme, au motif que cela faisait de la concurrence déloyale aux banques et établissements financiers. Mais le problème qui demeure cependant, c’est que ces derniers, les banques et établissements financiers, ne jouissent pas de la meilleure image auprès de l’opinion. En témoigne le taux de bancarisation encore très faible dans la zone UEMOA, moins de 20%.
Les banques classiques, en dépit des rappels à l’ordre de la BCEAO, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest, continuent de dormir sur des matelas d’argent tout en pratiquant des taux d’intérêts (jugés) exorbitants sur les prêts accordés à leurs clients et n’hésitant pas parfois à sortir l’artillerie lourde contre certains débiteurs insolvables ou jugés comme tels. Autant de faits qui pourraient sans doute expliquer la recherche de solutions alternatives comme celle du trading.

Juvénal Somé
Kaceto.net