C’est un rebondissement retentissant dans le feuilleton que constitue désormais la concession du terminal à conteneurs du port de Douala, avec la décision des plus hautes autorités de l’Etat de mettre un bémol au processus d’exploitation de cette infrastructure.

Dans une correspondance frappée du sceau « Confidentiel, Très Urgent », datée du 23 octobre 2019 adressée au Directeur général du Port Autonome de Douala (PAD) Cyrus Ngo’o, le Ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh agissant au nom du Président de la République instruit la « suspension de la procédure de passation de la concession du Terminal à conteneurs du Port de Douala-Bonaberi ».

« D’ordre de Monsieur le Président de la République, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir suspendre les travaux de finalisation des termes du contrat de concession, ensemble ses annexes, avec la société Terminal InvestmentLimited (TIL), adjudicataire provisoire de la concession des activités de rénovation, de modernisation, d’exploitation et de maintenance du Terminal à conteneurs du Port de Douala-Bonaberi en attendant les conclusions définitives de l’affaire Société AMP Terminals BV et Bolloré S.A contre Port Autonome de Douala portant sur la requête du Tribunal administratif du Littoral à Douala aux fins de sursis à l’exécution de la Décision N° 0006219DG/PAD du 08 janvier 2019 ».

Dans un communiqué daté du 16 septembre 2019, le Directeur général du Port autonome de Douala « informe le public que la procédure de recrutement d’un opérateur qualifié pour la rénovation, la modernisation, l’exploitation et la maintenance du Terminal à conteneur du port de Douala-Bonaberi à abouti à la sélection de la société Terminal investment limited (TIL) comme adjudicataire provisoire de la concession dudit terminal ».
Au regard de ce qui précède, et « en application de l’article 20 du règlement de constitution, les discussions de finalisation des termes du contrat de concession, ensemble ses annexes, vont débuter sans délai, dans la perspective de l’entrée en service du nouvel exploitant dudit terminal le 1er janvier 2020 » précisait Cyrus Ngo’o.

Bolloré conteste sa mise à l’écart.

Il convient de préciser que le Groupe Bolloré qui était au départ de la dizaine d’entreprises ayant soumissionné, n’a pas « compris » comment il n’a pas figuré sur la short-listconstituée de cinq groupements d’entreprises présélectionnées au terme de l’Appel international à manifestation d’intérêt (APMI) lancé en janvier 2018.

Une liste constituée de CMA Terminals, basé à Marseille en France ; la société émiratie Dubaï Port World ; le consortium Hutchison Port Investments Ltd, immatriculé aux Iles Caïmans ; la firme de droits Saoudiens Red Sea Gateway Terminal et la firme Terminal Investment Ltd, basée à Genève, en Suisse.

A peine un mois après la décision de la Direction générale du Port autonome de Douala (PAD) attribuant comme adjudicataire provisoire la rénovation, la modernisation, l’exploitation et la maintenance de cette infrastructure au Groupe italo-suisse TIL, ce dernier était accusé de vouloir procédé au licenciement de près de 500 employés.

Pour le gouvernement et les syndicats, « cette non-reprise des contrats de travail des 440 employés de DIT est porteuse de conséquences fâcheuses pour le personnel constitué à 99% de camerounais et de camerounaises ».

Selon des chiffres, entre 2005 et 2018, le Groupe Bolloré à travers sa filiale Douala international terminal (DIT) qui assure encore l’exploitation de ce terminal à conteneurs déclare avoir enregistré près de 217 % de croissance de volume en quatorze ans d’activité. Pendant la même période considérée, les trafics ont doublé passant de 174 456 EVP (Équivalent vingt pieds) à 378.758 EVP.

Par ailleurs, au cours de ces cinq dernières années précise-t-on, les investissements ont été de l’ordre de 50 milliards de FCFA.

Par Achille Mbog Pibass
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